«L'état d'esprit se bâtit dans ces moments-là à Doha, comme dans ceux du quotidien. Ce quotidien où la promiscuité, appelée à durer des semaines, est plus forte que celle que les joueurs connaissent en club ou lors d'un stage dans nos contrées». «Primo, il est bon de rappeler que ce rassemblement loin de nos bases ne manquera pas de ressouder les liens entre les joueurs. Des joueurs perturbés ces derniers temps par les tiraillements autour de notre compétition locale. Maintenant, dans la bulle d'Aspire du côté de Doha, nos internationaux ne manqueront pas d'intégrer à terme qu'ils sont attendus au tournant et qu'ils doivent souffrir pour toucher au but, soit présenter un football de meilleure facture. Dans leur tête, et c'est là que tout se joue, ils doivent se remettre en question et ne plus penser aux péripéties de notre Ligue 1. Vous savez, en football, rien n'est jamais figé et tout est de l'ordre du possible. Il ne faut pas seulement focaliser sur la hiérarchie de notre groupe du Mondial russe. Les «petites nations» ont fait d'énormes progrès. Quant aux stars des pays phare, occupées par une saison prenante en club, ils ne mettent pas toujours l'investissement nécessaire pour faire la différence au Mondial. Et c'est dire combien le fait d'y mettre les moyens actuellement peut être payant à terme. En clair, par analogie, si la Tunisie n'a pas cartonné Al Duhail, elle n'est pas pour autant loin du compte. Non, il faut relativiser et garder toute sa clairvoyance. Bref, le discours autour du Team Tunisie ne doit pas être adapté à la grisaille ambiante de notre compétition locale et ses soubresauts hebdomadaires. Ne pas paniquer, ne pas aller vite en besogne. S'armer d'humilité aussi. Même en amical, vous en connaissez, vous, des équipes qui gagnent tout le temps par un score-fleuve ? Les promenades de santé, les démonstrations de force, le tout offensif, en préparation ou même quand on entre dans le vif du sujet, ce n'est pas toujours au rendez-vous. Qu'on arrête de spéculer à l'envi. Nabil Mâaloul va-t-il trouver la recette de la potion magique ? Le but d'un stage de préparation préliminaire est le même pour tout le monde. Il faut comprendre que l'on n'est pas encore au stade de convaincre à tout prix. Non, outre la cohésion et la solidarité de groupe, ce rassemblement va renforcer les liens entre les joueurs. Un stage bloqué surtout loin des turpitudes locales, c'est forcément profitable et constructif». Une vie commune à gérer ! «Dès leur arrivée à Aspire, les nôtres sont entrés dans une autre dimension, celle de la représentativité de toute une nation. A peine ont-ils pris leur quartier dans leurs chambres respectives, récupérant au passage leur dotation (survêtement, maillot et autres équipements utilisés tout au long de la semaine), ils sont déjà en mode «phase finale du Mondial». Bref, ils se projettent et s'imprègnent de la finalité de la chose, sorte d'aboutissement qu'il souhaitent couronner de succès. A Aspire, l'infrastructure, les équipements et les conditions sont de tout premier ordre. Le «must» pour notre équipe fanion dans la perspective du Mondial, c'est légitime d'y mettre les moyens. Dans la foulée aussi, nos joueurs seront moins calés avec la presse en amont ! Ça évacue la tension parfois, car les impératifs médiatiques à cadence soutenue, ça flagelle parfois. Globalement, je pense qu'il n'y a pas de quoi s'interroger sur les bienfaits de ce stage et le fait d'avoir investi le pôle sportif d'Aspire. Là, le Team Tunisie a pu travailler dans des conditions optimales. Une bonne préparation synonyme de confiance avant la compétition. C'est forcément une période de stage cruciale pour se montrer performant au moment de la compétition, notamment dans l'état d'esprit. Pour la Tunisie, le Mondial a débuté à Aspire. A terme, Nabil Mâaloul aura obtenu des joueurs que la sélection soit leur unique préoccupation ! Le vivre-ensemble a commencé à Doha, et les nôtres ont pris conscience de l'événement qui les attend. Lors de ce type de rassemblement, les joueurs s'engagent à partager des moments de vie, de travail et de compétition. La réussite d'un Mondial passe par là. C'est aussi le moment de tisser des liens propices à la victoire. Il faut être au taquet dans tous les secteurs. Le stage est fait pour qu'on arrive à terme sur du velours ! Aussi, l'état d'esprit se bâtit dans ces moments privilégiés comme dans ceux du quotidien. Un quotidien où la promiscuité, appelée à durer des semaines, est plus forte que celle que les joueurs connaissent en club». Il n'y a pas de cassure ! «Avec des joueurs qui se connaissent bien et connaissent bien la vie de l'équipe, il n'y a pas de risque de cassure. Cette vie commune, à laquelle il est impossible d'échapper, permet d'éviter certaines tensions. Certes, il y a des stages qui se passent mal avec des conflits, des malentendus. Mais c'est loin d'être le cas à Aspire. Quant au staff technique, seul avec ses troupes, il pourra passer son message en bonne intelligence. Certes, maintenir une saine concurrence entre les joueurs peut virer à l'exercice d'équilibriste pour un sélectionneur, surtout quand il y a peu de doutes sur les titulaires. Mais il faut comprendre qu'il y a toujours des frustrés. Et à Maâloul de faire en sorte qu'ils n'aient pas une trop grande influence en devenant des éléments perturbateurs. La sérénité du groupe en dépend. Globalement, je pense qu'en marge du stage d'Aspire, l'équipe de Tunisie est sur la bonne voie. La concurrence existe à tous les niveaux et le travail accompli incite à l'optimisme».