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Ce que Bourguiba doit à Gandhi
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 10 - 2013


Par Hatem El KAROUI*
«Appeler les femmes le sexe faible est un mensonge. C'est une injustice des hommes faite aux femmes. Si la non-violence est la loi de nos êtres, le futur est avec les femmes». (Gandhi)
Parmi les éléments ayant concouru à la création de l'Umft (1), l'atmosphère qui avait prévalu au niveau de l'exploitation du thème de la non-violence cher au mahatma Gandhi.
Gandhi avait, en effet, rattaché la non-violence au féminisme. Il l'avait expliqué lors d'un discours pendant la marche du sel : «Appeler les femmes le sexe faible est un mensonge. C'est une injustice des hommes faite aux femmes. Si la non-violence est la loi de nos êtres, le futur est avec les femmes».
Trois ans avant l'époque de la marche du sel (12 mars au 6 avril 1930), Habib Bourguiba avait passé en mai 1927 son examen de licence à la Sorbonne et il avait obtenu respectivement une licence en droit et le diplôme supérieur d'études politiques de l'Ecole libre des sciences politiques et était rentré à Tunis pour exercer le métier d'avocat. Un autre intellectuel tunisien, Tahar Sfar, un illustre philosophe, l'avait suivi en 1928 pour exercer la même profession. Il avait alors accompagné le Rais jusqu'à sa mort en 1942 très jeune à l'âge de 39 ans dans sa lutte pour la libération de notre pays du joug colonial. Et il se trouve que Sfar avait soutenu indéfectiblement l'idéologie de «non-violence», préconisée par le Mahatma Gandhi.
On peut en déduire au plan chronologique que Bourguiba l'avait suivi dans ce choix idéologique et on rappelle, dans ce contexte, que les deux politiciens appartenaient tous deux à l'ancien Destour dirigé par Thaâlbi, car le Néo-Destour n'avait vu le jour qu'après le congrès de Ksar Hellal en 1934.
Mais qu'est-ce qui pouvait pousser ces deux leaders à adhérer alors à ce courant de pensée et en quoi la «non-violence » pouvait constituer au niveau politique un bon moyen de la lutte contre la colonisation à laquelle ils s'attachaient?
En fait, il avait pris conscience dans le milieu nationaliste qu'hommes et femmes devaient s'associer pour libérer le pays selon la stratégie la plus porteuse et la plus judicieuse. Or le phénomène colonial se traduisait par une attitude violente envers les indigènes que ces derniers ne pouvaient pas affronter de front. La colonisation dans les années 1930 était à son apogée, hargneuse et raciste avec un relent de fascisme favorisé par la montée concomitante d'Hitler.
La Tunisie affrontait une occupation envahissante de ses terres avec une colonisation agricole poussée que pratiquaient les Français de droite catholique, les moins à même à tolérer même un semblant d'égalité avec les indigènes. L'Administration des Habous avait été phagocytée par l'administration coloniale qui subtilisait subrepticement les domaines agricoles pour les transférer aux colons suivant des mécanismes juridiques douteux.
La stratégie de la non-violence
Beaucoup essayent de comprendre pourquoi Gandhi avait eu recours en Inde à cette stratégie pour combattre la colonisation et la réponse se trouve dans son itinéraire philosophique et idéologique inspiré par les théories de Tolstoï avec lequel il avait beaucoup correspondu pendant qu'il était représentant commercial d'une compagnie indienne en Afrique du Sud. Il y avait même créé une ferme modèle appelée «Tolstoï».
Avant son retour en Inde d'Afrique du Sud en 1915, il avait été confronté ouvertement à l'Apartheid et compris le degré de violence qui se dégageait du rapport entre la race blanche et les autres races.
Il se trouve que le modèle social anglo-saxon en Afrique du Sud est alors un mode communautariste avec une classification des races en pyramide qui aboutit au sommet à la race Blanche. Ce système est en fait géré par un système policier et militaire imposant le régime de terreur aux non-blancs. Ce choix n'est pas innocent compte tenu de la démographie galopante des autres races et de la position minoritaire de la race blanche dans ce «magma».
