Ce jour-là, il y a de cela 70 ans, un fanatique mit violemment fin à la vie de l'homme qui, tout au long de sa vie, prônait la non-violence Il était exactement 17h17, ce vendredi 30 janvier 1948, lorsqu'un vieil homme âgé de 79 ans quitta ce monde. Un événement tragique qui eut lieu à New Delhi, en Inde, un peu moins de six mois seulement après l'indépendance de ce pays-continent, et qui ébranla le monde entier. Ce vieil homme était, en effet à lui seul tout un monde. Son nom, Gandhi, son statut, fondateur de l'Inde moderne. Ce jour-là, il y a de cela 70 ans, un fanatique mit violemment fin à la vie de l'homme qui, tout au long de sa vie, prônait la non- violence (satyagraha). Gandhi, le Mahatma, ou l'âme de l'Inde moderne, rendit ainsi l'âme, frappé à mort, à bout portant par trois balles, tirées d'un « Beretta » 9mm. Un vrai sacrilège, un impardonnable parricide. Le chef de la nation indienne, celui qui avait dirigé le combat pacifique pour l'indépendance de son pays et la cohésion de son peuple, est ainsi tombé en martyr et a légué un immortel héritage, non seulement à son peuple mais aussi à l'humanité entière. Il était certes très affaibli depuis un bon moment par les affres de la lutte et par le jeûne mais d'une extrême puissance spirituelle et morale. « Hey ! Rama » (Ah ! mon Dieu) avait laissé entendre Gandhi en s'écroulant dans le jardin de sa villa devant une foule venue participer à sa prière quotidienne. Naturham Godsé, l'assassin, un Hindou fanatique, avait ainsi surpris toute l'assistance et aussi le monde entier et commis de sang-froid son forfait, exécutant ainsi une sentence d'un obscur procès imaginaire et ultra-expéditif monté, quelques jours auparavant par lui et sa bande qui vouait une haine sans égale aux musulmans et appelait à leur extermination. L'assassin, un journaliste de 37 ans chef d'un groupuscule fasciste hindouiste (le Rsss – Maha Sabha), dont le siège se trouvait près de Bombay, avait ainsi décidé d'exécuter lui-même ladite sentence. Celle-ci était déjà un simple vœu pieux depuis l'indépendance du pays, le 15 août 1947, survenue au même moment que sa partition et la création de l'Etat du Pakistan à majorité musulmane. « Le vieux doit mourir » La sentence fut confirmée le 13 janvier et est devenue urgente et sans appel, le 16 du même mois. Les griefs, les positions de Gandhi face au problème des deux communautés, hindoue et musulmane et la partition de l'Inde. La sentence sera exécutée, comme déjà dit, le 30 du mois et l'assassin sera arrêté, jugé et pendu. De sanglantes violences avaient, en effet, accompagné ladite partition de part et d'autre des deux Etats. Des milliers d'innocents payèrent de leur vie ce conflit politique alimenté au départ par les Britanniques. Des massacres qui se prolongeaient dans la haine et la vengeance. A la fois triste, indigné et ferme, Gandhi avait dénoncé ces violences et appelé, grâce à son arme redoutable —la grève de la faim— à ce qu'elles cessent. Même si certains considéraient qu'ils ne faisaient que venger les leurs. La goutte qui fit déborder le vase était la réussite de Gandhi à faire plier le gouvernement indien en l'obligeant, sous la pression de l'opinion publique nationale et sous les projecteurs du monde entier à verser une grosse somme que l'Etat indien devait au Pakistan, considéré par les extrémiste comme un Etat ennemi. En Inde, des fanatiques continuaient à massacrer les musulmans. Gandhi décida alors de poursuivre sa grève de la faim et obligea ainsi les autorités à signer un engagement écrit garantissant la sécurité des musulmans et la liberté pour eux de pratiquer leur religion. Ainsi s'est terminée, dans le sang, la vie d'un homme qui a su tenir tête à l'empire britannique mais aussi aux instincts sanglants de l'homme et qui avait renoncé aux plaisirs et aux honneurs que pouvaient lui procurer son statut de fils du Premier ministre d'un petit Etat du sous-continent indien et aussi son métier d'avocat.