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Pour un nouveau partenariat Tunisie-Union européenne
Tribune
Publié dans La Presse de Tunisie le 05 - 05 - 2018


Par Lobna JERIBI (*)
La question des relations entre la Tunisie et l'Union européenne revêt aujourd'hui, pour nous, une importance cruciale. L'essentiel de nos échanges économiques et commerciaux se fait avec l'Union européenne et nos grands accords avec eux depuis la CEE à ce jour (1969, 1975, 1995, 2012) constituent en quelque sorte l'essentiel des textes qui régissent et encadrent nos relations avec l'entité européenne.
Aujourd'hui, si les projecteurs sont braqués sur l'Aleca, c'est parce qu'il peut représenter pour nous et pour l'Union européenne un cadre approprié et une opportunité pour approfondir et élargir une relation économique, sociale, financière, sécuritair, etc. avec l'UE.
Depuis 2012, et à la faveur de la révolution tunisienne, des progrès sensibles, notamment au plan de l'aide macrofinancière de l'UE à la Tunisie, ont été réalisés. Toutefois, nos attentes à l'endroit de l'UE en tant que partenaire privilégié au plan géostratégique, stratégique, économique, financier demeurent ambitieuses par rapport à l'offre très limitée de l'UE, notamment dans le cadre de l'Aleca, qui reste une offre standard non adaptée aux spécificités tunisiennes.
D'ailleurs, l'UE doit être appelée à envisager un tant soit peu de changer sa stratégie avec la Tunisie en tenant compte du fait qu'une situation exceptionnelle nécessite un traitement exceptionnel.
Depuis la proposition des accords Aleca et l'ouverture des négociations, nos relations sont marquées par la confiance entre les deux parties malgré une certaine méfiance entretenue par la partie tunisienne.
Si, sur plus d'un sujet important, la partie européenne met la pression pour aller de l'avant dans les négociations, la partie tunisienne ne l'entend pas de cette oreille et souhaite préserver certains secteurs contre la concurrence européenne et l'accès des produits européens au marché tunisien. C'est à partir de ce constat qui retrace des relations en dents de scie que la partie tunisienne se doit de procéder, au plus vite, à une évaluation objective de l'état de ses relations avec l'Union européenne. Pour ce faire, il faut tenir compte des attentes d'un pays en transition politique et économique et également des possibilités objectives que l'Union européenne pourrait offrir.
Ce nouveau message doit être transmis de façon franche aux hauts responsables européens (Parlement, Conseil et Commission) ainsi qu'aux ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Union, et faire l'objet d'un concept paper qui servira d'appui à notre démarche.
Transition institutionnelle-économique et axes de codéveloppement
L'Aleca pourrait être un accélérateur des réformes initiées, non encore abouties, auxquelles l'UE pourrait participer en tant que partenaire, par la mise à disposition de moyens techniques, financiers, etc.
En effet, la Tunisie a accompli des pas majeurs dans sa transition politique, toutefois des réformes institutionnelles en application des principes constitutionnels restent à accomplir, comme la mise en place d'instances constitutionnelles efficaces et la mise en œuvre d'une décentralisation au service du développement local et régional, la réforme du parlement pour une indépendance administrative et financière, la réforme de la justice, etc.
La transition socioéconomique peine à s'enclencher. Plusieurs chantiers urgents sont à venir tels que la réforme de l'administration, pour une meilleure efficacité du service public, la lutte contre la corruption, la lutte contre l'évasion fiscale et le marché parallèle, etc.
Notre vision s'appuie sur plusieurs axes dont la transition numérique, la transition énergétique et une éducation orientée vers les nouveaux métiers. Ils sont également les vecteurs du codéveloppement tuniso-européen dans le cadre du nouveau partenariat qui reste à définir et à concevoir.
Aleca, approche sectorielle, vision, réformes et préalables
Concernant l'Aleca, et plus particulièrement dans le secteur des services, il est difficile d'avoir une approche globale, étant donné les disparités sectorielles importantes. Les différentes études de Solidar Tunisie 2016/2017/2018 ont montré des limites — à titre d'exemple — quant aux métiers des professions libérales, qui sont aujourd'hui protégés. En revanche, certains métiers sont d'ores et déjà ouverts, tels que les services informatiques, comme présenté lors de notre dernière étude «Aleca et services informatiques : opportunité et préalables à un accord réussi», effectuée en collaboration avec les chambres syndicales du secteur et les experts du ministère des TIC et de l'économie numérique.
En effet, les entreprises européennes s'installent sur le marché tunisien, totalement accessible, alors que le marché européen est protégé par de multiples barrières, créant une asymétrie favorable aux Européens.
Nos entreprises tunisiennes rencontrent des difficultés aussi bien :
Sur le sol tunisien par des réglementations limitatives telles que le change, les ressources humaines de plus en plus rares, des difficultés d'accès aux financements, etc.
