La grève déclenchée par les agents de la Société tunisienne d'acconage et de manutention (Stam) au port de Radès est malvenue à propos dans la mesure où les opérateurs économiques ont un grand besoin de dynamiser leurs échanges commerciaux pour faire fonctionner leurs unités de production. Quelles que soient les revendications des agents, il n'est pas question en pareille conjoncture d'arrêter le travail. D'ailleurs, la Conect a exprimé haut et fort son indignation contre cette grève considérée comme anarchique Le port de Radès est le premier port commercial de la Tunisie car c'est là que la majorité des marchandises à l'import comme à l'export transitent. Une minute d'arrêt de travail peut coûter très cher aux opérateurs économiques. On s'est félicité, il y a quelques mois, de la mise en place d'une stratégie nationale relative au développement de ce port grâce à la contribution de toutes les parties prenantes et sous l'égide du ministère du Transport. Même la Société tunisienne d'acconage et de manutention (Stam), qui fait la fierté de la Tunisie et qui a accumulé une longue expérience, a renouvelé son matériel avec l'introduction d'un portail électronique. Le but de toutes ces actions est de rendre le port de Radès plus performant avec un traitement d'un volume important de marchandises pour éviter l'attente en rade des navires provenant de plusieurs pays du monde. Or, une grève inattendue s'est déclenchée par les agents de la Stam pénalisant les opérations commerciales des opérateurs économiques qui cherchent à développer leurs exportations et qui ont besoin de plusieurs produits et matières premières provenant de l'étranger. Arrêt total des activités La Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect) s'est indignée, dans un communiqué publié hier , «contre la grève anarchique observée par les agents de la Stam, qui se poursuit au port de Radès depuis le 30 mars 2018». Cette grève peut avoir des conséquences graves sur la marche des activités des entreprises. Seules les négociations sur des bases solides sont en mesure de résoudre tous les problèmes en suspens et de trouver une issue favorable à cette situation. L'économie tunisienne se caractérise déjà par une crise aiguë et il est nécessaire de redoubler d'efforts de travailler deux fois plus pour atteindre les objectifs quantitatifs et qualitatifs fixés. Au lieu de passer à la vitesse de croisières au port de Radès, on a jugé bon de déclencher une grève qui a pesé de tout son poids sur les activités du port et ceux des opérateurs économiques. Cette grève a provoqué, en effet, un arrêt total des activités au port et paralysé les mouvements de marchandises à l'export et à l'import, causant de graves préjudices aux relations et aux engagements des opérateurs économiques tunisiens avec leurs partenaires étrangers et locaux, a ajouté la Conect. Les exportateurs tunisiens ont conclu des contrats de vente avec certains importateurs qui se trouvent à l'autre rive et tout retard de livraison peut coûter cher à nos opérateurs économiques. C'est que les marchandises doivent arriver à bon port dans les délais impartis sous peine de voir le contrat résilié et la marchandise revenir à son expéditeur. Un tel comportement peut causer un préjudice non seulement à l'entreprise privée, mais aussi à toute l'économie nationale, sachant que les exportations occupent une place de choix dans la croissance. Graves goulots d'étranglement D'ailleurs la Conect a rappelé que de «par le monopole des activités d'acconage et de manutention dans le port et les perturbations fréquentes dues aux multiples mouvements sociaux, le port de Radès continue à constituer l'un des plus graves goulots d'étranglement pour l'économie tunisienne, surtout que plus de 80% des échanges de marchandises à l'export et à l'import passent par ce port». Pourtant, l'Etat a fourni aux opérateurs économiques toutes les facilités financières et matérielles en vue de dynamiser leurs échanges. Le Centre de promotion des exportations (Cepex), le Fonds d'amélioration de l'accès aux marchés extérieurs ainsi que les différentes structures d'appui dont les Chambre de commerce et d'industrie ont mis le paquet pour élever le niveau des exportations en renforçant notre présence dans les marchés traditionnels et en accédant à de nouveaux marchés. Mais cette stratégie risque de tomber à l'eau si les agents de la Stam ne reprennent pas rapidement le travail en arrêtant une bonne fois pour toutes ces grèves anarchiques qui ne font que léser l'économie nationale. La Conect a recommandé d'engager les réformes nécessaires en proposant une feuille de route visant l'amélioration de la gestion et des performances du port de Radès. A la faveur de cette feuille de route, les opérateurs économiques auront sans doute une vision plus claire sur la marche des activités au sein du port pour les années à venir. Aussi, les intervenants dans le port doivent s'engager à ne plus arrêter le travail sur le long terme. L'administration est appelée, de son côté, à traiter tous les problèmes en suspens pour ne plus laisser l'occasion aux agents de déclencher une grève dans un secteur aussi délicat que celui de la manutention, l'acconage et le transport maritime. Enfin, la Conect a appelé le gouvernement et les parties concernées à prendre les mesures nécessaires pour assurer la continuité du service public au port de Radès et sauvegarder les intérêts supérieurs et stratégiques du pays. Un travail de longue haleine doit être entamé, dans les meilleurs délais, pour assurer un service continu au sein du port et satisfaire ainsi les exigences des chefs d'entreprise liés par des contrats avec leurs partenaires étrangers. Cette grève peut avoir également un impact négatif sur la logistique maritime tunisienne dans certains pays partenaires qui sont intéressés par le renforcement des échanges commerciaux avec la Tunisie.