Des hommes ont émis leur avis sur l'égalité dans l'héritage. Certains sont pour, d'autres y sont fermement opposés. Témoignages Le débat sur la parité successorale ou l'égalité dans l'héritage entre les deux sexes prend une dimension nationale et nécessite une longue réflexion, mûrement posée. Les éventuelles mesures à prendre en faveur d'une égalité de droit face à l'héritage entre les hommes et les femmes devraient être prises de façon progressive afin de ne pas heurter la population tunisienne, comme l'affirme Salwa S., étudiante en master qui est favorable à l'égalité successorale mais de façon progressive afin de laisser du temps aux différentes franges de la société, notamment conservatrices, de se faire à cette idée : « Cela pourrait éventuellement ameuter ou choquer les citoyens en cas de changement rapide et brutal sans un véritable processus par étapes. » On pourrait également envisager un référendum national vu que certains sondages ont été effectués afin de mieux connaître les motivations des femmes ....et des hommes. La Presse a donné la parole à la gent masculine de différents niveaux social et professionnel afin de recueillir leur opinion pour ou contre une parité dans l'héritage. Selon la classe sociale d'origine, les convictions religieuses, les mœurs ou les opinions individuelles, chacun d'entre eux a fait part de son degré de perception sur la question entre tradition musulmane et esprit de modernité et de justice. Conservatisme religieux Une frange de la population tunisienne demeure accrochée à son héritage religieux et culturel et tient à sauvegarder les principes et fondements des préceptes coraniques dans la loi tunisienne. Un jeune homme Z.Z, ayant deux sœurs et un frère, se marie cette semaine et reste inflexible : « Je suis contre le changement de mœurs dans le pays. Il n'y a aucune raison de changer une loi aussi ancienne et de nature ancestrale». De nombreuses autres personnes, sous le sceau du dogmatisme religieux, avouent tenir à ce que la question ne soit pas mise sur le tapis, sans remise en cause d'une loi divine et régie par l'islam. Beaucoup de femmes, d'obédience musulmane, demeurent réticentes à une modification de la loi sur la parité homme-femme dans l'héritage. Avis contrastés Entre ces deux clivages culturels et idéologiques se situent des avis plus nuancés, tranchés et modérés qui avouent la complexité d'un tel sujet, généralement tabou en Tunisie. Omar K, officiant dans une boîte d'audit, demeure sceptique : «C'est un débat compliqué, car selon les cas, on trouve des situations en faveur d'une égalité successorale et d'autres contre. Lorsqu'on a en face une famille composée de quatre frères et une sœur face à l'héritage, il se trouve que la femme est fortement lésée. Je pense qu'il faut adopter une loi souple prônant des mesures au cas par cas». G.M., avocat en droit privé, ayant un frère et une sœur, ne fait pas dans la demi-mesure et affirme à qui veut l'entendre : «Je suis pour l'égalité entre l'homme et la femme en tout point !» Un message simple, clair et concis. Un père de famille à la retraite, pieux et conservateur, ayant deux garçons et une fille dont le fils habite chez lui, encore à sa charge, propose une solution pour plus d'équité : «Je suis pour une évolution favorable des choses afin de donner plus de droits à la femme. Je songe à ce que ma donation se fasse de mon vivant afin de ne pas léser ma fille dans le futur héritage». Dans le même sens, un ouvrier de chantier exprime son incompréhension : « Pourquoi ma sœur ne prétendrait pas à une part égale à celle mon frère et moi après la mort de nos parents ? C'est surprenant ! ». L'adoption de la parité implique de nouvelles obligations pour la femme Un legs qui ne doit pas, malgré tout, devenir lourd à porter pour la femme qui devra s'acquitter de nouvelles obligations en cas de parité successorale avec l'homme. Traditionnellement, la famille musulmane continuait de prendre en charge la femme après son mariage laquelle n'avait pas de regard sur les finances familiales arguant de son droit à la dot. Un droit qu'elle pourrait perdre en échange d'un autre, chèrement obtenu. Une tâche compliquée pour les juristes de la nation entre notre héritage civilisationnel arabo-musulman et l'émancipation culturelle, sociale et économique de la femme tunisienne sociale. Rien n'est gagné ni acquis.