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Salah Gueddiche (directeur technique des jeunes à l'USM) : «Un professionnalisme dénaturé» Dossier : Professionnalisme, qu'est-ce qui doit changer ? — IIIe partie : Infrastructure sportive
Notre interlocuteur estime que la réussite d'un vrai professionnalisme reste tributaire de l'existence d'une bonne infrastructure, ce qui n'est pas le cas de notre championnat qui accuse malheureusement un grand retard à ce niveau... «Le soi-disant professionnalisme lancé dans notre championnat depuis 1994 n'a jamais bénéficié de l'infrastructure adéquate faute de moyens, mais aussi en raison d'une négligence au niveau de la maintenance et de l'entretien des complexes sportifs déjà existants. Ce facteur déterminant pour pratiquer un football de qualité dans des conditions plus ou moins convenables a constitué le maillon faible de notre paysage footballistique qui a tant souffert et continue à souffrir de l'état lamentable des pelouses. Hormis les quatre bonnes pelouses qui existent dans notre pays en l'occurrence Radès, Sousse, Monastir et Sfax, toutes les autres ressemblent vraiment à des pâturages vu l'état déplorable de leur gazon ou de leur tartan. Impossible aux joueurs quel que soit leur talent de confectionner un football de bonne facture sauf en de rares exceptions lors des derbys ou des classicos. De même, les 22 acteurs risquent souvent des blessures parfois graves. De plus, et en dehors de l'aire de jeu, la main-courante, les gradins et les virages ne disposent pas souvent des mesures de sécurité nécessaires. Et les débordements et les scènes de violence qui ravagent notre football ces dernières années sont la parfaite illustration de ce professionnalisme dénaturé. Si nos footballeurs d'élite — soi-disant privilégiés — évoluent dans des conditions le moins qu'on puisse dire déplorables... ! que dira-t-on des catégories des jeunes, nos futurs footballeurs? C'est encore pire, dans la mesure où et mis à part les jeunes des quatre grands clubs qui disposent d'une bonne infrastructure et d'un bon encadrement, tout le reste c'est la pagaille, voire le désordre total. Prenons par exemple les 270 jeunes joueurs de l'USM dont je suis le directeur technique, ils s'entraînent dans des conditions difficiles puisqu'ils disposent d'une seule annexe et, de surcroît, en tartan. En premier responsable, je devrais creuser chaque jour pour mettre en collaboration avec mon staff technique, le programme complet de toutes les catégories. Un programme trop chargé qui commence de 14h00 et se termine vers 21h00. C'est vraiment harassant pour nous et pour ces jeunes victimes de cette nonchalance de certains responsables qui focalisent tout leur intérêt sur l'équipe senior, vitrine de l'association. Afin de remédier à cet encombrement, j'ai demandé à la direction du complexe Ben-Jannet de retaper à neuf même en tartan l'annexe 2 pour améliorer un tant soit peu les conditions d'entraînement. Une demande qui ne coûte rien, mais qui tarde à voir le jour. Dans le même ordre d'idées, j'ai proposé aussi la création de «l'école de foot», une institution dont profitent les jeunes, mais qui rapporte de l'argent, à l'instar des académies privées. Et cet argent est susceptible d'améliorer l'infrastructure existante. Une proposition certes bénéfique, mais elle attend toujours une volonté de tout un chacun pour la concrétiser. En un mot, sans infrastructure adéquate, rien ne peut avancer. Et même les sacrifices des encadreurs, entraîneurs et jeunes joueurs n'aboutissent pas à grand-chose, dans la mesure où leur travail effectué est souvent «bâclé» faute de conditions de travail convenables. Situation qui se répercute sur la formation de base acquise par ces jeunes qui devraient plus tard prendre la relève».