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La démocratie, l'autre religion
L'INDE SE PREPARE AUX LEGISLATIVES GENERALES DE 2014
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 03 - 2014

Le scrutin, prévu en mai, s'annonce crucial et chargé de suspense
Par notre envoyé spécial à New Delhi Foued ALLANI
Grand suspense ces jours-ci au pays de Gandhi et de Nehru. L'Inde, la plus grande démocratie de la planète, se prépare, en effet, à des élections législatives générales, prévues en mai, particulièrement cruciales pour le pays mais aussi pour le Parti du congrès (centre-gauche) usé par une dizaine d'année au pouvoir au sein d'une coalition et éclaboussé par plusieurs scandales de corruption.
Confronté à d'énormes défis tant sur le plan politique qu'économique ou social et même sécuritaire, le deuxième pays au monde de par sa population (un peu plus de 1,2 milliard d'habitants) et troisième économie asiatique (10e sur le plan mondial) était presque en campagne électorale quand nous l'avions visité il y a un peu plus d'un mois.
Grâce à deux événements qui ont défrayé la chronique, nous avons pu entrevoir la teneur de la future campagne et avoir un avant-goût de son ambiance.
Le premier tournait autour de Rahul Gandhi, fils de Rajiv (et de Sonia l'actuelle présidente du Congrès), fils d'Indira fille du Pandit Jawaher Lal Nehru, second père de la nation indienne et son premier Premier ministre (1947-1964).
Il s'agit de l'annonce faite par Rahul (43 ans), vice-président du Congrès, qu'il était prêt à se porter candidat au nom de son parti au poste de Premier ministre. Une décision qui pourrait en cas de succès renouer avec cette désormais tradition dynastique de sa famille, son père et sa grand-mère ayant chacun, tour à tour, assumé cette lourde charge que l'aïeul a déjà supportée.
Le second événement étant le soutien apporté par le célèbre acteur Salman Khan à Narendra Modi, leader du BJP (Bharatiya Janata Party), la formation de la droite nationaliste hindoue qui a déjà dirigé le pays de 1998 à 2004, pour les élections de mai. Scrutin que Modi s'emploie à remporter eu égard aux performances économiques que l'Etat du Gujarat (Est) a atteintes sous sa direction (il en est le gouverneur ou Chief Minister).
Quand la télé s'en mêle
Débat passionné le soir-même sur l'une des innombrables chaînes de télé indiennes, la Headlines Today TV (privée), où des invités de marque essayent chacun de son côté de défendre ou d'attaquer Rahul Gandhi.
Cette seconde position est traitée sous l'angle de son manque d'expérience, de son caractère renfermé et indécis et des succès de Modi et de sa popularité grandissante.
Sachant que Modi représente pour les musulmans (13% de la population) ainsi que pour bon nombre de militants pour la laïcité un danger potentiel puisqu'il serait impliqué dans le massacre qui a coûté la vie à près de deux mille musulmans le 28 février 2002, à Ahmedabad, capitale du Gujarat, et ses environs (une commission mise en place juste après le crime a conclu en décembre 2013 à l'absence de preuves de sa culpabilité).
Les musulmans restent donc un électorat courtisé dans le pays que leurs coreligionnaires ont partiellement ou totalement gouverné pendant au moins cinq siècles (du XIIIe au XVIIIe siècle), même si leur poids économique reste faible par rapport à leur présence. Leurs revendications sont donc généralement bien mises en exergue lors des campagnes électorales (le grand dossier des waqfs par exemple — biens religieux de main-morte —qui ont subi bien des dommages...).
Deux jours après, les instances dirigeantes du Congrès se prononcent sur la question de la candidature de Rahul, le chargeant seulement de diriger la campagne électorale.
