«A l'époque, on allait chercher le talent et non pas le potentiel» «Pour que nos sélections des jeunes retrouvent leurs vraies places sur la scène, il faut que nos stratèges du sport-roi tunisien mettent en place une stratégie qui privilégie l'épanouissement global de ces jeunes footballeurs en herbe. La responsabilité des CDF des clubs est bien entendu engagée. C'est là que la matière existe. Or, dès la première détection d'un incroyable talent, et avant qu'il n'attire les convoitises des techniciens nationaux des jeunes, certains centres sont prêts à vendre leurs joueurs qui ne sont rien d'autre qu'une matière première dans ce cas, et ce, à n'importe quel prix. Ce que je ne comprends pas du tout, c'est un certain désintérêt général à propos de la réussite de nos équipes nationales de jeunes sur la scène continentale. Et à ce titre, la vocation première d'un CDF huppé est de former un noyau de joueurs d'élite. Or, les CDF ou autres académies ne sont devenus que des usines à rêves déçus! Cela se répercute évidemment sur les performances des sélections des jeunes qui sont à la traîne, volet compétitivité continentale. Vous savez, quand un jeune promet et s'illustre après avoir fait ses gammes au CDF de son club, il ne rêve que de décrocher par la suite une place parmi les "A" tout en espérant atteindre le but suprême, soit l'équipe nationale senior. Or, avant tout, il faut qu'il achève sa formation. Plusieurs jeunes manquent malheureusement de formation à la base même si le talent est là. C'est atypique d'ailleurs, mais seuls les clubs dits amateurs "acceptent" de former des jeunes et d'agir comme des pépinières. Si les joueurs réussissent, prennent du galon, intègrent les sélections des jeunes et sont transférés à de grands clubs, ils peuvent non seulement rapporter gros, mais surtout, ils assurent le gros des troupes de la relève de l'équipe nationale A. Malheureusement, le talent ne suffit pas. Chez nous, il suffit qu'un jeune rate son baptême du feu pour qu'il soit quasiment abandonné par la suite. Certains sombrent car ils sont démunis et délaissés même si un destin favorable aurait pu les conduire directement en équipe nationale». L'omerta «Il faut comprendre que le football, c'est une passion, mais aussi un moyen de subvenir à ses besoins. En Tunisie, on a de plus en plus recours aux continentaux, délaissant de facto la formation. Les joueurs étrangers ne coûtent pas cher aux clubs, qui fournissent le logement et la nourriture, mais le salaire est souvent dérisoire. Bien sûr, craignant des "représailles", peu de joueurs osent témoigner, c'est la loi du silence. Il faut dire aussi qu'en Afrique, lorsque l'on parle de l'âge des joueurs (nés sur le continent africain), c'est toujours avec une certaine retenue, pour ne pas dire une ironie certaine. C'est un phénomène dont on ne voit que la partie émergée d'un immense iceberg. Ça fait des années que tout le monde le sait, mais personne ne fait rien. Quelques cas avérés de triche sur l'âge réel ont défrayé la chronique ces dernières années. Avec les sélections nationales dans les catégories de jeunes, de nombreux joueurs ne passent pas le test de l'IRM du poignet. D'autres passent entre les mailles du filet alors qu'il n'y a aucun doute sur la triche. Le test est-il fiable ? Les conditions dans lesquelles ils sont réalisés sont-elles réglementaires en Afrique ? A la vue des cas qui interviennent en Afrique, on gagnerait donc à miser sur le label local, l'authentique tunisien. Celui qui permettra à terme de redorer le blason de nos sélections des jeunes. Alors, bien sûr, on trouvera toujours quelqu'un pour argumenter qu'on rencontre des cas chez nous, et d'autres forces de la nature aux caractéristiques physiques incroyables et invraisemblables. Mais c'est rare pour ne pas dire insignifiant. Ce faisant, les sélections tunisiennes de jeunes sont lésées dans ce cas d'espèce. L'équité sportive n'est plus préservée par rapport à l'Afrique.