Sauvegarder des vies humaines et contourner les événements de violence terrifiante exigent le recours à cette mesure. Mais, en revanche, cela tue le foot et le spectacle... et les clubs aussi Les intenses événements de violence qui ont surgi entre le public du CA et les forces de l'ordre, et qui ne sont pas les premiers du genre dans les stades tunisiens, ont déclenché de nouveau le débat autour du huis clos. La ministre des Sports a menacé d'appliquer cette mesure dans tous les stades avant de faire marche arrière sous l'impulsion de Wadii el Jery et du bureau fédéral qui ont sanctionné juste le public du CA. Maintenant et vu la redondance des incidents de violence (Ben Guerdane en est le dernier exemple) et que le public de quasiment tous les clubs du championnat passe à une étape de violence organisée et aussi à une étape où il défend son «impunité», le huis clos devient, entre autres, une mesure inévitable et qui peut limiter la violence et freiner cet élan terrifiant. Ceux qui la défendent ont leurs arguments solides et pensent bien que le huis clos, aussi «antipathique» qu'il soit, est quelque chose d'urgent pour remettre un peu d'ordre dans la maison. Par contre, ceux qui rejettent le recours au huis clos ont, eux aussi, leurs arguments défendables. Le huis clos est-il la meilleure solution, ou disons la solution la plus satisfaisante à ce problème de violence? Eviter le pire... Le huis clos a été décrété avant pour faire face à la violence et au dérapage du public. On se souvient qu'après la révolution, on a usé du huis clos, vu les circonstances spéciales à cette époque et la fragilité de l'appareil sécuritaire. Les stades ont été vides pendant la saison 2012 à l'exception de certains matches continentaux (un certain CA-Ezzamalek en 2011 en présence de plus de 45.000 spectateurs sans le moindre dérapage). Et puis, on a eu des stades qui se remplissaient petit à petit. Le huis clos est une ancienne arme utilisée depuis des années comme le stipulent les règlements de la FTF. Ça fait une saison que les stades ont retrouvé une bonne partie du public (local et visiteur). Mais ce qui s'est passé à Radès et avant cela à Sousse et dans d'autres stades a poussé plus d'un à pencher pour le huis clos et même pas une assistance limitée. Pour eux, sauvegarder des vies humaines et éviter des confrontations violentes et musclées entre les jeunes supporters et les forces de l'ordre sont beaucoup plus importants que le spectacle. La police et les forces de l'ordre, qui ont d'autres chantiers brûlants, ne peuvent pas être, chaque semaine, aussi sollicités et poussés à intervenir en force. Le huis clos est donc une mesure qui pousse le public à se contrôler, sinon, il sera interdit de suivre les matches de son club. Et même si une partie du public peut léser tout le public, le huis clos est une mesure assez efficace qui oblige le club à mieux encadrer son public. Au moins, des stades vides sans le risque de violence et d'affrontements pouvant mener au pire c'est mieux que des stades pleins à craquer avec la peur que ça dérape à tout moment. Solution de facilité Pour ceux qui n'aiment pas le huis clos, ils présentent deux arguments. Le premier est que cette mesure a été testée plusieurs fois avant cela et pour une longue période, mais la violence ne s'est pas arrêtée du tout. Deuxième argument, le huis clos condamne les clubs qui sont privés d'une source importante de revenus, la billetterie (même si les sommes ne sont pas colossales). Décréter le huis clos automatiquement est une solution de facilité qui lèse une bonne partie du public à cause des agissements d'une autre partie. Le huis clos tue les matches de foot, c'est une certitude. Stades vides et tristes, joueurs démotivés et des matches qui tournent en presque des tests amicaux. Ce n'est pas la solution pour éradiquer la violence des stades. Au contraire, paniquer à chaque incident et passer au huis clos ne va pas résoudre le problème. La violence, c'est un phénomène international que tous les Etats affrontent par plusieurs mesures d'ordre sécuritaire, juridique et sportif. C'est toute une approche globale qui n'a pas le huis clos dans son lexique. La sanction dans le cas de violence est individuelle et pas collective. Dans des pays comme l'Argentine ou le Brésil, la violence dans les stades est une «tradition». C'est aux forces de sécurité de trouver la solution et de filtrer les entrées aux stades. C'est aussi aux clubs de bien encadrer leur public, et c'est en général à l'Etat de ne pas paniquer et d'affronter les racines profondes de la violence. Le huis clos est un mal nécessaire ? Peut-être que dans le contexte tunisien, ça peut calmer les ardeurs à court terme, mais regardons le verre à moitié plein. On a organisé beaucoup de matches sans grabuge. Ayons le courage d'organiser l'entrée au stade et de responsabiliser les fautifs selon les lois en vigueur.