L'autorisation a été accordée à 200 sociétés privées pour s'adonner à cette activité (collecte et transport de l'huile usagée). Trois sociétés sont actuellement spécialisées dans le traitement de ces huiles et trois autres se sont orientées vers le recyclage et la valorisation Jeter l'huile de friture dans les canalisations est très mauvais pour le fonctionnement global des systèmes d'assainissement. L'impact négatif du rejet des huiles alimentaires usagées dans les canalisations publiques n'est plus à démontrer. Toutefois, plusieurs sociétés dans le secteur privé sont aujourd'hui très actives dans le domaine de la collecte, du traitement et du recyclage des huiles usagées et sa transformation par des filières spécialisées en biodiesel. Un apport important pour l'économie circulaire et l'environnement durable. Un projet de décret Une journée d'information et de sensibilisation a été consacrée aux huiles alimentaires usagées et leurs impacts sur les ouvrages d'assainissement au Centre international des technologies de l'environnement de Tunis (Citet), jeudi dernier, à laquelle avaient pris part des représentants du ministère des Affaires locales et de l'Environnement, l'Office national de l'assainissement et l'Association de développement et d'environnement du Kram (Aidek). Sarra Gharbi, cadre technique principal à l'Agence nationale de gestion des déchets (Anged) relevant du ministère des Affaires locales et de l'Environnement, est responsable de la mise en place de la filière de la gestion des huiles alimentaires usagées. Elle nous explique en marge de cette journée que l'Anged organise depuis 2006 les opérations de collecte des huiles alimentaires usagées. L'autorisation a été accordée à 200 sociétés privées pour s'adonner à cette activité (collecte et transport). Trois sociétés sont actuellement spécialisées dans le traitement d'huiles usagées et trois autres se sont orientées vers le recyclage et la valorisation de ces huiles. En 2016, environ 12.000 tonnes d'huiles usagées ont été collectées par le biais de ces sociétés. 5.000 t ont été valorisées en Tunisie, et 7.000 autres ont été exportées pour être valorisées à l'étranger, ajoute-t-elle. En concertation avec les institutions publiques mais aussi privées, l'Anged fournit des efforts en vue d'améliorer le cadre réglementaire organisant ce secteur. Un projet de décret vient d'ailleurs d'être finalisé et sera prochainement promulgué. Il fixera les modalités et les conditions de la gestion des huiles et graisses alimentaires usagées. «On est en train d'actualiser le texte réglementaire concernant les cahiers des charges qui concernent les opérations de transport et de valorisation des huiles usagées», a conclu Sarra Gharbi. Le biodiesel à partir des huiles usagées Les principales sources d'huiles alimentaires usagées se présentent comme suit : les ménages 37%, les restaurants 53%, les hôtels 7%, autres 3%, mais 80% de ces huiles sont rejetées dans la nature ou dans les égouts, a déclaré l'ingénieur Raja Haj Salem lors de son intervention. Jeter l'huile de friture dans les canalisations est en effet très mauvais pour le fonctionnement global des systèmes d'assainissement, explique-t-elle. Ces huiles se mélangent avec les autres produits chimiques dans les égouts et forment des conglomérats désagréables de produits chimiques qui peuvent s'accumuler et obstruer les conduites qui transportent les eaux usées vers la station d'épuration. De plus, ces dépôts graisseux provoquent la corrosion des canalisations, la production d'odeurs et de gaz toxiques qui peuvent être dangereux, voire mortels pour le personnel de l'assainissement, et une augmentation de la charge polluante organique. Le représentant d'une unité de valorisation des huiles végétales usagées en biodiesel a mis en exergue l'importance du recyclage et de la valorisation des huiles végétales usagées, notamment les huiles de cuisson rejetées par les ménages, restaurateurs, les hôtels, les casernes, les lycées... Il faut mettre les huiles usagées dans des bouteilles en plastique. Ces huiles pourront ensuite être recyclées et donc valorisées en biodiesel qui est un biocarburant biodégradable pouvant remplacer le diesel. Il est fabriqué à partir des huiles végétales et des graisses animales. Le biodiesel est actuellement la seule alternative vraiment efficace de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, nous explique le représentant de l'unité en question. L'approche participative, impliquant aussi bien les institutions publiques que la société civile et le secteur privé, quant à l'organisation de la collecte et la gestion des huiles usées et la sensibilisation autour de ce sujet, a été mise en valeur par les participants à cette journée.