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Pas de risque pour la santé
Agriculture — Semences sélectionnées
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 01 - 2018

Depuis quarante ans, la situation ne s'est guère améliorée avec des difficultés cycliques dans la distribution et la répartition des semences sélectionnées
La disponibilité des semences sélectionnées représente 15% des besoins nationaux. Pourtant, la distribution connaît de nombreuses entraves depuis six ans, causées par un déséquilibre dans la répartition et l'accès aux semences sélectionnées entre grands et petits agriculteurs, largement en faveur des grands et au détriment des petits.
Le message véhiculé est le même par différentes parties prenantes, à cause parfois de facteurs totalement exogènes comme ceux liés au conditionnement ou à l'empaquetage des semences sélectionnées. « Si la situation perdure de la sorte, on va rencontrer encore des difficultés dans la gestion des semences sélectionnées en Tunisie. Dans trois, quatre ans, on va être confronté à des problèmes qui vont faire baisser sensiblement leur productivité, de façon inévitable», note un agriculteur.
L'alerte a été conjointement donnée, lundi 15 janvier, par M. Chokri Rezgui, assistant du président et chargé de la production agricole (végétale et animale), et M. Nasser Zoghlami, cadre technique à l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (Utap). De nombreuses questions ont été posées aux différents experts agricoles afin d'éclairer notre lanterne. Elles ont porté sur l'origine des semences sélectionnées, leur pourcentage représentatif par rapport à l'ensemble des semences en Tunisie et surtout sur les soucis liés aux rendements.
Rendements divergents
Il est admis que les agriculteurs ont besoin de semences sélectionnées pour obtenir des rendements élevés dans leur production. Lesquels rendements ne peuvent pas être obtenus avec les semences ordinaires. Un processus de sélection des semences sélectionnées s'élabore dont l'objectif est d'obtenir des quantités importantes a été mis en place mais tous les agriculteurs n'en tirent pas profit.
Un expert en sciences agronomiques a mis en exergue l'intérêt impératif à se procurer en semences sélectionnées : «Lorsqu'un agriculteur dispose, par exemple, de vingt hectares de terre pour semer le blé, il peut se contenter d'une parcelle à hauteur d'un dixième de la superficie totale pour cultiver en semences sélectionnées. Dès la deuxième génération, on pourra obtenir de bonnes semences. L'impact des semences sélectionnées sur toute la culture, l'année suivante, sera positif. Tandis que si un agriculteur se procure des semences ordinaires, il n'a aucune garantie que la récolte soit de bonne qualité».
Faible recours aux semences sélectionnées
Le faible recours aux semences sélectionnées dans l'agriculture place la Tunisie en mauvaise position, loin des pays du pourtour européen. De l'avis de Mokhtar Bahrini, secrétaire général de la Fédération nationale des grandes cultures, l'utilisation des semences sélectionnées en Europe représente 40% des semences totales. Les 60% restants sont en grande majorité (80% d'entre eux) traités par les agriculteurs eux-mêmes dans des centres agréés. Il raconte brièvement son expérience personnelle en tant qu'exploitant agricole, dans un entretien téléphonique avec La Presse : «Dans mon cas, j'utilise mes propres semences sélectionnées. Je leur fait subir le tararage (nettoyage des grains, après le battage) avant de les exploiter. Nos semences sont considérées comme naturellement sélectionnées.»
La production des semences est généralement assurée par des semenciers, terme désignant des entreprises spécialisées dans la sélection, la production et la commercialisation des semences sélectionnées. Les subventions sont indispensables pour encourager les petits exploitants agricoles à s'en procurer, chose qui est loin d'être vérifiée sur le terrain.
L'Etat aurait octroyé un montant d'un milliard, deux cent millions de subventions agricoles, ces derniers temps. Pourtant, cela n'a pas bénéficié à tous les semenciers et aux agriculteurs qui produisent leurs propres semences. De l'avis des experts, les besoins nationaux annuels en semences céréalières de blé plus précisément se situent aux alentours de 2 000 000 quintaux. 247 000 quintaux de semences sélectionnées sont collectés par deux coopératives centrales relevant de l'Etat, tandis que 60 000 quintaux le sont par des collecteurs privés.
Le déséquilibre est important dans la collecte et la provenance des semences. 15% des semences sélectionnées sont de qualité fiable et contrôlée contre 85% de semences ordinaires qui sont, parfois, de piètre qualité et médiocre ou d'origine incertaine. Les subventions sont accordées aux semenciers et aux agriculteurs qui produisent des variétés locales de semences sélectionnées.
