Le marché hivernal, qui devait servir de «session de rattrapage», va-t-il se transformer en saison des grandes transhumances ? Au lieu de se renforcer, c'est comme si les clubs d'élite se «débarrassent», un à un, de leurs grosses pointures, se privant de joueurs qui rapportent gros. Les équilibres budgétaires ont la priorité en ces temps de vaches maigres. Le souci financier est partout présent. Quand on traîne des déficits aussi colossaux que ceux qui torturent le Club Africain ou l'Etoile Sportive du Sahel, par exemple, on ne peut pas du reste finasser et faire autrement. Le CA a, d'abord, laissé partir son stratège Oussama Darragi, qui, à trente balais, malgré une condition physique précaire et un début de déclin prononcé, reste capable de très belles choses. Alors que son contrat courait toujours avec le club de Bab Jedid, Picasso a rejoint le club qatari d'Om Slal, ce qui garantit une jolie plus-value à la direction du CA. Et au joueur en même temps. Il risque d'être rejoint par Sabeur Khelifa, dont l'aventure avec le club «rouge et blanc» pourrait arriver cet hiver à terme. Un clap de fin après un championnat et une Coupe de Tunisie remportée, et une demi-finale de Coupe de la CAF disputée. Khelifa est parti négocier avec le club saoudien Ohod. Il tient à ne pas rater cette dernière occasion de signer un contrat juteux, ce qui, à 31 ans, demeure une ambition légitime. Ajoutez-y le départ (quasi définitif) du latéral droit Mokhtar Belkhither et du milieu offensif, Brahim Chenihi, et vous comprendrez à quel point ce mercato 2018 a été fatal pour les ambitions des «Rouge et Blanc» de mettre sur pied un onze capable de terminer sur le podium. Toutefois, les impératifs financiers d'un budget exsangue et, en même temps, la grande envie de deux trentenaires (Khelifa et Darragi) de ne pas laisser filer l'opportunité ont conduit à ces départs. Le chantage de Mansour A l'Etoile Sportive du Sahel, si Ammar Jemal est de retour, en revanche, on ne parle que du possible départ de Hamdi Nagguez et Mohamed Amine Ben Amor, les deux joyaux qui ont la cote au mercato. A présent, c'est surtout le départ du latéral droit international qui défraie la chronique. Le club égyptien Ezzamalek fait le forcing pour recruter Nagguez. Sa proposition est de l'ordre de 600 mille dollars. Le président du club cairote, Mortadha Mansour, dit que c'est à prendre ou à laisser. «Si Nagguez ne vient pas parce que son club n'aura pas accepté cette offre, nous allons nous rabattre sur la solution que représente le défenseur droit du Club Sportif Sfaxien, Hamza Mathlouthi», menace-t-il. Dans ce chantage, on ne sait pas si le club de Ridha Charfeddine acceptera une telle proposition plutôt indigne de la valeur du latéral droit étoilé. Un autre départ attendu à l'ESS: l'attaquant brésilien Diogo da Silva Farias Acosta qui n'a plus la cote auprès des supporters qui le prennent de plus en plus en grief surtout depuis ses dernières sorties. On parle d'un possible prêt de l'avant-centre brésilien. Meriah veut un statut d'inamovible ! Au Club Sportif Sfaxien, on ne parle ces derniers jours que des propositions faites au meilleur défenseur du pays, Yassine Meriah. Le club de Ligue 1 française, Racing Club de Strasbourg, tient la corde. Pourtant, les dirigeants du club phare du Sud soutiennent qu'aucune offre officielle pour Meriah ne leur est parvenue. L'arrière central de l'équipe de Tunisie assure qu'il se porte bien à Sfax où il a percé. Et qu'il n'ira dans un autre club que si celui-ci est capable de lui garantir une place de titulaire. Ambitieux, l'ancien joueur de l'Etoile de Métlaoui ne veut pas aller en Europe pour faire banquette. Imaginez un «scénario catastrophe» où toutes ces grosses pointures partiraient au mercato de cet hiver. Un championnat de Tunisie sans Meriah, Nagguez, Ben Amor, Khelifa, Darragi, Chenihi, Belkhither..., à quoi ressemblerait-il en fait? Déjà, le niveau technique est très moyen. Se priver d'autant de talents capables d'illuminer un tant soit peu la compétition ferait fuir encore plus de spectateurs. Mais nos clubs peuvent-ils vraiment faire autrement pour éviter la banqueroute ?