Le débat se poursuit encore avec la tendance du bureau fédéral à moins opter pour le huis clos. Un dilemme sportif, juridique et sécuritaire. Plus de huis clos sur nos stades ? L'info est en partie fausse. C'est que le bureau fédéral a retiré cette sanction du tableau disciplinaire. Du coup, cette sanction n'est plus automatique comme auparavant. C'est désormais au bureau fédéral de juger le bien-fondé de sanctionner un club par le huis clos en cas de violence. Pour certains, c'est une liberté accordée à la violence et aux délinquants de faire ce qu'ils veulent. Pour d'autres, qui soutiennent cette idée, le huis clos est une fatalité qui a nui aux clubs, victimes du dérapage de quelques pseudo-supporters. Ce n'est pas la solution idéale pour éradiquer ou atténuer le phénomène de violence. C'est le club seul qui en paye les frais, et c'est le spectacle qui devient pauvre, faute de public. C'est un dilemme épineux et une question qui mérite un débat et qui mérite l'intervention de certains acteurs du foot concernés par ce débat. La sécurité avant tout Ceux qui soutiennent le huis clos admettent que malgré les effets lourds de cette mesure sur les clubs, cela reste efficace du moment que la gravité des incidents a atteint un point que l'on ne peut plus risquer des vies humaines. Leur point de vue est défendable. Il est préférable de voir des stades vides que de voir une violence terrible et des vies humaines et une infrastructure mises en danger. Le risque est monstre, surtout qu'on a encore en mémoire les incidents de Port Saïd qui ont coûté la vie à 72 supporters «ahlaouis». Avec des groupes de supporters aussi ingérables et qui gagnent en moyens et en solidité, faute de punition, le huis clos est une sorte de mal nécessaire, le temps que le gouvernement trouve des solutions efficaces et à moyen terme contre la violence dans les stades. Mettre à jour les sanctions L'autre avis est tout à fait à l'opposé. Ceux qui sont contents de la levée du huis clos pensent que c'est une mesure injuste et inefficace. Cela n'a jamais servi à atténuer les événements de violence sur les stades. Le public qui commet ces actes sort indemne et intouchable après tout acte de violence, alors que c'est le club et le public, qui n'a rien commis, qui en payent les frais. Lever le huis clos du tableau disciplinaire ne veut pas dire pour autant fermer les yeux sur les actes de vandalisme ou faire comme si de rien n'était. Au lieu de sanctionner le club et le priver de revenus précieux, l'idée est de personnaliser les sanctions. Images vidéo fournies par le ministère de l'Intérieur, interdiction de stade pour tout fautif inculpé et écroué, généralisation des abonnements vendus à des personnes identifiées, filtrage strict à l'entrée des stades (parfois un grand laisser-aller devant les portes), et même ôter des points en cas de violence extrême, les idées sont là. Cela demande une ouverture sur la technologie de l'information et un contrôle strict au stade pour que la sanction soit individuelle. Culture et civisme La violence dans les stades n'est pas un phénomène sportif. C'est un phénomène social et culturel, avec une touche politique. Les groupes de supporters, qui s'entretuent et qui se livrent une bataille acharnée depuis des années, représentent une rupture irrévocable avec l'image du supporter classique que nous connaissons. Avec la dégradation des valeurs dans la société, avec aussi la culture de la haine encouragée par les dirigeants de clubs et entraîneurs affamés de résultats, la violence dépasse de loin la simple mesure du huis clos. Mais attention, risquer des vies humaines (nous sommes passés à maintes reprises à côté de drames), reste un jeu dangereux par rapport à 10.000 ou 20.000 dinars de plus dans les caisses. C'est un problème beaucoup plus compliqué.