Gandhi avait découvert que les conflits en Afrique du Sud étaient brutaux et frontaux qui se traduisaient souvent par des bains de sang, car les Blancs, de par leur faible nombre, étaient acculés à utiliser des moyens extrêmes et il avait aussi découvert qu'avec l'occupation britannique en Inde le système de gouvernement n'est pas tellement différent, compliqué en plus avec le système de castes allant jusqu'aux «intouchables».
En même temps, le racisme touche de plein fouet les femmes qui se trouvent classées encore plus bas dans l'échelle, d'où il comprend l'importance de les fédérer dans la lutte contre l'occupant tout en évitant naturellement avec ce dernier une confrontation directe qui serait catastrophique, car génératrice potentiellement d'un véritable génocide ou d'un désastre humanitaire en tenant compte de la densité de la population et de son nombre.
En extrapolant, on trouve que le même système se retrouve aux Etats-Unis : un mode de vie communautariste et pyramidal avec un pouvoir répressif et violent que le leader Martin Luther King avait préconisé lui-même de contrer par une stratégie non-violente en l'absence d'autre choix. Et Mandela avait lui-même par la suite suivi Gandhi dans ses choix.
En Egypte, c'était un peu plus différent : la colonisation britannique de fait ou de droit était de nature militaire et basée sur l'occupation stratégique du Canal de Suez et elle était tout autant violente et basée sur un mode de vie communautariste mais l'occupation n'était pas basée sur une colonisation de peuplement. L'Islam qui constituait le ferment de la société Egyptienne permettait de faire germer en même temps un mouvement nationaliste plus fort et plus conscient. Le choc entre le colonisateur et le colonisé avait été par conséquent plus violent et la stratégie de la «non-violence» n'avait pas été largement utilisée pour s'opposer au phénomène colonial.
Gandhi disait d'ailleurs lui-même que pour gérer les conflits en Inde, la composition avec la société musulmane était différente. Plutôt que d'entrer avec les Musulmans dans une confrontation directe lorsqu'il était au pouvoir, il avait tendance à lui faire beaucoup de concessions. La stratégie de la «non-violence» devait être utilisée avec parcimonie et prudence avec les Musulmans compte tenu du dérapage et du débordement qui risquaient d'éclater, compte tenu des mentalités et de l'équilibre fragile qui existait entre les strates religieuses au niveau local. Gandhi avait même à ce niveau été accusé de passivité et de faiblesse vis-à-vis des Musulmans, ce qui aurait occasionné sa mort tragique.
La conception de Gandhi du féminisme
En reprenant et en réexpliquant ce qui avait été dans l'introduction dans le rattachement par Gandhi de la non-violence au féminisme lorsqu'il disait : «Appeler les femmes le sexe faible est un mensonge. C'est une injustice des hommes faite aux femmes. Si la non-violence est la loi de nos êtres, le futur est avec les femmes», on se rend compte que la conception de Gandhi du féminisme est similaire à celle de l'Islam. Peut-être comprend-on ainsi mieux la sympathie de Gandhi pour l'Islam et son refus de l'exclusion des Musulmans du système politique indien.
Ce que reprochait Gandhi aux Indiens (comme l'Islam d'ailleurs) c'est d'exclure les femmes du système de production et de réduire leur rôle dans la création des biens et des services au niveau économique. Par conséquent, il n'existe pas pour lui ni de «sexe fort», ni de «sexe faible». L'homme et la femme sont avant tout des êtres humains et au nom de leur humanité, ils coopèrent ensemble sans qu'il y ait besoin d'opérer une distinction entre eux. L'adoption de la non-violence n'est pas sexuée. Elle est une attitude philosophique prise quel que soit le sexe qui la prend. Bien plus, la non-violence en tant que force spirituelle se base sur les vertus de la bonté et de la douceur, qualités qui, généralement, sont essentiellement féminines, mais cela n'empêche pas que l'on puisse les retrouver chez les hommes.
Dans la société moderne, on tend dans certains mouvements féministes à développer les arguments suivants : à dire qu'il y a eu à travers l'histoire des erreurs foncières par la différentiation des rôles sociaux en fonction du sexe. Ainsi il est dit par exemple que la femme a toujours été éduquée dans le culte de la sensibilité et que l'homme a toujours été éduqué dans le culte de la dureté et de l'insensibilité (la femme tient la poupée et attend le prince charmant en tenant la poupée alors que celui-ci fait la guerre...La femme tient le foyer alors que l'homme assure le revenu en dehors du foyer, etc.).
