Les résultats de nos clubs sont fortement conditionnés par une situation financière catastrophique Le championnat de Tunisie est-il faussé? Par-delà les forces en présence et par-delà une «tradition» qui veut que les plus forts doivent finir par s'imposer, nous pensons que le football tunisien marche sur la tête, que les règlements et la situation financière chaotiques de nos clubs ont fortement influé sur les résultats et donc sur les verdicts acquis et ceux à venir de la saison. Car si nous admettons (et c'est tout à fait logique) qu'il y a les riches et ceux qui le sont moins, les riches et ceux qui ne le sont pas dans tous les championnats, notre compétition nationale reste tout de même fortement marquée et même conditionnée par l'impossibilité pour la plupart de nos clubs d'honorer leurs engagements. Vis-à-vis des joueurs, des techniciens et des créditeurs. Ne parlons pas des entraîneurs des jeunes ainsi que les conditions dans lesquelles ces derniers évoluent et parlons des équipes premières, soit la vitrine de notre football. Quand on n'a pas de quoi renouveler les contrats, de quoi faire une préparation, de quoi recruter et de quoi payer tout le monde en cours de chemin et même dans les moments les plus cruciaux de la saison, on ne peut pas prétendre mettre en route une politique sportive, planifier et obtenir des résultats. Surtout, on ne peut pas demander à des joueurs impayés depuis de longs mois de donner le meilleur d'eux-mêmes et à un entraîneur de les gèrer en semaine ou le jour du match. Exception faite de l'Espérance et à un degré moindre le Club Africain, l'Etoile et le Club Sfaxien, quelle équipe tunisienne peut se targuer d'être en règle avec ses joueurs et son staff ? Tous dans le rouge ! Et surtout, surtout, quel impact direct de ces problèmes au quotidien sur les résultats de toutes ces équipes. Grombalia, OB, ST, Tozeur, Gafsa et tous les autres clubs en question ont vu leurs résultats faussés par leur situation financière. Cela leur fait perdre plein de points et fait gagner aux autres heureux élus plein de points. La différence se fait ressentir au départ, en cours et à l'arrivée de la compétition. Cela se paye également à l'intersaison, là où tout se décide. Paradoxalement, salaires, primes de rendements et prix des joueurs ne cessent de grimper. Certains de nos clubs (même les plus grands) ont eu recours à la débrouille avec les prêts et le recrutement de joueurs en fin de contrat mais, à un certain moment, il faut bien mettre la main à la poche et c'est là où les choses se gâtent. Loin de s'améliorer, la situation risque d'empirer avec la montée de trois nouveaux clubs dont nous savons d'avance qu'ils ne sont pas financièrement armés pour affronter la Ligue I, alors que rien ne nous dit qu'une solution radicale pourra être trouvée à court ou à moyen terme. Ceci sans parler de l'interminable situation que connaît le pays et qui ne promet pas de s'améliorer avec les doubles élections qui s'annoncent : législatives et présidentielle. L'idéal serait qu'on fasse la part des choses, que le football et le sport suivent leur propre chemin indépendamment des contingences. Malheureusement, les institutions de notre football, FTF et Ligue, continuent à avoir une gestion «très politique» de la situation, héritage d'un passé dont ils ne peuvent se débarrasser. Et pour cause puisqu'ils ont fait partie de ce lourd passé et qu'ils sont là où ils sont grâce justement à ce lourd héritage. A ces institutions, nous n'avons pourtant pas demandé grand-chose, sauf celui de tenir compte du profond changement qui s'est opéré dans le pays et qui nécessite de revoir régles et comportements dans un football qui fout le camp dans tous les sens. Jusqu'à être devenu incontrôlable et ingérable. Pas grand-chose, disions-nous. Un état les lieux réel et objectif et des solutions à court, moyen et long terme pour y remédier. Car un fait est sûr : ce statu quo est insupportable, même pour ceux qui en tirent quelque menu avantage au passage. Soit FTF, Ligue et présidents de clubs.