Contrairement à d'autres conseils municipaux installés dans la douleur, il nous a été donné de constater que celui de la commune de Raoued (gouvernorat de l'Ariana) a été récemment intronisé sans encombre et quasiment dans les règles de l'art. Et cela, en présence d'un grand nombre d'habitants qui ont tenu à faire le déplacement, aimantés par la curiosité de voir sur quel pied vont danser ceux qu'ils ont élus le 6 mai dernier. Et là, il faut dire tout de go que ce premier contact a été jugé unanimement positif, fructueux et prometteur. «Alors que nous nous attendions franchement à une déception consécutive à l'émergence d'une lutte féroce entre les partis majoritaires et les autres élus, nous fûmes plutôt agréablement surpris par la bonne entente dont ils ont fait montre», avoue un habitant. «Cela promet», jubile un autre, qui estime qu'«après l'euphorie, il est vraiment temps de passer des paroles aux actes», tout en mettant en garde la nouvelle équipe municipale contre toute absence d'efficacité, étant donné la masse de travail et la montagne de problèmes qui l'attendent. Que de défis à relever ! Premier conseil municipal élu démocratiquement depuis la révolution, la nouvelle troupe, conduite visiblement de main de maître par M. Adnène Bouassida, se distingue par la mosaïque des tendances politiques qu'elle compte en son sein, avec la présence d'édiles représentant pratiquement tous les partis, ainsi que les indépendants. Un atout non négligeable, dans la mesure où aucune force ne pourra y faire cavalier seul. D'ailleurs, nous en avons eu goût lors de la pourtant difficile opération de répartition des tâches, le «gâteau» ayant été finalement partagé équitablement, ou presque. Allons maintenant sur le terrain pour dire que le nouveau conseil municipal est appelé à faire ce que l'expérience de la délégation spéciale qui l'avait précédé n'a pu faire. C'est-à-dire réussir là où l'autre a échoué. Une mission qui ne s'annonce pas de tout repos, eu égard aux nombreux chantiers à ouvrir et aux tas de rectificatifs à apporter. Le principal défi à relever est inhérent à l'environnement. Volet où la commune de Raoued est considérée, à juste titre, parmi les municipalités les plus vulnérables du pays. Et cela pour moult raisons, dont l'immensité de son territoire, son expansion urbaine non-stop qui s'opère au détriment d'une vocation agricole, le développement des phénomènes des constructions anarchiques et des chiens errants, ainsi que les éternels problèmes de la voirie, sans compter la «psychose» des réseaux d'assainissement des eaux pluviales et des eaux usées, d'où les inondations qui frappent, à chaque saison hivernale, plusieurs cités populaires, notamment celles d'Enkhilet, Jaâfar, Sidi Amor, Aïchoucha, Raoued et, à un degré moindre, El Ghazala. De surcroît, il va falloir en finir avec la non moins épineuse question de l'invasion estivale des moustiques. Une question complexifiée par les nombreux oueds (rarement curés) qui traversent la commune, d'une part, et par la proximité de la station d'épuration de l'Onas, d'autre part. Ah, j'allais oublier un énième défi mis en jeu, à savoir la circulation devenue, il est vrai, de plus en plus asphyxiante, tant au niveau des principaux axes routiers qu'à l'intérieur des cités. Enfin, un dernier chat à fouetter : les bras de fer qui perdurent entre la municipalité et «son» syndicat de l'Ugtt dont l'influence et le pouvoir, de plus en plus élargis, ne sont plus à démontrer, au dam d'une bonne partie du personnel de la mairie qui s'en est durement touchée! Un sujet brûlant sur lequel nous reviendrons un jour pour le démystifier. Opération séduction Sans doute consciente de la lourdeur de la tâche qui l'attend, la nouvelle équipe municipale n'a pas tardé à annoncer la couleur, plus prématurément que prévu. Ainsi, l'autre jour, le nouvel homme fort de la commune a-t-il été surpris, flanqué de quelques-uns de ses adjoints, sur le terrain où, mettant la main à la pâte, ils ont pris part à une opération de propreté, suivie le lendemain d'une série de visites inopinées dans les quatre arrondissements municipaux et dans les services qui en dépendent. Le tout entrecoupé de contacts directs avec les habitants croisés çà et là. Et, ma foi, c'est de bon augure, même si nous demeurons persuadés qu'une opération séduction ne l'est que si elle est traduite par des mesures concrètes et réalisables. Bon vent!