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« Nous œuvrons à établir des relations bilatérales plus fortes »
Entretien avec... Son Excellence l'ambassadrice de Grande-Bretagne en Tunisie, Louisa De Sousa :
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 07 - 2018

Ayant entamé son mandat depuis un an et demi en Tunisie, Louisa De Sousa, ambassadrice de Grande-Bretagne, estime que le développement de la coopération économique est un axe fondamental pour le renforcement des relations bilatérales entre les deux pays, surtout qu'il existe une méconnaissance de part et d'autre du potentiel que présentent les deux marchés. Un axe qui sera développé davantage, selon l'ambassadrice, surtout avec la préparation de la Grande-Bretagne pour sortir de l'Union européenne, estimant qu'il s'agit d'une opportunité pour les entreprises tunisiennes pour mieux développer leur présence sur le marché britannique, surtout que les échanges commerciaux entre les deux pays restent assez modestes. Ajoutons à cela les questions de l'emploi et de l'appui à la jeunesse tunisienne dans le domaine de l'entrepreneuriat. Des axes qui seront consacrés davantage, selon l'ambassadrice, dans les programmes de coopération futurs afin de créer plus d'opportunités pour les jeunes et soutenir l'économie tunisienne. Entretien.
La transition politique en Tunisie s'est consolidée avec la tenue des élections municipales. Mais les défis pour mener à terme les acquis de cette transition restent très importants. La Tunisie a entamé sa transition économique qui s'avère encore plus difficile, avec les défis qu'elle connaÎt actuellement pour retrouver ses équilibres fondamentaux. Quel est le rôle de la Grande-Bretagne pour appuyer le gouvernement tunisien dans cette démarche ?
Pour nous, notre objectif en Tunisie est d'appuyer le gouvernement à mener une transition démocratique et aussi économique. La Tunisie a connu une période difficile mais remarquable avec les avancements réalisés dans le domaine démocratique après les élections de 2014, la promulgation d'une nouvelle Constitution et l'établissement d'institutions indépendantes. C'est un processus qui continue toujours.
La transition économique est autre chose. La Tunisie a souffert durant les dernières années pour plusieurs raisons. Mais nous reconnaissons que les demandes de la révolution ne sont pas seulement politiques mais aussi socioéconomiques. La liberté oui, mais aussi la dignité et l'opportunité de l'emploi. Nous avons connu une période difficile après les attentats de 2015. Nous avons renforcé davantage notre collaboration dans le secteur sécuritaire qui a donné de très bons résultats.
Maintenant, nous nous sommes mis d'accord avec le gouvernement pour accompagner la Tunisie à faire face à ces défis économiques pour la création d'emplois et d'opportunités pour la jeunesse tunisienne. Nous sommes partenaires de la Tunisie. Nous sommes là pour partager notre expérience, notre savoir-faire, pour offrir de l'expertise. Nous trouvons que nous pouvons offrir de la valeur ajoutée, toujours en réponse à la demande de notre partenaire tunisien.
Durant votre mandat comme ambassadrice du Royaume-Uni, quels sont les axes prioritaires, selon vous, pour renforcer cette coopération bilatérale ?
En premier lieu, il est primordial de maintenir la coopération dans le domaine sécuritaire. C'est la source de tous les progrès que nous cherchons à réaliser. Nous allons continuer cette coopération et nous partageons les mêmes objectifs.
Mais nous allons mettre l'accent encore plus sur l'axe économique et commercial. Nous avons commencé de nouveaux programmes d'assistance technique tels que notre soutien au programme de la Banque mondiale concernant l'accès des petites et moyennes entreprises (PME) au financement et la modernisation de l'environnement pour le business en Tunisie pour faciliter l'investissement et les échanges commerciaux. Nous sommes convaincus qu'il y aura de grandes opportunités pour les entreprises tunisiennes à vendre leurs produits et services sur le marché britannique. Nous pensons également que le secteur privé britannique a des produits et services à offrir sur le marché tunisien.
En deuxième lieu, il s'agit de la promotion de l'entrepreneuriat. Nous avons soutenu le programme de la Banque africaine de développement «Souk At-Tanmia», qui cherche à accompagner avec peu de financement mais beaucoup de conseils les jeunes entrepreneurs tunisiens. Nous avons également travaillé avec le ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle pour promouvoir les services disponibles du gouvernement tunisien pour les jeunes entrepreneurs.
