L'EST, en pleine crise, sous la conduite de Ben Yahia, s'est déplacée pour tenter de rebondir, alors que l'USBG joue avec la tête et les jambes ailleurs. Le CA et l'ESS vont attendre le prochain tour. La compétition africaine des clubs est de retour parmi nous. 4 clubs sont engagés dans la double compétition, à savoir l'EST et l'ESS en Ligue des champions, le CA et l'USBG en Coupe de la CAF. Cette semaine, l'EST et l'USBG font leurs débuts, alors que le CA et l'ESS vont attendre jusqu'au tour prochain. Quelles chances pour nos représentants? Il faut dire qu'à partir de la dernière édition, on a senti quand même qu'il y a un décalage par rapport aux autres clubs africains qui montent et qui gagnent. L'édition 2017 a montré que l'EST et l'ESS, éliminées par Al Ahly, ont perdu du terrain par rapport à Al Ahly et Al Widad. Le CA, lui, a dû s'incliner et sortir par la petite porte face à un adversaire qui était à sa portée, alors que le CSS a quitté dès le stade des quarts. Voyons les choses réellement et pas avec les sentiments. C'est vrai que nos clubs, surtout les quatre «grands», ont un grand vécu dans les compétitions africaines depuis le début des années 90, mais lors des dernières années, on a quand même eu des difficultés pour gagner et jouer les premiers rôles. Les ambitions sont légitimes et poussent pour réussir, mais encore faut-il que ces ambitions soient fondées et que la valeur réelle de l'équipe qui veut réussir en Afrique puisse l'aider à se démarquer de la «concurrence». EST : Ben Yahia et le poids des années En pleine crise de résultats et de confiance, l'EST, emmenée par l'éternel revenant Khaled Ben Yahia (il a entraîné l'EST en 1997, 2005, et 2014), n'est pas dans une bonne passe, et son déplacement en Mauritaine pour jouer le premier tour n'est pas exempt de danger. Mais après deux entraîneurs limogés, Benzarti et Kebaïer, et avec un effectif contesté largement par le public (essentiellement le compartiment défensif), l'EST est-elle en mesure de réaliser son rêve le plus cher, un 3e titre africain dans l'épreuve fétiche ? Ceux qui pensent que la crise actuelle va compromettre les chances continentales espérantistes se trompent. A l'EST, la gestion des crises est différente des autres clubs. Beaucoup de réactivité, et une communication intense, avec un «lobbying» médiatique qui permet d'atténuer les effets de la crise. Ben Yahia, quant à lui, est un ex-joueur emblématique qui connaît bien le Parc B et la pression de ce public. C'est aussi un joueur qui a accompagné l'émergence de l'EST en coupes d'Afrique depuis 1987 (Amarildo et surtout Piechniczek) et qui sait bien ce que représente la victoire en Afrique pour les «Sang et Or». Ben Yahia travaillera sur l'aspect mental en premier lieu et comptera sur l'ensemble actuel de joueurs qui ont certainement des qualités, mais qui manquent de régularité. Une touche tactique? Pas encore le temps, Ben Yahia devra changer un ou deux joueurs au maximum et conserver les repères du jeu de Kbaïer. USBG : aucune pression Samir Sellimi, entraîneur de l'USBG, l'a dit clairement, la coupe de la CAF ça ne le regarde pas et ce n'est pas un objectif clef pour lui ni pour l'équipe qui a le souci du maintien. Cela dit, l'USBG qui se trouve en bas du classement en championnat va affronter Ahly Juba (Sud-Soudan) avec l'envie de bien défendre ses chances et faire honneur aux couleurs du club. Pas de pression de résultats ni l'obligation de bien faire et cela peut l'aider vraiment à réussir et au moins à ne pas être accablé. Ce qui fait la différence pour des clubs mal classés en championnat quand ils jouent en Afrique, c'est qu'ils évoluent décontractés et sans la peur au ventre. Sellimi a aussi quelques joueurs qui ont déjà une petite expérience des épreuves africaines comme Jaziri, Coulibaly ou Ben Messaoud. L'USBG ne doit pas avoir un complexe d'infériorité, et même si elle consacre tous ses moyens au maintien, elle doit tenter sa chance. CA et ESS ménagés Les Clubistes et les Etoilés ont tous les deux une grande expérience continentale. L'ESS a certainement gagné plus de titres, et la Ligue des champions reste un objectif stratégique. Mais après le départ de Balbouli, Ben Amor, Neguez et la régression de Brigui, Lahmar, M'sakni, les Etoilés ont-ils des chances pour jouer les premiers rôles? C'est Madhoui, l'entraîneur de l'équipe qui en sait plus, mais avec les perturbations qu'a connues l'équipe et des vestiaires chauds, gagner la Ligue des champions ne sera pas une mince affaire. Les dirigeants étoilés ont, pour l'anecdote, inscrit 23 joueurs sur la liste envoyée à la CAF, et cette liste paraît assez équilibrée, mais elle manque de joueurs capables de rivaliser avec les joueurs d'Al Ahly. Du côté du CA, c'est l'équipe qui semble, en ce moment, la mieux nantie. Malgré le flou sur la direction du club, le CA semble avoir amorti le choc et réussi cette transition douloureuse grâce à des joueurs qui ont retrouvé la joie de jouer. Les Clubistes n'ont pas l'urgence de jouer la compétition africaine, mais ça ne va pas tarder. Les joueurs de Bertrand Marchand compteront surtout sur la dernière participation en coupe de la CAF pour repartir, et compteront sur la solidité de l'effectif qui, sans grands noms, forme un bloc uni et homogène. Gagner en Afrique? C'est encore tôt d'en rêver même si la coupe de la CAF 2018 offre une grande occasion.