Les prises de fonctions ont laissé entendre un certain bouillonnement partisan, doublé d'un mécontentement ressenti auprès des populations dans certaines régions. C'est mal parti ! Pourquoi un lancement aussi contesté ? Du coup, la société civile a vivement dénoncé la tenue à huis clos des premières réunions des conseils, reprochant aux gouverneurs leur intervention intempestive et abusive Moins d'un mois après la proclamation des résultats définitifs du scrutin du 6 mai dernier, place aux conseils locaux qui ont commencé à être installés dans plusieurs régions du pays, à Dhehiba (Tataouine), à Lalla (Gafsa), à Oueslatia (Kairouan), Jemmal (Monastir), Krib (Siliana), Bahra au Kef et bien d'autres, autrefois confinées hors système communal. Soixante ans plus tard, on compte aujourd'hui 350 municipalités censées désormais disposer d'elles-mêmes. A Tunis, comme dans les sept autres communes dont elles relèvent, à savoir Bardo, Sidi Hassine, la Goulette, le Kram, Sidi Bou Said, Carthage et la Marsa, les réunions préparatoires ont abouti à un calendrier chronologique des cérémonies électives et d'installation des membres des conseils municipaux et les tâches qui leur seront confiées pour un mandat de cinq ans. En se référant à la loi électorale, tout devra être fin prêt d'ici la mi-juillet, succédant ainsi aux défuntes délégations spéciales provisoirement nées après la révolution. Sur fond de mécontentement Mais, il y a un hic : les prises de fonctions ont laissé entendre un certain bouillonnement partisan, doublé d'un mécontentement ressenti auprès des populations dans certaines régions. C'est mal parti ! Pourquoi un lancement aussi contesté ? Du coup, la société civile a vivement dénoncé le choix fait de tenir, à huis clos, les premières réunions de ces conseils, reprochant aux gouverneurs leur intervention intempestive et abusive. Alors que pareille décision revient, selon elle, aux élus les plus âgés. Le ministère des Affaires locales et de l'Environnement leur a, déjà, adressé une note explicative portant sur les procédures et modalités d'installation de ces conseils municipaux, dont le message n'a malheureusement pas été bien saisi. Au regard de certaines associations nationales, pour ne citer que « Kolna Tounes » et « Al Bawsala », ces réunions électives des conseils locaux auraient dû être ouvertes au large public et les gouverneurs n'ont pas le droit d'y intervenir ni décider de quoi que ce soit. S'agit-il d'une faille juridique ou d'un vice de forme ? Qu'en pensent les juristes ? Selon des juristes, rien dans la loi n'impose ni n'interdit la présence des citoyens aux premières réunions des conseils municipaux. Par contre, il est légitime de les y convoquer pour recueillir leurs propositions et s'enquérir de leurs préoccupations. L'ex-ministre de la Justice dans le gouvernement Habib Essid, M. Mohamed Salah Ben Aissa, avait déclaré à la TAP qu'il ne voyait aucune utilité dans la participation des citoyens aux réunions d'installation, vu leur caractère technique et procédural. D'autant plus que la première séance du conseil municipal, a-t-il fait savoir, est, habituellement, consacrée à la prestation de serment des élus, l'élection du maire et de ses adjoints, ainsi que la répartition des responsabilités. Il admet, néanmoins, l'importance de la présence des médias. Rappelons, par là même, que le scrutin du 6 mai dernier a été visiblement marqué par un faible taux de participation (35,5%) sur un potentiel électoral comptant plus de 5 millions de votants. Le verdict des urnes, faut-il encore le souligner, avait créé la surprise en faveur des indépendants dont le nombre des sièges a égalé ceux obtenus par le parti Ennahdha. Suivis tous deux par Nida Tounès, parti au pouvoir et premier vainqueur aux élections de 2014, avec 1.600 sièges. Viennent, ensuite, le Front populaire (261), le Courant démocratique (205), Machrou Tounès (124), mouvement du peuple (Al-Chaâb) (100) et Afek Tounès (93). Force est de constater que l'échiquier politique national s'est vu quasiment déplacé à l'échelle des régions, avec presque les mêmes rapports de force partisans.