«Femmes et terrorisme», l'intitulé d'un nouveau livre qui vient d'être publié, s'ajoutant aux multiples ouvrages déjà parus, suite à la recrudescence de l'extrémisme comme un fait de société. Cosigné par l'universitaire Amel Grami et la journaliste Monia Arfaoui, ce volumineux ouvrage de 500 pages traite la question du jihadisme islamiste au féminin Présenté lors d'une conférence de presse, tenue hier matin, au Snjt à Tunis, le livre traite de l'hydre terroriste et sa forte implication dans les sociétés arabes. Le président du Snjt, Neji Bghouri, y voit un travail remarquable, réalisé sous un double regard, académique et journalistique. «C'est ainsi que le phénomène n'est ni masculin ni féminin», relève-t-il. Pour Mme Grami, cet ouvrage écrit à quatre mains représente un travail laborieux de recherche, de documentation et d'enquête sur les nouvelles questions liées au phénomène. L'idée remonte aux premiers jours post-révolution. Précisément, en février 2011, où avait eu lieu une marche à Tunis, au cours de laquelle des femmes niqabées avaient revendiqué le droit au port du niqab. «Ce fut, pour moi, l'instant provocateur, un moment de réflexion», se rappelle-t-elle. Une autre vidéo relayée sur la Toile dans laquelle des jeunes filles demandaient le droit de rejoindre des groupes islamistes a été le déclic pour écrire. L'histoire d'un livre Depuis, elle commença à se documenter sur le salafisme dans son expression féminine. En 2012, elle avait rejoint une association internationale de lutte contre l'extrémisme, avant d'entamer, une année plus tard, la rédaction des premières lignes de son livre «Femmes et terrorisme». «Mon souci était de changer le regard que porte l'Occident sur la femme musulmane, toujours perçue comme victime d'une société patriarcale, où elle n'est pas responsable de ses actes», argue-t-elle, se disant qu'il va falloir donner une autre vision à ce sujet. Une autre approche orientaliste, en quelque sorte. «Femmes et terrorisme» ne signifie pas, forcément, une position négative à l'égard de la femme, mais plutôt son rapport face à ce phénomène. Il y avait eu aussi, raconte-t-elle, des contacts avec des femmes désirant se joindre aux islamistes. Ecrire sur ce phénomène, ce fut, à l'en croire, un tabou brisé. «De par ce livre, je me suis débarrassée de ma subjectivité, du narcissisme qui affecte plus souvent l'académicien et qui l'empêche de partager son savoir et ses connaissances», ajoute-t-elle. Pour la journaliste au quotidien «Essabah», Monia Arfaoui, c'est réciproque. «J'ai accepté sans aucune hésitation la proposition de Mme Grami au sujet d'un livre à écrire en duo», répond-elle. Grâce à son expérience professionnelle, aux investigations qu'elle avait déjà menées sur le sujet, elle a pu dresser un portrait saisissant du terrorisme au féminin. Parler avec une épouse, sœur ou mère d'un terroriste n'a pas été facile. Mais, écrire c'est aussi convaincre, sans pour autant retomber dans l'émotionnel ou la provocation. Et c'est là, la responsabilité de l'auteur. «En somme, j'ai tenté de mettre le doigt sur les failles se rapportant au phénomène du terrorisme. Donc, une sorte de contribution pour apporter des réponses à certaines questions», résume-t-elle.