Le compte à rebours est déclenché en vue du dépôt des listes candidates aux municipales du 6 mai 2018. Quelque 350 municipalités sont en compétition, soit près de 7.500 postes de conseillers à briguer. Tous les partis parient sur les indépendants dont beaucoup conduiront des listes partisanes Jeudi 15 février démarrera pour une semaine le dépôt des candidatures auprès des instances régionales indépendantes des élections (Iries), en prévision des élections municipales programmées pour la journée du dimanche 6 mai 2018 (les sécuritaires et les soldats votent une semaine plus tôt). Les élections municipales 2018 concernent quelque 350 municipalités contre 264 lors des dernières municipales organisées en mai 2010. Plusieurs nouveautés marqueront ce rendez-vous électoral qui balisera, en principe, la voie à la consécration du 7e chapitre de la Constitution du 27 janvier 2014, à savoir le pouvoir local, ce qui revient à dire la décentralisation effective dans le sens que les régions vont se prendre en charge et que les projets de développement les intéressant seront à l'avenir lancés par leurs propres conseils municipaux. Sauf qu'en attendant que les députés parviennent à adopter le tant attendu code des collectivités locales (devant organiser les prérogatives dont seront dotées les municipalités), les élections du 6 mai prochain se dérouleront sur la base de la loi organique de 1975 sur les municipalités à moins qu'un miracle ne se produise au niveau du Parlement et que le code des collectivités locales ne soit voté avant la date du 6 mai. Mais en attendant ce que les députés vont décider, les partis politiques mettent les bouchées doubles dans le but de pouvoir répondre aux conditions draconiennes relatives à la constitution des listes candidates aux municipalités dont le nombre impressionnant de femmes que ces mêmes partis doivent mobiliser parmi leurs listes dans la mesure où toute liste candidate doit comprendre un nombre égal de femmes et d'hommes dans le cadre de ce qu'on appelle la parité. De plus, tout parti ou coalition de partis ou de candidats indépendants doit veiller à présenter alternativement des têtes de liste hommes et femmes. Autrement dit, au cas où un parti serait candidat à titre d'exemple dans vingt municipalités, il est tenu d'avoir 10 têtes de liste femmes et 10 têtes de liste hommes. Autre condition, chaque liste candidate déposée doit être accompagnée d'une liste complémentaire où on pourrait dénicher un remplaçant à un candidat ne répondant pas aux conditions, outre le fait que chaque liste candidate doit comporter obligatoirement un handicapé et un jeune de moins de 35 ans. La ruée vers les indépendants Les conditions de candidature étant clarifiées, nos partis politiques offrent une particularité qu'ils partagent tous : leurs listes comporteront des candidats appartenant aux partis et des candidats parmi «les personnalités indépendantes». Et la course folle pour séduire le maximum d'«indépendants» (toutes appartenances confondues) et les pousser à accepter de figurer sur les listes partisanes et aussi — et là apparaît la spécificité tunisienne — présider des listes partisanes. Autrement dit, les électeurs n'ont pas à être surpris le 6 mai prochain en découvrant des listes défendant les couleurs d'Ennahdha présidées par des candidats qui n'ont jamais milité au sein de ce parti ou des listes nidaistes conduites par des personnalités connues dans les régions en question pour être opposées aux thèses nidaistes. Et ce ne sont pas uniquement les nahdhaouis (52% des listes d'Ennahdha seront conduites par des candidats indépendants) qui ont décidé d'inclure les indépendants parmi leurs candidats puisque l'Union civile, comprenant 11 partis dont Afek, Machrou Tounès et Al Massar et Al Joumhouri, a elle aussi annoncé qu'elle concourra dans 100 municipalités et que ses listes seront ouvertes aux indépendants. Idem pour le Front populaire qui n'a pas encore arrêté le nombre des municipalités où il présentera ses listes. La seule certitude annoncée jusqu'à hier, lundi 12 février, est qu'il y aura des listes représentant le Front et des listes parrainées ou soutenues par le Front mais formées de personnalités indépendantes. Il est à signaler que seuls deux partis, comme prévu, ont annoncé qu'ils seront présents dans les 350 conseils municipaux en compétition avec plus de 7.500 candidats dans les listes officielles et le même nombre de candidats dans les listes complémentaires. Il s'agit d'Ennahdha, qui a tenu début février un colloque national pour engager ses bases dans les régions à se préparer activement en vue du rendez-vous du 6 mai prochain, et de Nida Tounès qui a annoncé, samedi dernier, que ses listes sont prêtes.