Le jeune technicien vient de se séparer du CO Médenine pour aussitôt rebondir du côté de Métlaoui. Le champion d'Afrique 2007 avec l'Etoile du Sahel mesure parfaitement les limites de l'option du changement d'entraîneur. «Non, le remaniement technique n'a jamais constitué la solution aux malheurs d'un club. En débarquant, l'entraîneur met en place un planning, recrute les joueurs dont il a besoin... Alors que le club avance et qu'il lui reste encore une marge de progression, voilà le coach évincé. Le bureau directeur n'a pas suffisamment de patience vis-à-vis de l'entraîneur alors qu'il ne lui a pratiquement assuré aucune condition de la réussite: les salaires des joueurs accusent de gros retards, même le matériel de travail ne lui est pas fourni... On change de technicien dans l'attente d'un choc psychologique. Un facteur sur lequel on compte, mais qui représente carrément une calamité pour le football tunisien. Un club peut changer plusieurs fois d'entraîneur par saison sans que le choc se produise. Le décollage tant escompté peut a contrario arriver avec un technicien capable de trouver la composition idoine de l'effectif et d'aligner des joueurs qui se complètent. Notre culture sportive doit changer en ce sens où il faut donner une plus grande chance à l'entraîneur, et lui demander des comptes sur l'état d'avancement de son projet, et non simplement sur deux ou trois rencontres. «Le public fait la loi» «S'agissant du football tunisien, il faut admettre que le fait de parler de projet sportif constitue une usurpation, un bluff. Je donnerai l'exemple de Lassaâd Dridi. Tous les jeunes techniciens dont je fais partie ont salué la chance qui est donnée à un jeune coach par un des quatre grands clubs du pays. Dridi a parlé de projets à moyen et à long terme. Malheureusement, il a suffi d'une petite série de nuls pour le voir viré. J'ai eu pratiquement la même mésaventure avec le CO Médenine, sauf que la volonté de changement était réciproque. Le COM et moi-même partagions la même envie de divorce à l'amiable. En vérité, le public fait la loi. Par le biais de facebook, il commande et trace la vie du club. Devant un PC, il suffit au public de propager une rumeur pour déterminer l'avenir de l'entraîneur. N'oubliez pas non plus les conséquences de ces changements intempestifs sur le niveau technique. Trouvez-vous normal qu'un club change quatre fois d'entraîneur l'espace de sept ou huit mois ? C'est tout simplement inadmissible. Il faut au moins trois mois afin qu'un technicien puisse laisser son empreinte au niveau du jeu. Nous détenons un triste record en Tunisie: seule l'Union Sportive Monastirienne n'a pas changé d'entraîneur. Skander Kasri est le dernier à faire de la résistance. Trente-cinq à quarante noms étaient passés par les clubs de L1 qui ne sont que quatorze. Personnellement, j'ai longtemps résisté, restant à mon poste à la tête du COM depuis la deuxième partie de la saison dernière. Q'un club engage deux entraîneurs par saison, on peut à la rigueur l'admettre. Pas davantage. La règle adoptée à l'occasion de l'assemblée générale de la FTF interdisant à chaque club d'engager plus de trois entraîneurs par saison est facilement contournable. Les présidents des clubs savent esquiver la loi comme ils l'entendent au moment de faire signer un entraîneur».