Concert des musiciens et chanteurs de la troupe syrienne Salatine Ettarab, accompagnés de la cantatrice Nadia Manfoukh, présenté dans le cadre de la 36e édition du Festival de la Médina de Tunis mardi dernier au Théâtre de la ville de Tunis. La soirée s'annonçait belle, festive et haut en couleur en ce mois de Ramadan. La bonbonnière a été encore une fois le lieu des retrouvailles du public tunisien avec les sultans du Tarab dans le cadre de cette nouvelle édition du festival de la Médina. Le passage des artistes syriens de la troupe Salatine Ettarab sur la scène tunisienne, pendant cette période des festivités du mois saint, est devenu, depuis plusieurs années déjà, une belle tradition et un rendez-vous incontournable pour les mélomanes passionnés de tarab et de musique classique arabe. C'est que cette troupe musicale nous rappelle à chaque fois la beauté et l'exubérante richesse du patrimoine musical arabe tant sur le plan de la forme que sur celui du contenu. En effet, cette troupe, qui emprunte son nom aux grands «sultans» du tarab de la ville syrienne d'Alep, œuvre à sauvegarder l'héritage musical arabe et à faire connaître ceux qui ont joué et qui jouent encore un rôle dans l'institution des courants musicaux arabes en général, et syriens et ceux d'Alep en particulier. Devant une salle pleine d'amateurs du genre, les membres de la troupe syrienne sont venus, donc, assurer comme il se devait cet événement. La troupe était composée de musiciens et d'une chorale de deux chanteurs, qui se sont approprié l'ensemble des morceaux programmés avec une rigueur et une musicalité rayonnantes. Le concert a débuté avec des pièces instrumentales du genre sammaii puis la troupe a enchaîné avec les mouachahs en chœur. Par la suite, les deux chanteurs ont interprété tour à tour les meilleurs chefs-d'œuvre de la musique d'Alep, des titres tels que: «Ya ghazal», «Hawak mayal», «Ya mal Echam», «Lih ya banafsej», « Ala dalouna » ainsi qu'un inchad «Ya imam arrousol» et la chanson patriotique «Oktob esmek ya bledi». Des titres poétiques et fins à travers lesquels chaque chanteur a déployé toute la panoplie de son talent pour faire jaillir la passion et la beauté qu'ils contiennent. C'était l'occasion aussi d'admirer la magnifique palette sonore des instruments arabes tels : le qanun, le oud, le nay, et les autres instruments à cordes tout à fait étonnants par l'exubérance et la beauté de leurs sons et la justesse infaillible de l'interprétation, particulièrement celle du qanun et du oud. Les voix fortes et chaudes se marient aux envolées vertigineuses d'une musique attractive et communicative qui dévoile l'expressionnisme musical de la mosaïque arabe et orientale. La deuxième partie de la soirée était rehaussée par le passage de la cantatrice syrienne Nadia Manfoukh qui accompagnait la troupe. Dotée d'une magnifique voix, forte et suave, la chanteuse a interprété plusieurs titres dont les thèmes varient. Elle a chanté l'amour, la patrie et l'amitié tuniso-syrienne à travers une belle palette de titres tels que «Kaddok al mayas», «Hali hal» et «Ya Tounes Al Khadhra». Un programme fort alléchant, donc, a été mis en œuvre durant toute la soirée à travers lequel la troupe a mis sa passion et a déployé son savoir-faire et son énergie vibrante. Par le biais de voix belles et passionnées, et une abondance incroyable de morceaux musicaux et de chants qui puisent leur richesse dans de profondes racines, on a pu plonger dans un univers sonore et culturel impressionnant. Au final, on a pu admirer un dernier tableau alliant musique et chant soufi ainsi qu'une belle danse des derviches tourneurs composés d'un danseur adulte et un enfant dont la performance était impressionnante. Un spectacle réussi, au grand bonheur du public présent !