C'est comme si le tenant, gavé de titres et de gloire, n'avait plus faim ! A son tour, l'Allemagne a écourté son séjour en Russie. La malédiction des champions du monde, cette infortune, a, rappelons-le, frappé les Tricolores en 2002, écartés dès le «warm-up» du Mondial, tout comme la Squadra Azzurra, en 2010 et la Roja en 2014. Comme si ces prétendants traditionnels, gavés de titres et de gloire, n'avaient plus faim ! Et voilà que la Mannschaft rejoint ces clubs des champions du monde déchus dès le premier tour de l'édition suivante. Une véritable poisse dont seuls les Carioca du Brésil ont réchappé en 2006. En football, et on ne le dira pas assez, s'il est toujours possible d'atteindre les sommets, il est toujours difficile de s'y maintenir ! La dernière sensation en date n'en est que la confirmation en règle. La Corée du Sud est passée par là, les hommes de Joachim Low n'y ont vu que du feu. Au-delà de la sortie peu glorieuse et prématurée des Allemands, ce cinglant revers sonne comme une fin de cycle pour le sélectionneur et sa troupe. Une sélection qui n'avait jamais quitté cette compétition avant les quarts depuis son retour en Coupe du monde en 1954 ! Last but not least, c'est aussi l'humiliation suprême pour un onze qui termine bon dernier de son groupe ! Les railleries et les critiques acerbes ont fusé dès le coup de sifflet final de l'arbitre. Pour les puristes, c'est comme si les joueurs «s'embourgeoisaient» face à du supposé menu fretin ! Oui, désormais, le sport et le football en particulier se moquent des cartes de visite et ignorent les passe-droits, quoique la VAR a quelque peu avantagé les grands et injustement refoulé les petits, principalement les nations africaines. Tantôt, ce fut tellement abusif que la VAR a été rebaptisée «Virer les Africains de Russie» ! Le souvenir impérissable du pacte de non-agression Pour revenir à la sortie de route inattendue d'une Mannschaft tournée en dérision par des «Guerriers Taegeuk» qui portent bien leurs noms, les Allemands ont en fin de compte été battus au jeu de l'audace. Avec seulement 20% de possession, la Corée du Sud ressuscite pourtant. Le tenant du titre, quant à lui, est mort ! Et indépendamment de cette leçon de courage administrée par les vaillants Coréens, c'est l'honneur du football qui est sauf sachant que les Asiatiques, déjà éliminés, ont joué franchement le jeu. Ça tranche forcément avec ce match de la honte entre la RFA et l'Autriche de 1982. Ce pacte de non-agression germano-autrichien qui a eu pour effet de sortir les Fennecs de Belloumi, Madjer et consorts ! 36 ans après, l'Allemagne est, quant à elle, frappée par l'intégrité de la Corée du Sud au cours d'un match palpitant. Par la suite, vers la fin, la VAR clouera définitivement le tombeau de l'Allemagne ! «Deutsch Down», la Mannschaft est au tapis ! Il va falloir maintenant s'armer d'humilité et tout reconstruire. Car l'équipe emmenée en Russie devait être celle qui opérait la transition entre les tauliers que sont Gómez, Özil, Hummels, voire Müller, et la relève portée par les Werner et autre Goretzka. Tout ce beau monde risque d'être cependant placé dans la même boîte d'archives ! Quant au sélectionneur Joachim Löw, responsable tout désigné du naufrage, il risque d'alimenter le débat à propos de sa reconduction-longévité dès le retour en mère patrie. En clair, douze ans à la tête de la même équipe, c'est long, trop long ! Et n'est pas Guy Roux ou Arsène Wenger qui veut !