En troisième lieu, nous avons récemment signé un accord avec le Centre de promotion des exportations (Cepex) parce que nous avons trouvé qu'il existe un manque de connaissance de la part du secteur privé tunisien du marché britannique. Les entreprises tunisiennes ne sont pas conscientes des opportunités, de la taille du marché, nous sommes la 5e économie du monde et la 2e en Europe. Nous sommes à trois heures de vol de Tunis. C'est un marché proche, ouvert et prêt pour recevoir les produits tunisiens de bonne qualité.
Mais les entreprises disent qu'elles ne savent pas comment aborder le marché britannique. Elles parlent de la barrière de la langue anglaise. Je suis convaincue que cette barrière est très facile à surmonter parce que les Tunisiens travaillent, par exemple, avec d'autres pays qui ne parlent pas arabe ou français avec un grand succès. Pourquoi pas le Royaume-Uni ? Le Royaume-Uni reste actuellement dans l'Union européenne. Si les entreprises tunisiennes veulent exporter, les mêmes règles s'appliquent. C'est un processus de promotion que nous sommes en train de formuler auprès des exportateurs tunisiens pour chercher des acheteurs britanniques et à mieux connaître le marché.
Alors que le Royaume-Uni s'apprête à quitter l'Union européenne, il y a lieu de s'interroger sur l'avenir pour les relations bilatérales entre les deux pays et des opportunités à développer. Pourrait-on s'attendre à un nouvel accord-cadre pour le développement de ces relations ?
Nous sommes actuellement en pourparlers avec le gouvernement tunisien sur le nouveau cadre pour gouverner notre relation après notre départ de l'Union européenne. Premièrement, les hommes d'affaires veulent avoir de la certitude. L'incertitude est le grand ennemi du business. Notre premier objectif est de répliquer les termes de l'accord qui existe actuellement pour éviter un échec dans les relations commerciales et économiques.
Mais il y aura aussi une opportunité dans l'avenir pour améliorer les termes des échanges. Par exemple, la Tunisie a en ce moment un quota pour l'exportation de l'huile d'olive vers le marché européen. Au Royaume-Uni, nous ne produisons pas de l'huile d'olive et nous sommes convaincus qu'il y aura de grandes opportunités pour libéraliser cette exportation. Et cela concernera certainement d'autres produits et services.
Je crois qu'il y aura des opportunités pour libéraliser cet échange. L'objectif primordial est de maintenir le cadre existant pour éviter les problèmes pendant la transition. Je ne vous cache pas que les échanges commerciaux sont moins importants que le potentiel qui existe. Pour moi, le grand défi pour la Tunisie et le Royaume-Uni est de renforcer maintenant ces échanges commerciaux et avec une meilleure connaissance du marché, avec les nouvelles relations entre entreprises tunisiennes et britanniques, nous pouvons établir les prémices d'une relation bilatérale beaucoup plus forte dans l'avenir.
L'investissement britannique en Tunisie reste aussi très modeste par rapport aux grandes opportunités d'affaires qui pourraient se développer entre les deux pays. Comment est-il possible, selon vous, de mieux exploiter le potentiel que présente la Tunisie pour attirer davantage d'investisseurs britanniques ?
Je suis convaincue que nous pouvons surmonter ces difficultés. Nous travaillons étroitement avec la Chambre tuniso-britannique de commerce. Nous avons organisé un événement avec l'ambassade tunisienne à Londres en mars dernier pour présenter les opportunités d'investissement en Tunisie. Nous avons trouvé un excellent niveau d'intérêt parmi les entreprises britanniques. Il faut dire que la Cité de Londres est le centre de la finance à l'échelle mondiale. La question est d'avoir des propositions concrètes à présenter vers la Cité de Londres. Nous sommes prêts à travailler avec nos partenaires tunisiens pour cet objectif.
Egalement, le rythme des visites ministérielles avec les hommes d'affaires est important. Elles offrent l'opportunité de promouvoir la Tunisie et les opportunités existantes. Nous avons eu en avril 2017 une visite du Lord Maire de Londres avec une délégation d'hommes d'affaires. De même, Zied Laâdhari, ministre de l'Investissement, du Développement et de la Coopération internationale a effectué une visite à Londres en septembre 2017 à la tête d'une importante délégation.
