Pour le 6 mai, il y aura autant de listes que de partis décidés à se présenter à ce rendez-vous avec de nombreuses listes additionnelles plus ou moins indépendantes. Une immense bataille électorale va donc opposer tout ce monde sur des objectifs qui, en fait, ne sont pas encore identifiés, puisque la loi sur les collectivités locales patauge encore au Parlement au travers de plus de 300 articles et d'une multitude de versions non écrites quant au profil dont on veut doter nos municipalités. Y compris celles toutes minuscules ou carrément rurales, ou encore celles nées d'un regroupement hasardeux de plusieurs localités. Abordée plus comme une exigence constitutionnelle et un enjeu électoral qu'en tant que fonction essentielle de proximité qui fait terriblement défaut depuis la révolution, l'action municipale s'apprète à aborder, le 6 mai prochain, un tournant historique tumultueux qui risque de ressembler plus à une bourrasque qu'à une «fête électorale». Depuis les premiëres élections municipales de l'indépendance, en 1958, qui étaient pluralistes et ont enregistré deux conseils municipaux échappant au «Front national» destourien, c'est la première fois que nos municipales seront vraiment et totalement démocratiques, attestées par une Isie veillant au grain, qui a su dépasser ses menus tiraillements. Le pluralisme au rendez-vous Après quelques hésitations au sein des partis donnés majoritaires puis l'inquiétant pacte Ennahdha-Nida, les législatives partielles de la circonscription d'Allemagne ont tranché en faveur d'une bataille drapeau contre drapeau au sein de la majorité, laquelle a vu, au même moment, plusieurs des partis l'appuyant au sein de l'Accord de Carthage rejoindre l'«Alliance civile» de onze formations politiques déterminées à concocter des listes communes dans 48, puis 80 puis, dit-on, 200 en définitive. Mais malgré ce regroupement important qui ne sera pas facile à concrétiser en listes cohérentes et en programmes unitaires, la multitude des intentions de candidatures reste désorientantes aussi bien pour l'opinion, qui veut y comprendre quelque-chose, que pour l'Isie qui craint d'être débordée. La loi sur les collectivités locales Du temps de Ben Ali, «le» parti et le délégué de la localité préparaient chacun une liste de candidats, puis procèdent, après enquêtes, interventions et vetos, au tri final donnant la liste officielle du RCD pour chaque commune. Pour le 6 mai, il y aura autant de listes que de partis décidés à se présenter à ce rendez-vous, avec de nombreuses listes additionnelles plus ou moins indépendantes. D'où le sentiment de profond soulagement qu'inspire l'alliance électorale des onze. Une immense bataille électorale va donc opposer tout ce monde sur des objectifs qui, en fait, ne sont pas encore identifiés, puisque la loi sur les collectivités locales patauge encore au Parlement au travers de plus de 300 articles et d'une multitude de versions non écrites quant au profil dont on veut doter nos municipalités. Y compris celles toutes minuscules ou carrément rurales, ou encore celles nées d'un regroupement hasardeux de plusieurs localités. Trop de points d'interrogation Au soir ou au lendemain du 6 mai, nous aurons donc, au terme d'un calcul de normalien, déterminé la composition des conseils municipaux, puis procédé au choix des présidents et à la répartition des tâches. Mais par quoi vont donc commencer ces conseils municipaux hétérogènes qui n'auront, campagne électorale oblige, pas eu le temps de connaître la destinée finale de la loi sur les collectivités locales, leurs prérogatives, leur financement... D'où le démarrage d'un véritable apprentissage auquel devront s'adonner tous les élus de toutes les tendances, qu'elles qu'aient été leurs promesses électorales et leurs conceptions de l'action municipale de proximité. Ces poubelles qui attendent Les partis et les listes de candidats doivent donc impérativement se préparer à ce moment d'inévitable convergence qui va être le leur, une fois élus, face à l'amoncellement des déchets et détritus dans les rues, face aux attentes insatiables des citoyens, face aux finances si défaillantes mises à leur disposition et aux taxes municipales qu'ils devront devoir arracher aux contribuables pour être en mesure d'assurer leur fonction. Ce alors même qu'ils ne maîtrisent nullement les réflexes conventionnels de l'action municipale et qu'ils ignorent les nuances introduites à ce niveau par les nombreuses et complexes nouvelles dispositions introduites par la loi organisant les collectivités locales. D'où l'inévitable recours à la recherche urgente et inévitable d'un consensus municipal associant toutes les sensibilités, tous les courants, toutes les visions. Et ce nécessaire consensus doit être pensé dès à présent !