La «prise d'assaut» des installations et des équipements de ce fleuron du genre que représente le complexe d'Aspire aura permis aux nôtres de bénéficier d'une préparation pointue, comme nos adversaires européens. Non, l'équipe de Tunisie n'est pas la championne de la galère en stage de préparation. C'est juste que les passionnés s'interrogent sur l'utilité du rassemblement de Doha, aux antipodes du climat qui prévaut en Russie, le tout sur fond d'une défaite plutôt inquiétante face à Al Duhail de Youssef Msakni, meilleur joueur du Team Tunisie et bourreau des nôtres lors de ladite rencontre. Bref, si nous sommes bel et bien qualifiés pour le Mondial russe, le chemin pour y bien figurer semble semé d'embûches. Ce faisant, il faut tout de même relativiser et positiver même. Le sélectionneur Nabil Mâaloul a été clair à ce sujet. Il faut comprendre par là que ce stage a pour but l'éveil musculaire, l'amélioration de l'endurance de groupe et la mobilisation de joueurs quelque peu désorientés par le vécu hebdomadaire au sein de notre Ligue 1. Quand on est loin du bercail et de son fief, on a plutôt tendance à resserrer les rangs avec ses compatriotes. «Loin des yeux, loin du cœur» La solidarité, la vie de groupe, l'osmose, l'alchimie et la cohésion d'ensemble. C'est aussi cela que recherche forcément le plateau technique au vu de ce qui s'est passé lors des grands formats de la saison entre clubs qui fournissent l'ossature de notre sélection. Rien que pour cela, ce stage aura été bénéfique été à plus d'un titre. «Loin des yeux, loin du cœur». Il n'y a plus de sentiment d'appartenance à telle ou telle écurie. Juste ce sentiment identitaire et cette fierté de porter le maillot flanqué de l'étoile et du croissant. C'est là le but de ce stage en attendant de voir à l'œuvre une sélection accomplie et homogène sur le terrain. Il n'est pas question actuellement de parler de test (face à Duhail) laborieux en terre « hostile ». Lors de la phase finale du Mondial, on n'évoluera pas au stade de Radès et on ne sera pas soutenu par 60.000 fans déchaînés tout acquis à notre cause. Alors, qu'est-ce qui pousse actuellement un pan de nos supporters à douter ? La faute à une défaite en match de préparation ? La faute à une bourde monumentale d'un portier repêché au détriment de deux autres gardiens sacrifiés (Rami Jeridi et Farouk Ben Mustapha). Pourtant, les tenants de notre sélection ont mis les choses au clair dès le départ : ce stage est consacré exclusivement aux joueurs locaux. Bref, maintenant que le ticket pour la Coupe du monde en Russie a été composté, il ne s'agit pas de seulement focaliser sur l'importance d'arracher un bon résultat en amical, mais plutôt de favoriser la stabilité du groupe. Un groupe embarqué dans le même wagon et qui doit à terme se retrouver les yeux fermés sur le terrain. C'est ce que l'on appelle soigner les automatismes, trouver le plan de jeu adéquat qui cadre avec les qualités sous la main. Afficher son style de jeu et son profil d'équipe. Tout cela demande du temps et des conditions optimales pour y parvenir. La mise à niveau Alors où se trouve le problème actuellement ? Dans la tête du sélectionneur qui décrypte sûrement la tactique de son onze de base. Mais ça, c'est son métier. Quant à nous, spéculons à l'envi, mais n'allons pas vite en besogne. Se projeter, c'est légitime. Se précipiter par contre est contreproductif. Bref, il ne fait aucun doute que cette équipe de Tunisie a de la marge. Certes, elle semble moins à l'aise quand elle dispute des matches où elle a 60 ou 70% de possession de balle, face à une équipe regroupée, même si l'adversaire, un exemple du type, a aligné pourtant une équipe valorisée par des joueurs qui coûtent des millions de dollars. Et pourtant, au vu des péripéties du match, les nôtres se sont créé une bonne dizaine d'occasions. Bien entendu, ils n'ont pas eu affaire à un bloc-bas recroquevillé dans sa moitié de terrain et gardant son ossature en retrait. Non, loin de là, le sparring-partner des nôtres aura permis au staff technique de déceler ce qui doit être corrigé à terme. Le pragmatisme de Nabil Mâaloul Nabil Maâloul est un pragmatique. Il préfère limiter le risque de faire des erreurs et anticiper pour que son équipe ne se retrouve pas en danger. On l'a noté face à la RDC à deux reprises. Sauf qu'au Mondial, ce sera différent devant les «Diables Rouges» belges et l'Angleterre, pays pionnier du sport roi. Nous aurons, certes, un bon coup à jouer face au Panama. Mais d'ici là, la Tunisie doit s'efforcer à ne plus ramer contre des équipes défensives. Positivons et mettons en lumière les bienfaits du stage d'Aspire. L'endurance et le volet athlétique ont été soignés. La «prise d'assaut» des installations et des équipements de ce fleuron du genre aura permis aux nôtres de bénéficier d'une préparation pointue, comme nos adversaires européens. Car maintenant, le but suprême n'est pas d'enchaîner les tests face à des adversaires de même niveau, mais de se mettre au niveau de l'adversaire en termes de préparation physique, physiologique et même biologique. C'est ça le haut niveau en termes d'exigences en vue d'atteindre la performance. Gageons qu'à force de persévérance et de confiance, le Team Tunisie aura fière allure à terme.