La loi organique de lutte contre la violence à l'égard des femmes entrera en vigueur en février 2018 Le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance a organisé, hier à son siège à Tunis, une conférence de presse annonçant le démarrage de la campagne intitulée : «Seize jours de lutte contre la violence à l'égard des femmes». Il s'agit d'une action de sensibilisation et d'information sur l'impératif de freiner un fléau social, aussi bien mondial que national, portant atteinte à la dignité humaine et aux droits humains des femmes. Cette campagne sera entamée le 25 novembre — date célébrant la Journée mondiale de lutte contre la violence à l'égard des femmes — et prendra fin le 10 décembre 2017, date marquant la célébration de la Journée mondiale des droits de l'Homme. Deux dates fort symboliques qui résument le combat féministe pour la dignité. Il est à souligner que cette campagne sera menée en partenariat avec le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) et l'Union européenne. Elle est placée d'ailleurs sous deux slogans. Le premier est international et est axé sur la protection contre la violence : «De la paix au foyer à la paix dans le monde : pour un enseignement sécurisant pour tous». Quant au slogan national, verbalisé en dialecte tunisien : «Mil lioum maâdech wahdek... El Qanoun maâk» (Tu n'es plus seule, désormais... la loi te soutient) se veut un message de réassurance et de soutien inconditionnel car légitime et légal contre la violence à l'égard des femmes. Dans son allocution, Mme Naziha Laâbidi, ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, a rappelé l'adoption, à l'unanimité, de la loi organique de lutte contre la violence à l'égard des femmes; une position de solidarité contre ce fléau social et une conviction confirmée quant à l'intérêt suprême de la Tunisie. Préparant l'entrée en vigueur de la loi organique sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes, prévue pour février 2018, le ministère de tutelle s'engage dans un plaidoyer adressé au public. Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes constitueront, désormais, la population-cible d'une panoplie d'actions de sensibilisation, d'information et de dissuasion quant à la violence à l'égard des femmes. Signature de la convention quadripartite Au programme, des sessions de formation en matière d'élaboration des lois et des programmes visant la promotion de la loi organique se tiendront en décembre 2017. Notons qu'un «séminaire régional portant sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes dans la région arabe : entre textes de loi et leur application» a été organisé les 16 et 17 novembre à Tunis. De même qu'un atelier international portant sur les centres d'hébergement des femmes victimes de violence a été tenu du 20 au 22 novembre 2017 pour prendre connaissance des expériences internationales dans ce domaine. «Nous allons signer, en marge de cette campagne, la convention de partenariat entre les quatre ministères concernés et intervenant dans le domaine de la lutte contre la violence à l'égard des femmes, à savoir le ministère de tutelle, le ministère de la Justice, le ministère des Affaires sociales, de solidarité et des Tunisiens à l'étranger et le ministère de l'Intérieur», a-t-elle indiqué. Rappelant que les protocoles relatifs à ces conventions ont été signés en décembre 2016, la ministre n'a pas manqué de souligner le rôle fondamental que joue le ministère de la Santé dans la prise en charge et l'orientation des femmes victimes de violence vers les mécanismes et structures appropriées, chose qui le place parmi les institutions de première ligne dans ce sens. «Ommi Selma» : non à l'impunité des criminels ! Par ailleurs, une autre campagne intitulée «Ommi Selma» sera organisée en guise de plaidoyer contre l'impunité du violeur de l'octogénaire «Selma»; cette dame qui a été violée jusqu'à la mort. «Il est inadmissible que nous puissions défendre l'indéfendable. Toute personne ayant porté atteinte à la dignité et aux droits humains doit être, systématiquement, privée de sa dignité et de ses droits humains», a-t-elle indiqué, fermement. La ministre a rappelé la composante dissuasive et punitive de la loi organique. D'ailleurs, le ministère a pris soin de publier ce texte juridique en langue arabe, française et anglaise. Il sera, également, traduit en Braille afin qu'il soit accessible et compréhensible par toutes et par tous. La violence demeure, jusqu'à nos jours, un problème social à la fois national et mondial. Selon les chiffres publiés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et relatifs à 2015, le taux des femmes ayant subi au moins une forme de violence s'élève à 35%. En Tunisie, 47,6% des femmes âgées de 18 à 64 ans affirment avoir subi, au moins une fois, une forme de violence. La violence physique s'avère être la plus répandue avec 31,7%, suivie de la violence morale (28,9%), sexuelle (15,7%) et économique (7,1%). Pour lutter contre ce fléau, la Tunisie a opté pour une politique de sensibilisation, d'information, de dissuasion, de punition mais aussi de prise en charge et d'aide aux victimes de violences. Avant-hier, la ministre avait inauguré un nouveau centre d'hébergement des femmes victimes de violences à Kairouan et ce grâce à la contribution du FNUAP et de l'UE. Ainsi, le nombre de centres d'hébergement spécialisés est de cinq. L'éducation, pour changer la mentalité ambiante Sur le plan éducatif, les manches se retroussent conjointement avec les responsables du ministère de l'Education dans l'optique d'unifier l'approche pédagogique conformément aux principes de lutte contre la violence à l'égard des femmes et des enfants. Parallèlement, d'autres mécanismes s'activent, chacun de son côté, pour réussir cette mission. Aussi, l'Observatoire national des droits de l'enfant, le Parlement de l'enfant ainsi que l'administration générale de l'enfance se mobilisent-ils pour passer le message antiviolence et œuvrer efficacement pour un changement des mentalités. «La Tunisie est classée 9e en matière de protection et de promotion des droits de l'enfant, et ce, sur une liste comptant pas moins de 196 pays. Cette année, elle a gagné dix points au classement relatif à la lutte contre la violence de genre. Nous continuerons à œuvrer selon une méthodologie prometteuse car scientifique pour arriver à nos fins», renchérit-elle. Interrogée sur la la protection des personnes âgées, la ministre a rappelé que l'Etat prend en charge 850 séniors et veille sur le placement familial de 73 autres, en les dotant d'une bourse mensuelle de l'ordre de 150 dinars. «Il est question d'augmenter ce montant pour qu'il atteigne les 200 dinars. D'un autre côté, poursuit-elle, nous sommes convenus avec une association bénévole de doter les 850 personnes hébergées dans les centres de protection des personnes âgées de prothèses dentaires, ce qui s'inscrit dans le cadre de l'amélioration de la qualité de la vie des personnes âgées».