Recours aux subterfuges pour les petits exploitants
Concernant les variétés d'origine importée, les semenciers sont autorisés à les vendre aux agriculteurs mais ils ne peuvent pas bénéficier de subventions pour en importer. M. Bahrini s'insurge contre cette situation inexplicable : «Si l'Etat a des doutes sur la qualité de la marchandise, comment peut-on accorder aux agriculteurs des autorisations ? Les subventions ne doivent pas être exclusivement réservées aux grands semenciers».
Les petits exploitants ont recours à des subterfuges pour contourner le désavantage subi à cause de l'absence de subventions. «Au lieu de vendre leurs semences à 97 D, ils vont les commercialiser plus cher à 130 D, à cause de l'absence de subvention. C'est la seule manière de générer des bénéfices».
Les semences sélectionnées sont subventionnées pour encourager les agriculteurs à les utiliser afin d'améliorer le rendement et la qualité de leurs semailles. Bien qu'elles soient subventionnées, ces derniers trouvent, toutefois, que les prix des semences restent hors de portée pour les petits agriculteurs.
Accès aux semences sélectionnées : les petits exploitants lésés
Autre difficulté : la disponibilité et l'accès aux semences sélectionnées. Les petits agriculteurs trouvent, en effet, des difficultés à se fournir en semences sélectionnées accaparées par les gros agriculteurs qui ne laissent que des miettes aux petits exploitants agricoles. Ces derniers sont alors obligés de se rabattre sur les semences ordinaires, qui sont de mauvaise qualité et qui procurent de faibles niveaux de rendement. «Les gros agriculteurs s'accaparent le gros lot et achètent des semences au-delà de leurs besoins. Ils confisquent à leur guise les semences sélectionnées intégralement, pompent tout et ne laissent que des miettes aux plus petits, les moins nantis.
Certains agriculteurs n'osent plus semer durant les périodes de semailles, d'octobre à novembre, à cause des nombreux obstacles liés au rendement. Toute la structure est fragilisée. Si, en plus, on ne leur facilite pas le travail, en leur mettant des bâtons dans les roues, ils ne sont pas au bout de leurs peines», témoigne un petit exploitant agricole.
Toute la philosophie de la distribution équitable des semences sélectionnées est faussée, dès lors qu'on n'a pas réussi à aider les moyens et petits agriculteurs à améliorer le rendement de leurs cultures.
Finalement, moins de 15% des besoins en semences sélectionnées à grande échelle sont satisfaits, selon M. Bahrini, qui avance que le taux réel est de 13%. La répartition n'a pas été gérée de façon équitable. 25% des semences produites n'ont pas été écoulées à cause de cette mauvaise gestion. Ceci a aggravé les problèmes de «dispatching et de timing», liés à la répartition équitable des semences.
Selon M. Rezgui, les difficultés logistiques et matérielles liées à l'approvisionnement en semences sont de divers ordres: «Le stockage des semences est difficile et coûteux ! En outre, la culture de semences ordinaires nécessite 20 quintaux par hectare, soit, schématiquement, seize sacs de 50 kg. Les agriculteurs recherchent des variétés de semences cultivables en dix à quinze jours, espacées dans le temps. Généralement, les cultures des céréales se font sur des cycles longs de six mois, avec une culture en septembre pour une récolte en janvier.» D'autres obstacles ont été soulevés, liés au rendement des terres agraires et au processus de germination des semences ordinaires.
Pas de risque pour la santé
Volet santé, les semences sélectionnées ne sont pas nuisibles dans la mesure où ils subissent un procédé de sélection rigoureux. Chose rassurante. «Un sac de semences ne sort qu'avec l'autorisation préalable du ministère de l'Agriculture et de l'Office des céréales. Les semences sélectionnées sont soumises à un process de traçabilité, précise Chokri Rezgui. Elles ne peuvent être écoulées sur le marché que si la provenance, la variété, le taux de germination et l'analyse du laboratoire sont mentionnés sur les sacs de semences sélectionnées».
Selon le dernier classement à l'échelle africaine, par un cabinet de recherche et conseil In On Africa, la Tunisie est le pays le plus sûr sur le plan de la sécurité alimentaire. Une raison de plus pour persévérer et trouver de nouvelles solutions, au niveau des semences sélectionnées. Cependant, des mesures doivent être prises par le ministère de l'Agriculture pour améliorer l'approvisionnement en semences sélectionnées et, par là, la productivité des agriculteurs.


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