L'entretien accordé, dernièrement, par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (Mesrs) à l'agence TAP a été l'occasion de soulever des questions parmi les plus brûlantes qui touchent au système d'enseignement, aux attentes, aux réalisations ainsi qu'aux opportunités énormes qui s'offrent à la Tunisie Il serait bon de revenir, ici, sur certains points forts dans la politique engagée dans ce domaine. On ne pourra pas passer sous silence l'importance de l'année 2017 en ce sens qu'elle a été clôturée par la tenue des Assises nationales (2 et 3 décembre), tant attendues, sur la réforme de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. A ce sujet, le ministre a rappelé que la Fédération générale de l'enseignement supérieur (Fgesrs) avait préféré boycotter ces réunions mais il n'en demeure pas moins que certains syndicalistes ont adopté quelques-uns de ses outputs. Meilleur classement international La mise en œuvre des résolutions issues de ces assises devrait impulser la dynamique déjà engagée dans le secteur de l'enseignement supérieur. Même si on reconnaît qu'il y a de grandes réticences de la part des uns et des autres. Ce qui n'a pas empêché le ministère de mener à bien nombre d'actions et à enregistrer des succès au niveau des programmes élaborés. Le ministre, lui-même, en a donné des preuves vendredi dernier lors de son allocution dans la conférence sur «La réforme de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique : classement des universités tunisiennes, garantie de la qualité, de l'accréditation et de l'ouverture sur l'environnement international». En effet, nos universités ont commencé à acquérir plus de visibilité en se plaçant parmi les 1.000 premières universités dans le monde. C'est ainsi que l'Université Tunis El Manar se place à la 703e position gagnant, de la sorte, 327 places dans le dernier rapport de 2017 alors que l'Université de Sfax occupe la 752e position avec une avance de 253 postes par rapport au classement précédent. M.Slim Khalbous a expliqué, dans l'interview, que « nos universités sont trop petites de taille, ce qui fait que leur classement mondial n'est pas très honorable. L'idée est de créer des pôles universitaires en regroupant des établissements et des centres de recherche pour qu'ils puissent avoir une taille plus significative et devenir ainsi plus visibles à l'échelle internationale. » Il a donné, à cet égard, l'exemple du nouveau pôle entre les universités de Sousse et de Monastir. En matière de recherche scientifique, le ministre de l'Enseignement supérieur a révélé que pour 2018, le budget alloué a augmenté de 30%, ce qui représente une première. De plus, une meilleure gestion et une plus grande rationalisation de ces fonds sera appliquée. Ce qui constitue, là aussi, une nouveauté. L'Etat encouragera les recherches portant sur ce qui est considéré comme prioritaire et ayant son impact sur l'environnement. Toutefois, il ne faudra pas compter uniquement sur les financements publics. L'Etat cherchera d'autres ressources en recourant aux bailleurs de fonds internationaux. Il existe, déjà, le programme européen «Horizon 2020» pour la recherche et l'innovation, qui a drainé cette année à la Tunisie 5.2 millions d'euros contre 1.2 millions d'euros l'année dernière. Fuites des compétences D'autres mesures viendront renforcer les efforts visant à donner un nouveau souffle au secteur de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, notamment grâce à des dispositions, juridiques à l'instar du décret-loi qui permettra d'attirer les étudiants étrangers désireux de poursuivre leurs études payantes chez nous. Un projet, dans ce sens, sera, instamment finalisé. Ce créneau est porteur d'autant plus que de nombreux pays africains apprécient le niveau d'enseignement en Tunisie. D'ailleurs, M. Slim Khalbous a annoncé qu'il se rendrait, bientôt, en Côte d'Ivoire pour étudier les possibilités de coopération avec ce pays qui compte près de 80.000 bacheliers chaque année. Il y a, également, des Libyens et des Algériens qui sont intéressés par des études en Tunisie. D'où la possibilité de parvenir à dynamiser cette nouvelle orientation de l'enseignement supérieur payant pour les étudiants étrangers. La Tunisie peut devenir une destination académique de premier plan en Afrique. Il suffit d'y croire. Nos compétences sont reconnues. Il serait possible de passer de 7.500 étudiants étrangers actuellement à 20.000 dans les établissements publics et privés d'ici 2020. S'agissant de la question des docteurs chômeurs et de la fuite des cerveaux, le ministre a voulu rectifier quelques chiffres. Officiellement, il n'y aurait que 2.500 docteurs au chômage et non pas les quelque 4.000 qu'on annonce à tort et à travers. Leur situation est, certes, préoccupante. Mais cinq mesures essentielles ont été prises en leur faveur (formation des chercheurs en entreprise avec une subvention de l'Etat fixée à 80%, recrutement des docteurs dans les universités privées, recrutement des docteurs en entreprise, entrepreneuriat privé, coopération internationale). Quant à la « fuite des cerveaux », le ministre ne reconnaît que 1.400 enseignants universitaires à l'étranger. « Les vraies statistiques émanent, seulement, de notre département et de l'Agence tunisienne de coopération technique (Atct). Aucun enseignant universitaire exerçant dans l'université publique tunisienne ne peut partir à l'étranger sans l'autorisation du ministère », souligne-t-il.