Après avoir effectué en 1997 puis en 2002 et 2005 une étude comparative des sites Cap Serrat, El Rimel, Cap Bon Nord, El Andalous, Enfidha et El Skhira, le bureau Beep BV a retenu deux d'entre eux. Il s'agit de ceux d'Enfidha et El Rimel à Bizerte, considérés comme les plus attractifs. Le gouvernement de 2005 a choisi à l'époque le site Enfidha, un appel d'offres international ayant été lancé, mais a été non concluant. En 2016, sur le conseil des mêmes compétences administratives, le ministère du Transport est à l'œuvre pour un deuxième appel d'offres international. Seulement, entre-temps, les paramètres internationaux ont évolué. En effet, le Maroc a validé et construit Tanger Med, un port en eaux profondes à quelques 2.000 km de nos côtes. D'un autre côté, d'autres études contestent la rationalité de ce choix. En effet, un groupement de bureaux d'études Idom Consulting, Opus Ingénierie, Opéra conclut : «Dans le cas d'Enfidha, la totalité du port projeté est une profondeur naturelle de moins de six mètres. Les coûts de construction à Bizerte, relatifs aux mouvements de terre, sont plus avantageux et permettent de gérer de manière optimale le respect des prescriptions en matière de préservation et de maintien de l'environnement écologique». Cette étude a été présentée au ministre du Transport en mai 2013. Un projet de port en eaux profondes génère un minimum de 3.000 emplois directs sur le port et plus de 70.000 indirects par la création de zones franches industrielles et logistiques. La Tunisie a besoin de ce projet car nos délais à l'import et à l'export sont élevés respectivement à 17 et 13 jours et nos coûts à 858 et 773 dollars en 2013 selon Doing Business 2013. Ces statistiques font que la Tunisie est peu attractive. Il y a encombrement au port de Radès. Mais un port moderne doit attirer les armateurs qui sont à la source de la création de l'activité. Ces armateurs, avec l'autorité portuaire, gèrent les grandes places et se localisent en général sur une autoroute maritime. Et justement l'axe Suez-Gibraltar est le deuxième mondial du trafic maritime avec 100.000 passages par an devant nos côtes. Combien de ces armateurs classés parmi les premiers mondiaux ont exprimé leur volonté de s'installer à Enfidha? Question à laquelle le ministre du Transport actuel, maintenu à son poste après le remaniement, n'a pas répondu lors d'une réunion avec les députés. C'est dans ces conditions donnant avantage à la capitale du Nord que le conseil régional de Bizerte a voté le 30 septembre dernier à l'unanimité pour l'installation de ce projet à Bizerte, répondant ainsi positivement à l'appel de plusieurs armateurs et financiers intéressées par le site El Rimel. En termes de financement et d'investissement, le plus grand projet du plan 2016-2020 est la réalisation du port en eaux profondes. N'est-il pas opportun de faire un audit et de suggérer plusieurs sites concurrents à côté d'Enfidha ? La rentabilité d'un tel projet dépend essentiellement d'entreprises exploitantes et d'armateurs internationaux. On devra choisir alors selon des critères de rentabilité du secteur de la logistique internationale. Ces pistes réduiront la probabilité d'erreur de choix des investissements. La Tunisie devrait tirer profit de sa position stratégique en Méditerranée du Sud pour attirer un trafic maritime et des investisseurs qui choisiront le site le plus rentable. Le doute n'est pas permis car les enjeux sont énormes...