Constitution d'une société d'investissement formée par des investisseurs privés et publics. Le choix du site d'Enfidha a été établi suite à des analyses multi-critères. Dans le cadre de la réalisation du port en eaux profondes d'Enfidha, décidée par le conseil ministériel réuni le 2 février 2018 et moyennant un programme de partenariat public-privé, une société d'investissement formée par des investisseurs privés et publics a été constituée à cet effet. Actuellement, et comme nous l'a indiqué le commandant Ezzeddine Kacem, expert maritime et rapporteur de la commission régionale chargée du suivi de la réalisation du port en eaux profondes d'Enfidha et de la zone logistique, il a été procédé aux opérations d'expropriation des terrains privés, qui seront réservés à l'espace de réalisation de la zone logistique, et dont la superficie totale est de 900 ha, sachant que les indemnités d'expropriation seront assurées par l'Etat. Des espaces pour l'entreposage Cette zone logistique, a poursuivi M. Kacem, comportera des espaces pour l'entreposage des conteneurs, l'implantation des «magasins cales» (destinés à l'entreposage de diverses marchandises), des gerbeurs (engins de manutention servant au gerbage des marchandises empilées et entassées), et des grues sur rails. Il a indiqué que la société d'investissement sera chargée des appels d'offres pour la réalisation des divers espaces précités. Le commandant E. Kacem nous a révélé que le choix de la réalisation de ce port en eaux profondes à Enfidha a été fixé suite à des analyses multi-critères établies sur 8 sites sis sur le littoral tunisien, qui ont été étudiés en détail, tenant compte de plusieurs aspects, dont l'attraction du trafic, les réserves foncières, la faisabilité technique, les impacts socioéconomiques et environnementaux et, enfin, les conditions hydrauliques et météorologiques. Il a rappelé que ces analyses multi-critères ont permis d'aboutir à une liste restreinte de 6 sites, à savoir ceux de Cap Serrat, Errimel à Bizerte, Kalaât El Andalous, Cap Bon nord, Enfidha et Skhira. Critères de sélection Par ailleurs, les critères de sélection de ces 6 sites ont été examinés de manière plus structurée sur la base des données commerciales, opérationnelles, financières et d'investissement, environnementales, socioéconomiques et attractives des investisseurs. L'étude d'évaluation a donné les résultats suivants: le site d'Enfidha a totalisé 3,89 points, Errimel (3,5 pts), Kalaât El Andalous (3,3 pts), Skhira (2,93 pts), Cap Bon nord (2,71 pts) et Cap Serrat (2,32 pts). Le gouvernement tunisien, a poursuivi M. Kacem, a donc retenu la réalisation du port en eaux profondes dans le site d'Enfidha, et ce, en 2007. Ainsi, les études prévues dans le cadre de la mission des experts de la société hollandaise «Royal Haskoning» (et notamment les études de faisabilité technico-économique et d'avant-projet sommaire) porteront donc sur ce site. Il a ajouté que les avantages que présente le site d'Enfidha sont nombreux, à savoir une position privilégiée en Méditerranée centrale, à proximité des principales lignes maritimes, une position centrale stratégique économique du pays, une implantation dans une zone en pleine expansion, une proximité des infrastructures et, notamment, de l'autoroute et du réseau ferroviaire, une possibilité d'exploitation des réserves foncières importantes aussi bien pour le port que pour l'implantation d'une zone d'activités économiques et logistiques, une disponibilité de la main-d'œuvre qualifiée dans les zones avoisinantes et un cadre de vie de haut standing (aéroport et zone industrielle d'Enfidha). Le projet comporte, en outre, un port, dont la profondeur doit être de 20 mètres pour accueillir les navires à 20.000 conteneurs et permettre l'entreposage de 20 millions de conteneurs (EVP) / an. Le commandant Kacem nous a signalé que d'après son étude, l'exploitation de ce port par un ou quelques opérateurs d'envergure mondiale permettra de bénéficier des standards technologiques et opérationnels internationaux. Zone d'activités logistiques Il a ajouté qu'un accord de partenariat avec une ou plusieurs compagnies maritimes régulières assurera au port un «global hub» en Méditerranée afin de garantir les volumes de transbordement nécessaires. Notre interlocuteur a précisé que son étude portant sur la réalisation d'un port en eaux profondes de 20 m au lieu de 17 m (comme stipulait jadis l'étude élaborée par la société Royal Haskoning), ainsi que d'une vaste zone d'activités logistiques et économiques permettront de créer un «global hub port» pour desservir le continent africain, à l'instar des «global hub ports» sis à Long-Beach (Californie, USA), Rotterdam (Europe), Singapour, Shanghai et Hong Kong (Asie), dont la profondeur de ces ports est de 20 m. «Mon étude (port de 20 m de profondeur), a-t-il poursuivi, permettra de donner une meilleure rentabilité au port d'Enfidha pour deux raisons. La première concerne l'attraction de partenaires géants qui sont les plus grands armateurs du monde, tels que Maersk (Danemark), CMA - CGM (France), Evergreen (Japon), China -Lines (Chine). La seconde raison a trait à la possibilité d'accueil par ce port de navires transportant 20.000 conteneurs et l'entreposage de 20 millions de conteneurs (EVP)/ an, et ce, contrairement aux 13 ports régionaux méditerranéens, sis notamment en Egypte, Algérie, Maroc, Sicile, Cagliari, Malte, Italie, France, Espagne et Turquie, et les autres ports de la côte ouest et est de l'Afrique qui sont actuellement à 18 m de profondeur et qui ne disposent que d'une capacité d'accueil et de stationnement estimé à 3,5 millions de conteneurs (EVP) / an». Hichem Benzarti