Nous avons également eu la visite de l'envoyé spécial du Premier ministre britannique pour le commerce en septembre 2017. Il travaille avec les hommes d'affaires à Londres, le Parlement et d'autres parties pour promouvoir le potentiel sur le marché tunisien.
De même, nous avons ouvert un nouvel axe de collaboration dans le secteur de l'éducation parce qu'en connaissant un pays à travers les études, il est plus normal de chercher des partenaires dans l'avenir dans ce pays. Nous savons que la jeunesse tunisienne cherche une éducation mieux ciblée aux besoins du marché de l'emploi aujourd'hui. Nous avons une délégation d'universités qui ont visité la Tunisie avec notre ministre pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient en juin dernier. Il y avait des échanges d'expertise avec des universités tunisiennes pour explorer le potentiel de collaboration entre les deux parties.
Nous avons aussi lancé une commission bilatérale pour l'éducation. Nous travaillons avec le ministère de l'Enseignement supérieur. Il s'agit d'une commission mixte avec des fonctionnaires britanniques et tunisiens, des représentants des universités, des étudiants et du secteur privé. Elle a un mandat de deux ans pour nous conseiller sur les actions que nous devons mettre en œuvre pour faciliter les échanges dans ce sens. Il y aura également des opportunités commerciales parce que les entreprises britanniques ont beaucoup d'expérience et d'expertise à pourvoir pour aider le secteur de l'enseignement supérieur tunisien à moderniser et renforcer la qualité et à fournir une formation professionnelle adéquate.
Vous avez parlé des opportunités que présente la Cité de Londres comme centre financier international. Comment voyez-vous le potentiel de coopération dans le domaine financier entre la Tunisie et le Royaume-Uni qui dispose d'un grand savoir-faire dans le domaine?
La Cité de Londres est un grand centre de financement classique mais aussi de financement environnemental «Green Finance» et de finance islamique. Il y aura des opportunités de partenariat peut-être dans ce domaine. Mais vous savez que ce sont des décisions commerciales des banques.
Récemment, j'ai assisté au ministère des Finances à la première réunion du comité de pilotage d'un nouveau projet avec la Bourse de Tunis. Nous travaillons avec la Banque africaine de développement pour promouvoir l'accès aux sources de financement alternatif pour les petites et moyennes entreprises tunisiennes.
Notre axe primordial pour ce projet est une collaboration potentielle avec la Bourse de Londres. Il y avait dans le passé des relations entre les deux bourses et nous pensons que si nous pouvons développer ce genre d'échanges, cela aidera à mieux faire connaître la Tunisie à Londres et permettra à votre pays de profiter de l'expertise britannique.
La lutte contre la bureaucratie et la lutte la corruption sont deux axes fondamentaux des grandes réformes entamées par le gouvernement tunisien. Pensez-vous que les mesures prises sont assez suffisantes pour réaliser les objectifs de la bonne gouvernance ?
Je ne doute pas de la volonté du chef du gouvernement pour affronter ces problèmes. Pour cela, il a œuvré à promulguer une nouvelle loi sur l'investissement et le décret pour la simplification des procédures administratives. Mais il faut les mettre en œuvre. J'ai visité l'Instance tunisienne de l'investissement et j'ai été impressionnée par la vision pour un service unique pour les investisseurs. Je suis convaincue qu'avec la mise en œuvre dédiée de ces initiatives, les choses vont s'améliorer.
Concernant la corruption, nous avons un projet pour aider les institutions tunisiennes à affronter les menaces de corruption qui impactent l'efficacité du gouvernement tunisien et empêchent l'accès des citoyens tunisiens à de bons services. Nous sommes en train de travailler avec des institutions responsables et aussi la société civile et le secteur privé pour le renforcement des institutions et aussi permettre aux entreprises et à la société civile d'utiliser les moyens disponibles pour affronter la problématique de la corruption.
Le volet sécuritaire a pesé lourd sur les relations tuniso-britanniques, surtout au niveau du secteur touristique. Après la levée des restrictions de voyage, la reprise du flux touristique britannique vers la Tunisie serait-elle à la mesure des attentes ?
