Par Mme Louise de SOUSSA,Ambassadeur du Royaume-Uni à Tunis Les droits de l'Homme comptent. Ils sous-tendent notre vie quotidienne et, s'ils ne sont pas correctement respectés, ceci crée un cycle de pauvreté, d'instabilité et de souffrance. C'est pourquoi ce jour-ci est si important, étant donné qu'il marque la Journée internationale des droits de l'Homme et le point culminant des 16 jours d'activisme des Nations unies pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes Malheureusement, plusieurs femmes et filles à travers le monde continuent de souffrir à cause de la violence. Il est choquant que 1,2 million de femmes et de filles aient été victimes de violence domestique en Angleterre et au Pays de Galles l'année dernière, et en Tunisie 47% des femmes seraient victimes de violence domestique au cours de leur vie. Mettre fin à ce fléau est un défi commun pour nos deux pays. Ce mois marque également le premier anniversaire de mon arrivée en Tunisie. En tant qu'ambassadeur britannique à Tunis, j'ai eu l'honneur de rencontrer de nombreuses femmes tunisiennes inspirantes dans tous les domaines. Des entrepreneurs, des jeunes femmes et des activistes m'ont tous dit à quel point ils sont fiers de l'histoire remarquable des droits progressistes des femmes en Tunisie. Et cette année, encore plus, avec l'adoption d'une loi historique sur l'élimination de la violence contre les femmes et les filles — une loi pionnière qui sert d'exemple pour d'autres. Mais plusieurs femmes ont souligné le défi qui consiste maintenant à sensibiliser les femmes et les filles à leurs droits à travers le pays. J'ai été personnellement touchée par l'histoire d'une femme dans un village rural qui m'a parlé de la violence qu'elle a subie de la part de son mari, mais ce qui était plus tragique est le fait de dire qu'elle avait compris et accepté son comportement. Cela montre à quel point la sensibilisation est cruciale pour que les femmes et les filles puissent avoir accès à la protection, que la violence soit évitée et que les auteurs de cette violence soient poursuivis. Mais la législation en elle-même ne suffit pas. Comme l'a dit une représentante de la société civile lors d'un débat sur l'égalité des sexes organisé par l'ambassade: «Nous ne pouvons pas lutter contre la violence à l'égard des femmes si elles ne sont pas économiquement autonomes». Les femmes rurales que j'ai rencontrées à Zaghouan, Kairouan et Sidi Bouzid ont souligné les défis qu'elles affrontent pour accéder aux opportunités économiques. C'est pourquoi l'ambassade britannique est fière de soutenir des initiatives entrepreneuriales qui permettent aux femmes, en particulier dans les zones rurales, de créer leur propre entreprise. En novembre, nous avons mené une campagne de sensibilisation à l'égalité des sexes et suscité des débats. Dans ce cadre, j'ai assisté à une projection du film puissant «La belle et la meute». Je l'ai trouvé profondément déchirant et j'encouragerais autant de personnes que possible à le regarder. Votre pays a un réservoir impressionnant d'hommes et de femmes talentueux. En s'appuyant sur cet éventail complet de talents et en renforçant l'autonomie des hommes et des femmes, des filles et des garçons, je crois sincèrement que la Tunisie atteindra son plein potentiel et continuera d'inspirer le monde.