Un boulet nommé corruption
En annonçant, le 3 janvier dernier, son intention de se retirer de la politique, après les élections et après 10 ans à la tête du gouvernement, Manmohan Singh (81 ans), le Premier ministre sortant et architecte de l'émergence de l'Inde, a ainsi ouvert la voie à Rahul, qui, selon les observateurs, a toujours affiché une certaine tiédeur vis-à-vis des hautes charges.
Tout en essayant de défendre son bilan économique et social moins performant qu'il y a quatre ans, mais toujours largement positif (voir La Presse du 18 février 2014), le congrès ne cache plus son inquiétude face à un mécotetement qui trouve écho dans la montée en flèche du BJP de Modi. Surtout que le parti historique indien et leader pour l'indépendance du pays et son développement a été battu, début décembre dernier, aux élections régionales dans plusieurs Etats, notamment dans celui de Delhi. Entre les mains du Congrès depuis 15 ans, ce dernier est ainsi revenu à un «parti-moustique», né il y a juste une année avec à sa tête, un ancien fonctionnaire des finances se réclamant chantre de la lutte anticorruption, le Aam Admi Party (AAP) ou parti de l'homme ordinaire (Arvind Kejriwal, son fondateur, a démissionné le 14 février de son poste de gouverneur de Delhi).
La classe politique et administrative traîne donc comme un boulet la corruption qui a suscité un vrai mouvement populaire en 2011 grâce à un activiste se réclamant de l'héritage de Gandhi, Anna Hazare. Maniant à la perfection l'arme de la grève de la faim, Hazare a été d'ailleurs celui qui a inspiré ses supporters qui ont décidé la création en août 2012 du parti déjà cité de l'«homme ordinaire» (AAP).
Attaquée partout, la corruption a été au centre de plusieurs films dans le pays qui détient le record mondial de cette industrie.
«Satyagraha» (non-violence et désobéissance civile-Gandhi), le film de Prakash Jha, produit et diffusé en 2013 avec comme vedette le célèbre acteur Amitbah Bachchan, semble s'inspirer, en effet, de l'action de Hazare.
Il met en valeur aussi bien la grève de la faim du vieux que les méthodes de militantisme des jeunes basées sur les réseaux sociaux électroniques, la non-violence, la dénonciation dans les médias grâce à l'engagement de journalistes courageux.
Le culte des élections
Avec ses 780 millions d'électeurs, l'Inde est sans rival sur le podium des plus grandes démocraties dans le monde. Malgré tous ses problèmes économiques, sociaux (parfois aussi ethniques), le pays de Gandhi et champion mondial de la diversité voue une quasi-vénération aux élections.
Ainsi, en 2009, 714 millions d'électeurs ont pris part à cette grande kermesse de la démocratie dans 835.000 bureaux de vote et grâce à 1,18 million d'appareils pour vote électronique. Le tout géré par 11 millions d'agents affectés au scrutin sur lequel veille une commission indépendante.
Si l'Inde compte près de 700 partis politiques, elle ne peut compter que sur six seulement sur le plan national. Les autres devront se contenter des élections régionales, tout aussi importantes car permettant de contrôler les 28 Etats qui constituent la fédération. Celle-ci a choisi, grâce à sa Constitution du 26 janvier 1949, le régime parlementaire bicaméral (545 députés et 245 sénateurs).
Mais grâce aux coalitions, 38 partis sont représentés dans l'actuel Parlement. «La présence de la femme, quant à elle, n'excède pas les 10% au sein de l'actuel Parlement, mais le gouvernement aspire à favoriser la progression de ce taux afin qu'il puisse atteindre les 33%», nous a expliqué M. Parshad, journaliste accrédité, lors d'un exposé présenté dans l'amphi du musée du Parlement à New Delhi. Un spécialiste de la vie parlementaire indienne avec dans la poche 28 ans d'expérience.
Bref, une démocratie vivace qui peut s'enorgueillir d'une liberté d'expression au quotidien à toute épreuve (garantie par l'article 19 de la Constitution). Une liberté véhiculée entre autres par un impressionnant arsenal médiatique aussi bien public que privé, facilitant ainsi l'accès à l'information pour tous.