Je suis très contente du retour des ressortissants britanniques. La Tunisie a beaucoup à offrir. Je veux préciser que les menaces terroristes sont des menaces que nous affrontons tous ensemble. Il y avait des attaques au Royaume-Uni comme en Tunisie. Les attaques de 2015 étaient des tragédies pour nos deux pays. La réponse des autorités tunisienne a été impressionnante et c'est grâce à l'étroite collaboration positive et constructive que nous avons eu avec nos partenaires tunisiens qu'il a été possible de lever les restrictions de voyage pour les ressortissants britanniques en Tunisie.
Cette collaboration doit continuer. Je sais que nos partenaires tunisiens s'attachent à la poursuivre et aussi avec d'autres partenaires de la Tunisie à travers le renforcement des frontières, la protection des zones touristiques et d'autres zones sensibles, le renforcement des capacités des forces sécuritaires afin de répondre efficacement aux menaces.
Aujourd'hui, nous avons 17 vols par semaine du Royaume-Uni vers la Tunisie des tour-opérateurs Thomas Cook et TUI. La demande ne cesse de croître. Je suis convaincue que quand les citoyens britanniques passent un bon séjour ici avec un bon service et en sécurité, la demande va augmenter. On s'attend à 100 mille ressortissants britanniques cette année, c'est-à-dire trois fois plus que l'année dernière. Et pourquoi pas poursuivre cette tendance pour les années qui viennent.
Les perspectives sont positives parce que nous avons confiance dans le partenariat que nous avons établi dans le domaine sécuritaire et la volonté des autorités tunisiennes d'accueillir nos ressortissants dans les meilleures conditions. Le nombre de touristes britanniques en Tunisie pour les cinq premiers mois 2018 a atteint plus de 31 mille, enregistrant une hausse de 230% par rapport à la même période en 2017.
La création d'opportunités pour les jeunes est un volet sur lequel travaille l'ambassade britannique. Quels programmes êtes-vous en train de développer pour renforcer encore plus l'appui pour la jeunesse tunisienne ?
J'ai parlé plus haut du programme «Souk At-Tanmia» en partenariat avec la Banque africaine de développement (BAD). Il offre un petit soutien financier mais beaucoup d'accompagnement pour les jeunes. Nous travaillons également avec le ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle sur la campagne « Inajam » pour promouvoir les services offerts aux jeunes entrepreneurs.
Cette année, nous avons alloué un budget de 10 millions livres, soit 40 millions de dinars sur les programmes relatifs à la sécurité, l'économie, l'éducation et la gouvernance. L'année prochaine nous sommes ambitieux et nous voulons augmenter encore plus ce montant en mettant l'accent sur le programme économique ciblé à la question de l'emploi. Nous allons chercher des manières d'amplifier notre appui vers l'entrepreneuriat, par exemple, et aussi l'éducation.
Il y a des opportunités d'emploi disponibles sur le marché tunisien, mais nous voyons qu'il y a un problème de qualification pour exercer ces emplois même parmi les diplômés de l'enseignement supérieur. C'est un problème structurel. Nous voulons aider à mieux cibler la formation dans l'enseignement supérieur et aussi la formation scolaire pour mieux répondre à la demande du marché de l'emploi. Nous sommes en train de penser profondément à la manière d'achever cet objectif.
L'éducation constitue un volet très important de la coopération tuniso-britannique. Quels sont les projets développés ou à développer pour renforcer davantage cette coopération surtout au niveau des échanges universitaires (bourses, enseignement de la langue anglaise, etc.) ?
Effectivement, il y a une grande demande pour la langue anglaise en Tunisie. C'est aussi parce que les employeurs la demandent. Les Tunisiens ont les compétences pour travailler avec les entreprises internationales installées en Tunisie, mais aussi dans les pays arabes. La langue anglaise est primordiale et elle permet d'ouvrir plus de perspectives. La langue française reste très importante mais être oublié de trois langues représente une richesse incroyable.