Ce raisonnement n'est pas faux mais pour Gandhi, il n'est pas non plus un motif de méfiance continue de la femme vis-à-vis de l'homme. Le féminisme pur et dur est parfois aujourd'hui encore malheureusement une réalité palpable et fait qu'hommes et femmes s'opposent et se gaugent continuellement au lieu de regarder dans la même direction. Cette attitude prise de différentiation des rôles à travers les âges est progressivement abandonnée par une prise de conscience progressive des deux sexes. Lorsque Gandhi dit : «Le futur est avec les femmes », il signifie que la répartition des rôles traditionnelle est abandonnée et que désormais, hommes et femmes se tiendront côté à côte à tous les niveaux. Cette conception du féminisme a d'ailleurs été reprise par Bourguiba et Sfar par une interprétation éclairée de l'Islam.
L'erreur à ne pas commettre est aussi de ne pas déformer et d'insulter l'histoire. Il ne faut pas remettre en cause le fait que si la femme a percé dans différents domaines de l'activité sociale, c'est à cause de la position de certains hommes éclairés rejoints plus tard par certaines femmes éclairées. Le rapport de force étant au départ ce qu'il était, la femme n'a pas percé au départ sans aucune aide masculine alors qu'elle était démunie et ignorante. Ce n'est que lorsque certaines femmes ont pu acquérir leur autonomie qu'elles ont entrepris avec les hommes qui les ont appuyées de manière empathique pour aider les autres femmes handicapées à sortir de leur état défavorable.
Ainsi, le mérite de B'chira Ben M'rad lorsqu'elle a présidé l'Union des femmes musulmanes de Tunisie en 1936 est grand mais nier qu'elle ait été aidée par son père, le cheikh Mohamed Salah Ben M'rad, serait à mon avis faux. Ce dernier lui a ouvert la voie pour exprimer ses idées dans la revue « Chems El Islam », a rédigé pour elle les statuts de la nouvelle association, lutté lui-même contre le milieu conservateur réactionnaire de la Zitouna qui lui reprochait son avant-gardisme vis-à-vis des femmes, explicité dans ses œuvres ce que l'Islam avait apporté à la femme, etc. Dire qu'il aurait pu faire plus est une autre histoire.
Par la suite, les femmes ont relayé les hommes et ont appris à défendre leur mouvement sans aucune aide et appris en même temps à rendre les coups.
Mais qu'en était-il des chances de percée de la stratégie de non-violence en Tunisie ?
Revenons au système colonial français. Il est, on le sait, beaucoup plus nuancé que le système britannique.
Cela tient à plusieurs facteurs. D'abord la composante essentiellement musulmane de la société tunisienne. Comme en Egypte, la communauté musulmane est majoritaire. En Egypte, il existe une minorité copte et en Tunisie, il existe des petites minorités de Juifs et de Maltais.
La communauté italienne était avant le protectorat plus forte que la communauté française mais avec le partage colonial du monde suivant les deux guerres mondiales, les Italiens ont été progressivement contenus en Tunisie. Il s'en était suivi une polarisation entre deux communautés principales : la communauté française et la communauté musulmane.
La France, contrairement à la Grande-Bretagne, avait adopté cependant une autre politique vis-à-vis des Musulmans. Elle avait cherché à les assimiler par le truchement des naturalisations et par la création d'une classe moyenne musulmane intermédiaire de formation bilingue servant de relais entre la communauté française essentiellement chrétienne et la communauté musulmane.
Pourquoi ce choix ?
La France est avant tout le terreau de la philosophie des Lumières. Les laïcs de gauche (dont beaucoup de francs-maçons) y avaient combattu les religieux de droite pour rendre la société française plus séculière et il est tout à fait logique dans ce contexte que cette politique rejaillisse sur les Etats colonisés et protégés.
Mais à un certain moment de la colonisation en Tunisie, les «Prépondérants», essentiellement catholiques, s'étaient opposés à cette politique de mièvrerie « gauchisante » et tenu à combattre la stratégie d'intégration progressive des indigènes en les cantonnant hommes et femmes dans leur ignorance ou en leur dispensant une instruction rudimentaire susceptible de faire d'eux et d'elles éternellement de simples exécutants (tes).
