Alors qu'une semaine s'est déjà écoulée depuis le démarrage de la campagne électorale, on attend toujours que les candidats fassent enfin aux électeurs des promesses réalistes et réalisables. Entre-temps, les coachs ont beaucoup de travail à faire pour que les candidats saisissent ce qui les attend Quand on parlait du divorce ou de la rupture entre le discours à travers les médias et les réseaux sociaux des partis politiques et les préoccupations quotidiennes des citoyens, on répondait aux critiques qu'il fallait attendre les élections municipales pour découvrir l'engouement des Tunisiens pour la chose publique dans la mesure où ils vont décider de l'avenir de leurs cités pour la première fois dans l'histoire du pays et que cette fois ils choisiront les candidats qu'ils connaissent personnellement et à qui ils demanderont des comptes sur leur manière de gérer les mairies. Et même si le Code des collectivités locales sur la base duquel seront gérés les futurs conseils municipaux tarde à être adopté par les députés (il est maintenant sûr qu'il ne sera pas adopté avant le 6 mai prochain), on s'attendait à une campagne électorale où les candidats, qu'ils appartiennent aux partis en compétition ou qu'ils se présentent en indépendants, vont à la rencontre des électeurs pour leur proposer un débat ouvert où ils écoutent leurs propositions et leurs approches propres à transformer leur vécu quotidien. Autrement dit, la campagne électorale des municipales était considérée comme un moment de réconciliation du citoyen avec la chose publique et aussi une opportunité pour qu'il participe directement à la gestion de la municipalité de sa ville. En plus clair, les municipales, telles que conçues dans le chapitre 7 de la Constitution relatif au pouvoir local, offrent aux citoyens, y compris ceux affiliés aux partis politiques, la chance de se libérer de la mainmise de ces mêmes partis et de contribuer eux-mêmes, avec les candidats qu'ils choisissent, à dessiner l'avenir de leurs cités. Malheureusement, quand le coup d'envoi de la campagne électorale a été donné le samedi 14 avril, on s'est retrouvé face à des candidats (partisans et indépendants) qui développent un discours n'ayant aucun rapport avec ce qu'attendent les citoyens d'un conseiller municipal, qui se présentent aux électeurs pour solliciter leur confiance et leurs voix en ayant recours aux procédés datant de l'époque révolue quand on monnayait sa voix à l'électeur et on l'obligeait à voter pour telle ou telle liste. Et les jours de la campagne électorale de passer et de se ressembler dans le sens où les Tunisiens se retrouvent avec des surprises quotidiennes que les candidats et les partis qui les soutiennent ainsi que les listes dites indépendantes (tout le monde soutient qu'elles sont des listes écrans pour certains partis politiques) s'ingénient à leur réserver. De la liste des candidats qui s'autorise à masquer les photos de ses membres femmes à la jeune ingénieur tête de liste qui promet «de rapprocher les citoyens de sa commune les uns des autres», à la liste des onze Baâzaoui qui aspirent au nom du Front populaire à remporter la mise à la municipalité de Cherarda relevant du gouvernorat de Kairouan, en passant par la liste du Courant démocratique concourant pour la municipalité de la capitale qui met en valeur dans son manifeste électoral Samia Abbou, son mari Mohamed Abbou, Mohamed Hamdi et Ghazi Chaouachi, alors que les candidats sont en arrière-plan et la promesse faite par les candidats nidaistes à Jebniana de faire en sorte que la délégation accède au statut d'un gouvernorat. L'impression générale qui se dégage de cette semaine de rencontres et d'animation des rues et des artères des villes est que les élections municipales interviennent à un moment inopportun ou sont mal gérées par ceux qui s'y sont portés candidats. Plusieurs observateurs considèrent qu'aux dépassements commis par les candidats en course et à l'ignorance de la part de ces mêmes candidats des attributions qui leur seront accordées par le code sur les collectivités locales, s'ajoutent le désintérêt que manifestent les citoyens à l'égard des candidats et des partis qui les soutiennent et la méfiance qu'ils opposent aux promesses folkloriques qu'ils font, ce qui accentue la crainte de voir les électeurs bouder les urnes le jour du vote. Que faut-il faire pour que les Tunisiens se retrempent dans la merveilleuse ambiance qui a précédé la journée du 23 octobre 2011, jour de l'élection de l'Assemblée nationale constituante, et retrouvent l'enthousiasme, la volonté et l'engouement de faire la queue de longues heures pour choisir leurs futurs conseillers municipaux ? Ce sont les partis politiques, dont en premier lieu Ennahdha et Nida Tounès, qui sont les mieux indiqués pour répondre à cette question. «Leurs stratèges en communication et leurs spécialistes ès élections ont encore plus de 10 jours pour corriger leurs erreurs et ouvrir à leurs candidats la voie qui leur permettra de se faire entendre par les électeurs», souligne un observateur «mais à condition qu'ils reconnaissent qu'ils n'ont pas remporté déjà la mise».