Que sur le marché européen, par les restrictions de mobilité des personnes, la difficulté d'accès au financement et aux services bancaires en général, etc.
Il est ainsi nécessaire de lever les verrous du côté européen, et de mettre en place les réformes nécessaires du côté tunisien.
Des réformes tunisiennes sont à mettre en place, pour encourager nos entreprises dans l'innovation et l'internationalisation — à l'image du Start up act.
Il est nécessaire également d'anticiper les départs de nos compétences vers l'Europe, en mettant en place une vision globale relative au secteur de l'éducation, en généralisant l'accréditation de nos universités et en renforçant la coopération universitaire et les campus numériques, sans oublier le renforcement de la coopération dans la recherche scientifique. La Tunisie pourrait se positionner en tant que pôle régional de l'éducation.
Il est également inenvisageable d'être à la fois partenaire privilégié et victime de listes noires (contrairement aux pays européens)...
Enfin, la convergence réglementaire pourrait représenter une opportunité pour une économie plus ouverte si on arrive à imposer un processus de consultation ouvert et transparent, avec un droit de regard, et la nécessité de pouvoir réguler notre marché. C'est ici une question essentielle liée à notre souveraineté.
Enfin, si les préalables tunisiens et européens sont favorables, nous recommandons dans notre récente étude d'utiliser le secteur des services informatiques comme secteur pilote, pour l'Aleca. Cela nous permettra d'évaluer l'impact et de capitaliser sur ce processus pour les autres secteurs.
L'enjeu est de taille et impacte les générations futures. Nous nous devons d'être prudents et gérer la dimension temporelle.
Pour le processus de négociation, et d'une manière générale, il est essentiel d'imposer une liste positive et non négative telle que proposée du côté européen. C'est un partenariat spécifique pour la Tunisie, un partenariat prenant en compte nos difficultés sectorielles.
Nous nous devons de mettre en œuvre un dialogue avec les métiers/ secteurs/ professionnels/ syndicats pour communiquer sur les enjeux, échanger autour des opportunités et des menaces, des forces et faiblesses, secteur par secteur, afin de décider de l'opportunité ou non de l'Aleca et sa conformité avec la vision sectorielle pour le pays.
Sans vision préalable, il est dangereux d'aller dans une telle négociation. L'Aleca n'est pas une fin en soi, c'est un outil de codéveloppement et d'ancrage de la Tunisie dans l'espace européen.
Toutefois, les préalables et les réformes tunisiennes sont nécessaires, et l'Aleca peut être le booster.
Conclusion
Sans vision globale qui priorise nos intérêts vitaux à court, moyen et long termes, compte tenu de nos difficultés et de l'environnement régional très trouble (Libye, prolifération du terrorisme, retour des terroristes tunisiens des foyers de tension...), il est conseillé d'aller sereinement et progressivement dans nos négociations avec nos partenaires européens dans le cadre de l'Aleca.
Notre démarche se doit, avant d'entrer dans les questions techniques, de convaincre notre partenaire de l'impératif d'accompagner ces négociations sur le moyen et long termes d'une stratégie d'actions multiformes pour aider la Tunisie à asseoir un partenariat réellement gagnant-gagnant avec l'Union européenne. Une telle démarche sera de nature à dissiper les craintes et les résistances justifiées de la société civile et des détracteurs de ces négociations qu'ils estiment tout simplement déséquilibré et parfois en porte-à-faux par rapport à des secteurs vitaux de l'économie de la Tunisie, de son tissu industriel, de ses agriculteurs et de ses pourvoyeurs de services.
Il doit être clairement expliqué à nos partenaires qu'il est de leur intérêt que la Tunisie, leur voisin du Sud, réussisse sa transition démocratique tout comme sa transition économique. Tout échec dans ces négociations, au cas où elles n'apporteraient pas les résultats tangibles et substantiels escomptés par la Tunisie, constituera une réelle menace pour toute la région.
A cet effet, nous demandons à nos partenaires européens de reconsidérer leur politique à l'endroit de la Tunisie qui espère vivement que sa coopération avec l'UE va largement au-delà des mécanismes actuels pour bénéficier d'un nouveau statut quasi équivalent à celui d'autres pays méditerranéens ou d'autres pays de l'Europe de l'Est. La Tunisie demande à bénéficier d'une manière ou d'une autre des fonds structurels européens pour accompagner son développement et les réformes douloureuses qu'elle est en train de mettre sur pied et qui rencontrent des résistances et blocages.
Nous persistons à croire qu'il existe des liens organiques et fonctionnels entre la Tunisie, le Maghreb et l'UE. A ce titre, notre pays est convaincu que nos deux continents n'ont que le choix de négocier pour aboutir sur le moyen terme à un accord sur l'Aleca qui fera partie de notre accord d'association et servira nos intérêts communs dans une perspective favorable aux deux parties.


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