Mais l'expérience démocratique, relativement jeune et si intéressante soit-elle, vu les dimensions du pays, la grande diversité dont il jouit et ses ambitions de progrès, reste quand bien même fragile.
Plusieurs facteurs participent ainsi à cette fragilité en plus du fléau de la corruption dont ceux liés à la pauvreté, aux inégalités, à la violence contre les femmes, la montée de certains mouvements radicaux, etc.
Autant de problèmes qui pourraient favoriser le clientélisme et le vote pourrait alors s'effectuer en fonction d'intérêts immédiats et non en fonction des programmes des candidats. Espérons que cela restera l'exception et non la règle.
Dans le temple médiatique : Un paysage des plus denses et des plus variés
La plus grande démocratie du monde (plus de 780 millions d'électeurs) peut être fière de son agora. Un impressionnant arsenal médiatique des plus modernes, des plus denses, des plus variés et des plus performants vient l'animer. Journaux, magazines, radios, télé, site web et réseaux sociaux électroniques constituent une véritable richesse intellectuelle, sociale et même économique, véritable pilier d'une vie politique développée où la transmission du pouvoir s'est toujours faite par le biais des urnes. Performances qui dure depuis l'indépendance du pays le 15 août 1947. Cela sans compter le cinéma, industrie qui détient le record mondial de la production mais aussi de la diffusion (des milliers de salles).
Avec ses 94 mille périodiques dont 12 mille quotidiens, l'Inde est sans doute bien nantie en journaux. En hindi, en anglais mais aussi dans les autres langues régionales, les journaux se concentrent surtout sur les événements à l'intérieur du pays. Utilisation judicieuse de la photo, maquette lisible et aérée, publicité abondante, suppléments thématiques, les journaux sont généralistes et parfois spécialisés (économie).
«Nous remarquons l'accroissement du nombre de journaux dans les langues régionales», nous a appris M. Parshad, journaliste accrédité au Parlement avec 28 ans d'expérience.
Riche, le paysage audiovisuel comprend 170 stations radio et 860 chaînes de télé dont 400 d'information. News, shows, débats houleux et guignols qui n'épargnent personne, révèlent une presse «agressive» et professionnelle, collée aux besoins de ses publics.
L'Inde compte par ailleurs 120 millions d'internautes. Chiffre prévu à la hausse pour atteindre fin 2014 les 200 millions et 240 en juin 2015. Elle compte également 870 lignes de téléphones mobiles dont 160 intelligents. Ce qui a permis d'augmenter rapidement le nombre des internautes.
Nous avons pu visiter à Noida (banlieue de New Delhi) un grand groupe de presse «India Today» qui comprend tous les supports intégrés et offre ainsi à ses utilisateurs une information quasi-instantanée, traitée selon le support de diffusion.
Mais le quotidien en langue ourdou «Siasat» établi à Hydarabad (un peu plus de 1.200 km au sud de New Delhi) ne se contente pas d'informer. Fondé en 1949 avec pour principal objectif de lutter contre le départ des musulmans indiens pour d'autres pays, il a petit à petit enfilé des habits d'action sociale.
Avec les moyens de bord mais dans les règles de l'art, il s'est transformé en une véritable école pour enseigner les langues (surtout l'anglais mais aussi l'arabe), l'informatique, les petits métiers de l'artisanat, etc. Un programme qui vise l'employabilité des jeunes et l'intégration des femmes dans la vie publique et économique. Une vraie entreprise sociétalement responsable.
Lors d'un dîner-débat avec un groupe de journalistes indiens (des femmes en majorité), organisé à New Delhi par le ministère des Affaires étrangères, nous avons bien constaté la compétence de nos consœurs et confrères indiens et leur capacité à suivre l'actualité dans le monde arabe.
F.A.


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