Le réveil de la conscience nationale et le phénomène mondial de la décolonisation naissante avaient achevé de radicaliser le courant colonial conservateur, inquiet de devoir perdre définitivement ses privilèges accumulés pendant les dernières décennies.
D'où la radicalisation et la répression féroce des ébauches de libertés.
Le Parti Destour avait donc décidé de réfléchir aux moyens de contrer ces méthodes fascisantes du colonisateur et c'est dans ce contexte que s'inscrivent les tentatives de Bourguiba et de Sfar de juguler le phénomène colonial par des moyens non violents adaptés à la mentalité paisible du Tunisien. Mais au fond, un résultat à long terme était poursuivi : utiliser la non-violence comme une étape intermédiaire vers une lutte plus radicale. Transition qui s'était opérée plus tard.
Dans la création de ce laboratoire d'idées, les nationalistes avaient donc initialement regardé du côté des leçons qu'ils pouvaient tirer de l'expérience indienne de Gandhi tout en l'adaptant à la situation tunisienne.
Ils y ont vu en particulier le recours à la mobilisation de la partie féminine de la société tunisienne à travers le développement du tissu associatif en particulier de nature caritative.
On peut donc estimer que cet appui s'était cristallisé à partir de 1927, date à laquelle Bourguiba et Sfar avaient amorcé leur engagement associatif, notamment en participant avec un groupe de camarades d'études tunisiens, algériens et marocains à la création de l'Association des étudiants musulmans d'Afrique du Nord, dont il était devenu le premier vice-président (2).
Les nationalistes au rang de l'ancien Destour avaient alors commencé par dénoncer l'organisation du Congrès eucharistique de Carthage et par la sensibilisation de l'opinion musulmane et sa mobilisation contre le régime du Protectorat. Une brochure publiée en 1930 par le bureau tunisien d'informations installée au Caire, en avait donné le ton : «La neuvième croisade qu'ont proclamée les catholiques français — prêtres et hommes politiques — dans la régence de Tunis, n'est pas un événement survenu à l'improviste: elle constitue, dans une longue chaîne, un anneau que d'autres ont précédé et que d'autres suivront... Oui, c'est une agression dont l'Islam et l'arabisme sont les objectifs...Il n'est pas exclu si l'Eglise échoue dans son entreprise actuelle, qu'elle recoure à la force... et derrière l'Eglise se trouve le gouvernement».
A la même année, Tahar Sfar avait enseigné à la Khaldounia alors que le père Demeersman, directeur d'Ibla, assistait à ses cours, ce qui donnait une indication sur sa grande ouverture d'esprit et son appui foncier au dialogue des religions malgré la conjoncture par laquelle le pays passait.
Après le congrès de Ksar Hallal en 1934 et la création du Néo-Destour, Sfar avait continué à être l'un des amis les plus fidèles de Bourguiba avec lequel il aimait discuter et philosopher, la philosophie étant sa passion. Il avait alors manifesté sa grande admiration pour Gandhi et, comme lui, il avait donc préconisé la lutte non-violente. Les militants du Néo-Destour le désignaient souvent comme le philosophe du parti.
De manière extensive, on peut d'ailleurs dire que la «Politique des étapes» de Bourguiba s'inspire largement de la théorie de «non-violence» de Gandhi.
Il était donc intéressant de faire croiser les itinéraires suivis par les deux hommes à l'heure où la Tunisie connaît une grande mutation politique. On peut alors tracer ce qui était resté et transmis par les leaders tunisiens à cette révolution dont tout le monde s'accorde à dire qu'elle est pacifique et non violente et il ne fait pas de doute que les femmes tunisiennes comme elles l'ont fait pour aider à obtenir l'indépendance continueront à agir pour faire échouer la contre-révolution.
En Inde et au Pakistan, des dirigeantes féminines célèbres comme Benazir Bhutto et Indira Gandhi ont pu percer, justement comme résultat du succès de la théorie non-violente. Pourquoi pas en Tunisie ?
*(Ecrivain)
Repères :
Union des femmes musulmanes de Tunisie Umft ou Ufmt
B'chira Ben M'rad en tant que présidente de l'Umft avait prononcé un discours à l'occasion du 10e anniversaire de la création de l'Association des étudiants nord-africains le 6 mars 1936.


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