La transition énergétique constitue un axe fondamental de la politique énergétique en Tunisie, surtout avec le creusement du déficit dans ce domaine qui a atteint 3.342 MDT à fin octobre 2017 avec une part de 25,3% dans le déficit commercial global. Une réalité qui exige une accélération du processus d'intégration des énergies renouvelables dans la production d'énergie, surtout avec l'augmentation de la demande en électricité et les difficultés à y répondre. L'expérience allemande dans ce domaine est considérée comme une expérience pilote, essentiellement pour sa réussite dans la mise en œuvre de mécanismes adéquats pour l'intégration des énergies renouvelables et aussi pour le renforcement de l'efficacité énergétique. Le partenariat tuniso-allemand dans le domaine s'est consolidé ces dernières années, avec le renforcement des échanges d'experts entre la Tunisie et l'Allemagne. Un échange qui est mis en valeur dans le cadre de la Journée tuniso-allemande de l'énergie dans sa 7e édition, organisée par la Coopération allemande (GIZ) le 29 courant à Tunis. En fait, malgré la courte expérience de la Tunisie dans le domaine, elle a pu tracer les grandes lignes de sa nouvelle politique énergétique en se fixant un objectif principal, celui d'atteindre une part de 30% de la production d'énergie à partir des énergies renouvelables d'ici 2030, contre 3% seulement actuellement. «Nous avons fait de la transition énergétique un choix politique clair. La nouvelle stratégie intégre l'énergie dans le cadre d'une vision globale avec l'objectif de définir le modèle énergétique dans les années à venir sur le moyen et le long terme. Ainsi, le développement des énergies renouvelables, le renforcement de la recherche dans le domaine de l'efficacité énergétique sont devenus des sujets centraux dans la stratégie de développement», lance Khaled Kaddour, ministre de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables, lors de la manifestation. Il ajoute que la production en énergie fossile reste insuffisante en Tunisie, soit 45 mille barils par jour, représentant 40% de la consommation nationale, sachant que la demande en énergie primaire augmente de 2% chaque année. Ce qui nécessite de rechercher d'autres sources d'énergie, qui passe inévitablement par un partenariat entre le secteur public et le secteur privé. Le ministre a indiqué qu'en plus du programme annoncé pour le développement de 1000 MW en énergies renouvelables (éolien et photovoltaïque), un programme supplémentaire de près de 1700 MW d'ici 2035 a été annoncé par le chef du gouvernement dans le cadre du grand projet structurant pour le développement du désert. Sur les trois prochaines années, de 100 à 200 MW supplémentaires seront produits. Il souligne qu'un séminaire sera organisé les 7 et 8 décembre 2017 pour discuter de l'accélération de la mise en oeuvre des énergies renouvelables. Long processus De son côté, Moncef Harrabi, P.-d.g. de la Société Tunisienne de l'électricité et du gaz (Steg), a affirmé que la Tunisie a voulu s'inspirer de l'expérience allemande dans la mise en place de projets d'énergies renouvelables. Il a précisé que l'Allemagne est considérée parmi les pays pionniers dans le domaine, essentiellement dans le stations de production de l'énergie éolienne et de l'énergie photovoltaique. Elle compte 32 lignes de liaisons avec ses pays voisins pour l'échange de l'électricité. Ajoutons à cela des branches assez variées s'agissant de l'efficacité énergétique, la valorisation des déchets, la cogénération et la trigénération. A ce niveau, Andreas Reinicke, ambassadeur de la République Fédérale d'Allemagne, a indiqué que la transition énergétique nécessite de grands efforts et une politique à long terme. «Il s'agit d'un processus qui s'inscrit dans la durée, mais qui demande aussi une transformation dans les têtes pour bien le réussir. On parle également de l'efficacité énergétique et de l'économie d'énergie, qui nous a permis en Allemagne de faire face à une demande croissante en énergie. Il y a des technologies adaptées pour cela dans le bâtiment, le transport, etc.», signale-t-il. M. Reinicke ajoute que le secteur des énergies renouvelables constitue aussi un business, permettant de créer de nouvelles professions et de l'emploi, soulignant que 400 mille postes d'emploi ont été créés dans ce domaine en Allemagne. Des réalisations importantes qui montrent le grand impact économique du secteur. La Tunisie est encore en début du chemin. M. Harrabi a indiqué que les efforts sont orientés actuellement pour la préparation de l'infrastructure nécessaire à travers le renforcement du réseau interne et aussi des liaisons électriques avec l'Algérie et la Libye — celle-ci est en interruption et nécessite la réactivation. Concernant le projet de liaison électrique avec l'Italie, il précise qu'il y a des avancements, ajoutant que ce projet obtiendra un soutien financier de 300 millions d'euros, permettant d'échanger l'élecricité avec l'Europe et de gérer efficacement les pics de consommation. Il s'agit également du projet de stockage de l'énergie électrique dans la région du Nord-Ouest, avec une capacité combinée de 400 MW, et qui aura un impact sur la réalisation de grands projets dans le secteur. Nouveaux projets En ce qui concerne le programme d'installation de 1000 MW pour la production d'électricité à partir des énergies renouvelables sur la période 2017-2020, le P.-d.g. de la Steg a affirmé que le premier appel d'offres a été déjà clôturé le 15 novembre 2017 pour l'installation de stations éoliennes avec une capacité ne dépassant pas les 30 MW et de stations photovoltaïques ne dépassant pas les 10 MW ainsi que de petites stations de 1 à 5 MW. Le nombre total des offres reçues est de 69. Il a précisé qu'il a été procédé actuellement au dépouillement technique pour entamer par la suite le dépouillement financier selon le moins disant pour le kilowatt. Parmi ces 69 offres, six projets en photovoltaïque et deux projets en éolien seront sélectionnés, en plus des petites stations dont le nombre sera déterminé plus tard puisqu'elles s'intègrent facilement dans le réseau électrique. Les offres retenues seront annoncées au début de l'année prochaine. La Steg a également un projet de 300 MW en photovoltaïque, dans le cadre des concessions, dans plusieurs régions intérieures, dont l'appel d'offres sera lancé début 2018, selon M. Harrabi. S'agissant de la station de Tozeur, dont les travaux ont démarré en juillet dernier, il a indiqué que la première tranche est en cours de construction et sera achevée d'ici l'été 2018. L'appel d'offres pour la deuxième tranche Tozeur-Nafta (10 MW) est encore ouvert avec un délai d'achèvement pour la fin 2018.