Pour cela, nous avons lancé un programme avec le British Council et le ministère de l'Education pour moderniser et renforcer l'enseignement de la langue anglaise dans tous les établissements de l'enseignement secondaire tunisiens. L'objectif est que tout élève tunisien puisse avoir l'opportunité d'avoir un excellent apprentissage de la langue anglaise. C'est une vision ambitieuse et importante.
Il faut que notre soutien atteigne les jeunes dans toutes les régions et surtout celles défavorisées. Il y a beaucoup de talents là bas qui n'ont pas accès aux opportunités. La Tunisie a besoin de toutes les compétences de toutes les régions. Je crois que la langue anglaise est un atout important, ajoutons à cela un enseignement qui promeut les soft skills, très importants sur le marché de l'emploi.
Pour le premier round du programme, nous travaillons avec le ministère de l'Education pour réviser les programmes et identifier le matériel nécessaire pour former les professeurs. Cela est primordial pour que les élèves profitent bien de cette formation.
Vous avez parlé du développement des régions intérieures en Tunisie. Est-ce que vous avez des programmes spécifiques régionaux ?
Nous sommes en train d'étudier les manières de consolider notre coopération vers différentes régions. Actuellement, les bénéficiaires des programmes nationaux comportent des ressortissants des régions. J'ai visité des jeunes entrepreneurs qui ont profité du programme «Souk At-Tanmia» à Siliana, Bizerte, Sousse, Kairouan et autres.
Je crois aussi que nous avons les perspectives d'un investissement britannique dans le secteur de la santé, qui a été annoncé lors de la conférence Tunisia 2020. Il consiste en la création d'hôpitaux universitaires à Gabès et Béja. Cela montre qu'il existe un potentiel pour le secteur privé britannique de participer au développement des régions défavorisées. Le secteur de la santé est un secteur où la Grande-Bretagne a une grande expertise que nous voulons partager avec la Tunisie.
Avec les difficultés que connaît le marché de l'emploi en Tunisie et le taux de chômage assez élevé parmi les diplômés de l'enseignement supérieur, la Grande-Bretagne est-elle prête à mener une politique d'immigration capable d'offrir des opportunités pour les compétences tunisiennes, que ce soit à travers la coopération technique ou autres ?
Les connexions humaines sont très importantes pour le développement de tous les axes de nos relations bilatérales y compris commerciales. Mais il ne faut pas contribuer au problème de la fuite des cerveaux en Tunisie. Pour nous, il est important de trouver les moyens pour que les jeunes tunisiens talentueux trouvent des opportunités en Tunisie. Le pays a besoin de ces talents. Le capital humain est le grand atout de la Tunisie. Il ne faut pas que nous l'attirions vers l'étranger.
Mais il y aura certainement toujours des opportunités de travail entre les deux pays. J'espère que nous trouverons des manières de faciliter et de simplifier les processus. Mais je suis des personnes qui ne mènent pas la politique d'immigration des deux gouvernements. Nous devons utiliser le système qui existe dans les manières les plus efficaces possibles. Pour cela, j'espère voir plus d'étudiants tunisiens au Royaume-Uni. Mais j'espère aussi, à travers les programmes de coopération dans l'enseignement supérieur, offrir des opportunités d'éducation et de qualification britannique de la manière la plus accessible.
Une polémique a été soulevée dernièrement concernant une ingérence britannique dans la campagne médiatique menée par le gouvernement tunisien sur les grandes réformes. Pouviez-vous nous expliquer davantage le rôle de la Grande-Bretagne dans cette campagne ?
Notre rôle en Tunisie était d'accompagner le gouvernement dans le processus de réforme. C'est très important parce que ces réformes sont difficiles et compliquées. Quand la Tunisie est un pays démocratique, les citoyens ont le droit de comprendre, de participer, de débattre ces réformes. Notre soutien vise à aider le gouvernement en améliorant la capacité de communiquer et renforcer l'engagement des citoyens tunisiens dans ce processus très important.
Les résultats du programme sont très positifs. Nous avons noté une augmentation de 18% dans le nombre de Tunisiens, notamment les jeunes, qui cherchent à s'informer sur le programme de réformes. Ceci est important parce qu'un gouvernement démocratique ne peut rien imposer. C'était une campagne tunisienne menée par des Tunisiens pour les Tunisiens. Notre rôle est d'accompagner et d'offrir l'expertise et le savoir-faire.


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