Considéré comme une fête annuelle qui rassemble les artisans, véritable évènement national, le Salon de la création artisanale, rendez-vous incontournable du secteur riche et varié qui s'est tenu le mois dernier, a réuni des artisanes de Sejnane qui se distinguent par leurs poteries, leurs créations largement inspirées du patrimoine tunisien. Protégée par l'Unesco, la poterie de Sejnane se veut unique. Elle est valorisée par l'Office national de l'artisanat (ONA) via les délégations régionales. Romdhana, une de ces grandes dames de Sejnane, a fêté ses 60 ans récemment. Elle compte autant d'années dans la fabrication de la poterie qu'elle a héritée de sa mère. Elle en dit long sur cette activité artisanale traditionnelle. Sa tâche quotidienne consiste en la fabrication d'ustensiles en poterie de différentes formes. Une fois relookés, rénovés, d'autres à l'état pur l'absorbent complètement. «Je passe mes dures journées, qu'il fasse beau ou qu'il pleuve, à fabriquer des ustensiles. C'est un travail manuel». Mince et grande, cette sexagénaire affirme «porter ce métier dans le sang», a-t-elle souligné sur un ton ironique. Elle fabrique des ustensiles dans un four démontable manuellement. «Tout est manuel, ce qui rend la tâche plus ardue. Quand l'ustensile est noir, on lui ajoute du foin. Lorsqu'il est mat, on le laisse à l'état naturel». Ces ustensiles servent de récipient pour la chorba, la bsissa, les olives... Elle les écoule à 5 dinars la pièce. Quand la pièce est décorée, elle peut atteindre jusqu'à 40 dinars. Ne manquant pas d'humour, khalti Romdhana, toujours drapée de sa malya aux couleurs typiques de la région, a participé à des salons internationaux via l'ONA. Une véritable connaisseuse. Plusieurs fois, elle a vanté ses produits à des touristes. Il faut bien convenir que sa voix douce et mesurée lui permet d'écouler ses outils avec une certaine aisance, sans trop de peine. Notre artisane fabrique aussi des outils revisités, tel le chat symbole de la vie chez les Egyptiens et porte-bonheur chez les Japonais. Khalti Romdhana a obtenu un prêt durant la Journée de l'habillement et de l'artisanat tunisien le mois de mars dernier. Elle est certainement celle qui a le plus de choses à dire encore et est toujours disponible pour celles qui désirent apprendre le métier de la poterie. Son souhait est d'apprendre le métier à d'autres générations et de transmettre son savoir-faire aux jeunes femmes rurales de sa région.