Une grève le 6 décembre 2017, une autre le 15 février courant doublée d'un boycott administratif et une menace réelle d'une année blanche dans les collèges et les lycées. Voilà le cocktail explosif minutieusement préparé par la Fédération générale de l'enseignement secondaire (Fges). Il n'y a aucun doute sur la volonté de cette structure syndicale relevant de l'Ugtt d'aller de l'avant dans l'escalade. Et, cette fois, il semble que les conséquences s'annoncent désastreuses. Les intentions des responsables de la Fges sont claires : aller jusqu'au bout si tant est que l'on puisse comprendre ce que c'est que ce bout là. La détermination serait sans faille pour demander à la Centrale syndicale de convoquer une réunion de la Commission administrative le 24 février prochain pour adopter les actions à mener pour faire monter les enchères. Silence complice ? Le S.g de la Fges affirme, à qui veut l'entendre, que tout sera fait pour aboutir à la réalisation des revendications des enseignants. Fort des résultats très «positifs» du taux de participation à la dernière grève, il menace d'une année blanche pour tous les élèves des collèges et des lycées dont le nombre dépasse les 900.000. Cette issue, pour lui, est parfaitement envisageable tant que les autorités ne se seront pliées à ses exigences. Rien, donc, ne pourrait arrêter cette initiative aventureuse. Le ministère de tutelle a, à maintes reprises, sollicité la négociation mais la partie syndicale n'y voit aucune utilité. Pourtant, le tableau de bord est, on ne peut plus, transparent. Les capacités du budget de l'Etat ne sont pas en mesure d'honorer les demandes d'augmentation des primes. Financièrement parlant, il est quasiment impossible, de répondre à ces exigences. N'importe quel observateur peut le reconnaître. D'où l'étonnement légitime que tout un chacun peut éprouver face à l'aveuglement des gens qui ont adopté comme règle la revendication continue sans aucune considération face aux difficultés du pays. Le plus étonnant, c'est que les organisations ou les associations qui sont toujours promptes à soutenir ce qu'ils estiment être «les droits» des citoyens et leur liberté n'ont pas bougé le petit doigt ou, même, exprimé leur avis à propos de ce conflit. A l'Arp tout se passe comme si l'avenir d'un million d'élèves ne concerne pas les 217 députés. Aussi, le silence (complice ?) est-il de rigueur. La consigne est «ne nous brouillons pas et ne nous mouillons pas avec les syndicalistes». Bien sûr, tous ces acteurs de la vie civile ne s'attaquent qu'à l'Etat parce qu'ils savent d'avance qu'ils n'encourent aucun risque. Le même scénario Cette attitude face à ce qui se passe et ce qui est ourdi contre nos enfants n'est que de la lâcheté. Le ministre de l'Education a beau dire, par exemple, que la rétention des notes des élèves et sa non-remise à l'administration n'est pas réglementaire, rien n'y fait. Or, il ne suffit pas d'affirmer une telle lapalissade, encore faut-il agir dans le bon sens. N'y a-t-il pas un tribunal ? Pourquoi ne pas s'en remettre à la loi pour trancher définitivement ce litige ? N'oublions pas que c'est, chaque année, le même scénario. Nos élèves ne peuvent plus étudier dans des conditions sereines. Tout leur cursus est ponctué de ces querelles sans fin entre les autorités et des syndicats qui s'arrogent tous les droits et se permettent même de dicter leurs règles de conduite. D'ailleurs, la menace d'une année blanche ne serait pas une menace en l'air. Le fait de ne pas avoir remis les notes des élèves pour le premier semestre est une façon de couper l'herbe sous les pieds du ministère. Les syndicalistes ont, délibérément, prévu ce scénario. Par cette mesure, il sera impossible à l'administration d'appliquer le passage automatique des élèves à l'instar de ce qu'a fait Néji Jalloul, il y a deux ans lorsque, justement, le syndicat du primaire n'avait pas remis les notes de fin d'année. C'est ce scénario que les responsables de la Fges veulent éviter, cette fois. Ils cherchent à bloquer toutes les issues devant l'administration pour que leur action soit «un franc succès» comme leur dernière grève. Ne disposant pas des notes du premier semestre ni de celles du second, les établissements ne pourront rien faire. Et comme les membres de la Fges se sentent les mains libres, ils pourront, facilement, atteindre leurs objectifs. En somme, faire capoter l'année scolaire 2017-2018. De ce fait, ce sera, à leur «honneur» d'avoir réalisé une première en Tunisie. Puisque personne ne peut leur barrer la route, ils ne feront que poursuivre leurs desseins. C'est à peine si on constate des voix qui s'opposent à ces comportements irresponsables. Même si, dernièrement, des positions sont prises par des associations de défense des élèves et des parents se sont élevées pour critiquer l'attitude peu responsable de la Fges, on note que le ton n'est pas aussi ferme. Réactions timides C'est, tout juste, si on affirme que ce «n'est pas la première fois que l'élève est entre le marteau et l'enclume» et qu'il est victime des tiraillements entre les syndicats et l'administration. Ces associations soulignent, en effet, le droit constitutionnel de l'enfant tunisien à l'éducation. En contrepartie il n'y a aucune indication pour aider à sortir de l'impasse. Aucune décision concrète, non plus, pour se prononcer, sans ambiguïté, contre la prise en otage de milliers de nos enfants dans des querelles politiques et d'influence maquillées par des revendications sociales dont chacun sait qu'elles sont impossibles à honorer dans les conditions actuelles. Les parents sont appelés à s'organiser pour se défendre et défendre les intérêts de leur progéniture contre les marchandages sordides qui s'opèrent à longueur d'année. Ceux qui veulent réaliser des desseins n'ayant aucun lien avec l'avenir des générations de jeunes n'ont qu'à choisir d'autres terrains. Et là, on comprend bien pourquoi les syndicats de l'enseignement ont, toujours, été contre la présence de représentants des parents dans les structures des établissements. C'est pour leur laisser la voie libre. Pour l'heure, il faudrait sauver l'année scolaire en cours avec les moindres dégâts. Car les dommages sont déjà faits pour près d'un million de collégiens et de lycéens (notamment les nombreux au niveau des élèves des classes terminales). Tout doit être entrepris pour mettre fin à la plus grande prise d'otages qui se déroule sous les yeux de ceux qu'on appelle «les défenseurs des droits de l'homme». Y a-t-il droit plus noble que celui de s'instruire ? La Centrale syndicale, elle aussi, doit se prononcer clairement. Sa Direction consciente des véritables capacités matérielles du pays a, déjà, pris des décisions hautement responsables dignes de l'Ugtt en laquelle tous les Tunisiens se reconnaissent. Nous sommes certains que le premier responsable de l'Ugtt saura réagir et adopter l'attitude la plus responsable et la plus sage qui soit aux autres structures de cette importante organisation.