L'usure n'explique pas tout. La stabilité émotionnelle est tout aussi importante. Le CA les accumule. Inconstance, fébrilité défensive, endurance défaillante et repli instinctif. Le CA perd quand il joue tout simplement mal. Pire, parfois, le manque d'envie est criant sur le terrain. Les joueurs ne parviennent même plus à donner le change, point de révolte face à l'enthousiasme des Ougandais. La défaite est totale et elle doit être partagée par tout le groupe, staff technique compris. Car c'est une défaite absolue, une déroute. Chiheb Ellili avait bien évidemment la mine renfrognée des mauvais jours après le match : «C'est une défaite qui fait mal, mais ça ne doit pas entamer le moral. Le match de Coupe nous attend...». Mais que dire de plus après un tel naufrage (du moins au niveau du jeu et non en rapport avec le score étriqué) ? Oui, le CA a subi la loi de Kampala. Oui, le onze clubiste ne dispose pas de joueurs « percuteurs » qui ne rechignent pas à presser et couper les lignes de transmission adverses. Le CA est attentiste et prévisible. Pour ne rien arranger, les Ougandais ont poussé le bouchon jusqu'à prendre la défense de vitesse. C'est dire ! De quoi donner un peu plus d'ampleur à la prestation des locaux. Effectivement, leur prestation a été remarquable. Mais est-ce suffisant pour expliquer l'effondrement des Clubistes ? Certainement pas. On sait depuis un moment que cette équipe tunisoise ne mène pas la danse espérée en début d'année. Alors que tout le monde prévoyait une superbe saison en championnat avec un recrutement de qualité et des joueurs qui ont atteint l'âge de la maturité. Après une bonne série, le coup de massue est intervenu avec ces défaites de rang face aux grands. Des revers qui ont mis en avant les soucis entrevus jusque-là, ça et là. Sauf que si le CA ne trouve pas la rage même face à des néophytes, il y a effectivement du souci à se faire. Est-ce que l'histoire aurait pu être foncièrement différente si le CA avait égalisé? Il reste que personne n'est dupe. Pour l'heure, la crispation s'est stigmatisée autour d'une défense prenable. Et on commence à parler très sérieusement des cas Belkhiter, Kchok et autre Tka. Même l'enfant du cru, Bilel Ifa, ne sera pas soutenu « ad vitam eternam » ! Sur ce, c'est toujours commode et facile de se retourner vers l'arrière-garde et le staff technique. Le milieu et l'attaque doivent aussi assumer. Repli instinctif ! Pour revenir au premier rideau clubiste, Une fois de plus, il a été mis à mal. Hésitations, manque d'aisance, tâtonnements, les automatismes ne sont pas huilés et les sorties de balle sont poussives. Le constat est sans appel. La charnière est seule face à ses limites et sa fébrilité. Et cela n'est pas compatible avec le rêve d'une apothéose continentale, voire l'objectif du dernier carré africain. Quand on prend des buts avec une telle platitude, c'est qu'il y a forcément quelque chose qui ne tourne pas rond. Et on a beau parler depuis quelque temps déjà, ça ne vient pas ! Il faut redoubler d'efforts, arrêter de cogiter, prendre le taureau par les cornes et le problème à bras le corps. Quant au volet tactique, Chiheb Ellili doit trouver la bonne orientation. Zone presse, transition, couverture, projection, vivacité et occupation du terrain. L'on peut palabrer longtemps sur certaines défaillances, ligne par ligne. Mais c'est surtout au niveau de l'état d'esprit que le bât blesse. Tous les joueurs doivent se remettre en question. Et surtout se poser les bonnes questions. Les cadres, principalement, paraissent parfois décontenancés. Est-ce dû à l'exigeant système mis en place par le staff technique ? La chaleur et l'altitude en Ouganda ont-ils usé à terme les organismes clubistes ? Peut-être, mais pas seulement. L'usure n'explique pas tout. La stabilité émotionnelle est tout aussi importante. Quand on ambitionne d'aller loin en Coupe de la CAF, on doit se transcender dans l'adversité, faire fi des difficultés et puiser dans ses tripes les ressources nécessaires pour ne pas lâcher prise. Ici, la responsabilité des tauliers est engagée. L'on note ainsi une certaine décompression qui touche les habituels meneurs. Au final, le CA n'a finalement pas tenu le choc contre les Ougandais de Kampala. Le représentant tunisien, qui désirait affirmer ses visées continentales à l'occasion de cette confrontation entre « ambitieux », a pris une leçon de réalisme. On n'est pas sûrs d'avoir compris ce qui s'est passé mardi après-midi. Mais commençons par ce qui est certain. Le CA n'a pas perdu le match qu'il ne fallait pas perdre. Mais il a perdu le match qu'il n'a jamais cherché à gagner ! Car quand le CA a mené, il n'a pas cherché à faire fructifier cet avantage et n'a pas pris plus de risques. Question de maîtrise, de consignes ou de repli instinctif ? Peut-être un peu de tout cela à la fois...