Les Etoilés se sont compliqué la tâche à cause d'une indiscipline mentale inquiétante qui risquerait de leur coûter cher. Ils savent désormais ce qu'ils devront faire au Nigeria ! Que de regrets ressentis au coup de sifflet final de l'arbitre de la première manche qui a opposé, mardi soir, l'Etoile au champion en titre du Nigeria, Plateau United. Autant l'assistance s'est régalée de voir les coéquipiers d'un Chermiti — ressuscité marquant au passage deux buts — dérouler lors des quinze premières minutes en réussissant trois réalisations de toute beauté en l'espace de huit minutes, suite, de surcroît, à des enchaînements quasi identiques. Autant ceux qui étaient présents dans les arènes du Stade olympique de Sousse se sentaient abasourdis par la légèreté mentale des Etoilés, précocement euphoriques et sombrant dans une autosuffisance déconcertante et incompatible avec un ensemble redevable de rachat en Ligue des champions, après la débâcle toujours lancinante face à Al Ahly. «Je dois avouer que les joueurs ont fait preuve de fléchissement total, on a montré notre vrai visage uniquement lors des quinze premières minutes, ensuite on a été hors du coup. C'est vrai qu'on a gagné, mais on n'est pas content ni par rapport au score ni par référence au rendement général de l'équipe. Le mot d'ordre après la rencontre, c'est que la qualification se jouera au Nigeria et il va falloir marquer des buts là-bas, face à un adversaire qui force le respect sur le double plan individuel et collectif», a déclaré Kheireddine Madhoui. Sortie de Msakni et Bangoura, le tournant ! Et pourtant, les coéquipiers de Lahmar ont débuté la rencontre sur les chapeaux de roues en réussissant à planter trois buts en l'espace de huit minutes, et surtout en développant une panoplie d'arguments technico-tactiques, à la fois variés et percutants. On a notamment assisté à un flanc droit particulièrement en verve et tranchant où Bangoura, bien en jambes, a donné du tournis à ses arrière-gardes par ses incursions, sa vivacité et ses chevauchements lui permettant d'être à l'origine des trois premiers buts suite à des combinaisons quasi identiques. Sur le flanc gauche — moins percutant faut-il l'avouer — Ghazi Abderrazak et surtout Chermiti ont été les auteurs de montées et de relais dangereux, créant systématiquement le surnombre du moins lors de la première période. Ce dernier, particulièrement remuant et opportuniste, marquant au passage deux buts, a constamment permuté sur le front de l'attaque avec son binôme Amrou Maraii. Tantôt on le voyait évoluer en tant qu'attaquant de pointe — un registre privilégié par le lutin étoilé — tantôt sur le couloir gauche en s'appuyant sur l'attaquant égyptien en véritable n°9. C'était clairement une consigne donnée par le coach algérien de l'Etoile. L'autre élément qui a été particulièrement déterminant dans le stratagème étoilé n'est autre que Iheb Msakni qui, en stratège patenté, a été le principal déclencheur des manœuvres offensives de son équipe par ses «caviars» dans le dos des arrières nigérians et sa lecture instantanée impressionnante du positionnement de l'adversaire, mais aussi de ses coéquipiers doublée par un timing de passes provoquant à maintes reprises un certain déséquilibre au niveau de l'arrière-garde nigériane. La feinte astucieuse lui permettant d'éviter spectaculairement son ange gardien à la 8e et puis, par la suite, de servir Chermiti qui n'a pas trouvé de difficulté pour marquer le 3e but, est la parfaite illustration de l'impact de Msakni sur le jeu de l'Etoile mardi dernier. De fait, la sortie à la mi-temps pour blessure de ce dernier et celle de Bangoura ont fini par altérer négativement le potentiel offensif et la maîtrise technique du club sahélien qui a manqué, du coup, de percussion et de profondeur. A ce niveau, leurs remplaçants respectifs, à savoir Trabelsi et Sfaxi, n'ont pas eu l'impact escompté sur le jeu de leur équipe. D'ailleurs, l'incorporation du milieu défensif international à la place de Msakni a été jugée prématurée et a donné une note précocement prudente de la part de Madhoui car il restait toute une mi-temps à jouer et tout était possible. De plus, le fait d'avancer Hamza Lahmar, en tant que suppléant de Msakni dans un rôle de playmaker, n'a pas donné le résultat escompté, puisque tout le monde sait que le n°7 étoilé est plus à l'aise dans le registre de relayeur. Une légèreté mentale fatale ! Il est vrai que la sortie prématurée du tandem Msakni-Bangoura a remarquablement accablé les coéquipiers de Jemal, mais la cause majeure de la sortie mitigée et loin d'être sécurisante de ces derniers reste cette incompréhensible et déconcertante et a imprégné leur rendement après avoir marqué le 3e but, d'ailleurs il faut reconnaître que la 4e réalisation de Aymen Sfaxi était contre le courant du jeu, puisque elle a eu lieu en pleine phase de «résurrection» des Nigérians. De fait, les coéquipiers de l'ancien étoilé, King Ossanga, ont pratiquement dominé les débats en seconde période, réussissant à marquer deux buts qui pourraient être précieux lors du match retour et ont raté carrément l'égalisation à maintes reprises, notamment après l'incorporation du virevoltant Ibeh ; profitant du fléchissement mental et même physique incompréhensible des protégés de Madhoui, qui ont sombré visiblement dans une autosuffisance fortement condamnable pour des Etoilés redevables de rachat et d'une prise de conscience plus sérieuse, d'autant plus que le souvenir amer de la débâcle de Borj Al Arab est toujours présent dans la tête des fans étoilés. Une chose est certaine, Bédoui et consorts se sont considérablement compliqué la tâche et savent désormais qu'ils devront vraiment suer dans la province de «Jos», qui abritera la rencontre retour, pour espérer amener une qualification à la phase des poules rendue justement compliquée, voire douloureuse, à cause notamment de cette condamnable légèreté mentale.