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«A défis communs, des réponses communes»
Entretien avec... Nasser Kamel, SG de l'Union pour la Méditerranée
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 08 - 2018


Propos recueillis par Chokri Ben Nessir
En visite de travail en Tunisie, Kamel Nasser, nouveau SG de l'Union pour la Méditerranée (UpM), a eu d'intenses entretiens avec des acteurs gouvernementaux, politiques, activistes de la société civile et du secteur privé de nature à ouvrir des perspectives encourageantes pour travailler sur de nouvelles et ambitieuses initiatives qui contribueront aux actions menées pour le développement du pays. Entretien.
Quelle est votre vision, en tant que nouveau secrétaire générale de l'union pour la Méditerranée, pour l'action de cette organisation ?
J'aimerais tout d'abord saisir cette occasion pour dire combien je suis heureux de me trouver ici en Tunisie pour cette visite officielle et d'exprimer ma joie de me retrouver en Tunisie, ce pays qui m'avait accueilli auparavant en tant que jeune diplomate en poste ici. J'exprime par la même occasion ma reconnaissance à la présidence de la République et au gouvernement tunisien pour leur soutien ferme à ma candidature au poste de secrétaire général de l'UpM et pour avoir adhéré à un consensus pour un candidat unique des pays arabes pour ce poste clé de cette UpM qui est co-égalitaire et qui regroupe des pays du nord et du sud et dont la gouvernance est basée sur une équité entre nord et sud. Au cours de cette visite, j'ai été honoré d'être reçu par le chef du gouvernement tunisien, S.E. M. Youssef Chahed. J'ai aussi eu des entretiens bilatéraux avec le ministre des Affaires étrangères, avec le ministre de l'Environnement, et avec d'autres ministres et activistes de la société civile et du secteur privé de nature à ouvrir des perspectives encourageantes pour travailler sur de nouvelles et ambitieuses initiatives qui contribueront aux actions menées pour le développement du pays.
Pour revenir à votre question, j'ai été élu au poste de secrétaire général à un moment où l'UpM fête son dixième anniversaire. Mais j'ai eu la chance d'être, en tant qu'ambassadeur de mon pays, l'Egypte, l'un des acteurs qui ont élaboré la Déclaration de Paris au moment de la fondation de cette organisation.
Donc, j'ai assisté à sa genèse et j'en connais parfaitement les débuts et le parcours. Je tiens à ce propos à saluer les efforts de mon prédécesseur, M. Fathallah Sijlmassi, qui a fondé le cadre institutionnel, la structure de l'Union pour la Méditerranée et a engagé l'UpM dans une série de projets importants.
Pour ma part, je dirais que si l'UpM n'existait pas, les leaders de nos pays seraient en train de penser à la créer. Car les défis qui secouent la région, sont collectifs et nécessitent des réponses collectives.
C'est pourquoi l'Union pour la Méditerranée est une institution importante aujourd'hui. Face aux drames de l'immigration irrégulière, du terrorisme et de l'extrémisme, du chômage, de la menace écologique, la solution à long terme réside dans un développement inclusif, qui conforte la cohésion de nos sociétés à l'intérieur des pays, et entre nos peuples à l'échelle de la région. Cette approche équilibrée de la coopération régionale est aujourd'hui plus que jamais essentielle.
Face aux défis mais également aux opportunités existantes, le besoin d'intégration régionale est plus important que jamais. Celle-ci est trop faible, en particulier au Maghreb. C'est la raison pour laquelle l'ensemble de notre activité est orientée vers l'objectif stratégique de l'intégration économique régionale, dont l'importance est fondamentale pour l'avenir. Ma vision est donc de partir de la réalité du terrain et des spécificités de chaque pays pour renforcer cette intégration régionale, trouver de nouvelles synergies entre les deux rives pour résoudre les vrais problèmes que sont ceux qu'on avait cités.
Je pense que nous avons la possibilité de voir dans les prochains mois le rôle de l'UpM se consolider davantage à la faveur du 10e anniversaire de cette institution et grâce à l'engagement des coprésidences et de l'ensemble des pays membres.
Quel rôle peut jouer la Tunisie, en dépit de sa situation économique fragile, pour assumer un rôle important au niveau de la coopération euroméditerranéenne ?
La Tunisie joue un rôle important dans les relations euroméditerranéennes vu son importance géostratégique et s'est toujours engagée activement en faveur de la paix, la stabilité et le développement dans la région.
En tant que pays maghrébin disposant de relations très étroites avec l'UE et engagé dans de nombreux processus régionaux (UMA, 5+5, Accord d'Agadir...), la Tunisie est un partenaire privilégié pour l'UPM.
Je veux rendre ici un hommage appuyé à la vitalité de la société civile tunisienne, ses femmes, ses jeunes, ses universitaires, ses ONGs ainsi qu'à son secteur privé.
Tous ces facteurs nous ont permis, lors de mes entretiens à Tunis, de marquer fortement notre volonté commune de renforcer encore davantage la coopération existante entre la Tunisie et l'UpM. Vous avez parlé de la situation économique fragile de la Tunisie. Moi, je vous dirai que la Tunisie est une force pour la Méditerranée.
Qu'en est-il des projets de l'UpM initiés en Tunisie ?
A la faveur de sa position géostratégique et de la profondeur de ses relations avec les pays du Maghreb, de la Méditerranée orientale et de l'Europe, la Tunisie se trouve au cœur de tout projet méditerranéen. La coopération entre la Tunisie et l'UpM s'inscrit dans le cadre d'un agenda de stabilisation et de développement humain dans le bassin méditerranéen qui représente un objectif partagé par tous les pays de la région.
Nous avons actuellement 51 projets régionaux labellisés. La Tunisie est impliquée en tant que pays bénéficiaire dans 39 de ces projets. L'ensemble de ces projets sont gérés en étroite coordination avec le gouvernement tunisien et ses priorités.
En tant que nouveau secrétaire général de l'UpM, le premier projet qui m'a été présenté en tant que projet le plus emblématique est le Programme intégré pour la protection du Lac de Bizerte contre la pollution qui vise à réhabiliter l'environnement et la qualité de l'eau de ce lac grâce à des efforts de dépollution et de prévention de la pollution, ce qui permettra d'améliorer les conditions de vie de près de 400.000 habitants vivant à proximité. Ce projet est déjà dans sa phase de mise en œuvre et je me réjouis de son lancement prochain.
Je voudrais citer également le projet de Sfax Taparura, qui est un programme intégré d'aménagement de la côte nord de Sfax, la deuxième plus grande ville de Tunisie. Le projet prévoit la réhabilitation de ses plages et la création de 420 hectares de terre pour étendre la région métropolitaine, au profit de ses habitants et de ceux du grand Sfax, soit près de 500.000 citoyens. Ce projet fait partie de l'Initiative pour le financement de projets urbains (Upfi) qui vise à promouvoir et développer des projets urbains innovants et durables dans la région euroméditerranéenne qui puissent servir d'exemple de bonnes pratiques, et ce, en partenariat avec nos partenaires des institutions financières dont je salue l'engagement.
La Tunisie participe aussi à des projets UpM dans de multiples domaines tels que le développement des entreprises, la création d'emplois, l'autonomisation des femmes, l'école de la deuxième chance, l'implication de la communauté tunisienne à l'étranger dans des programmes d'échange d'expertise, notamment dans les nouvelles technologies, etc.
Je suis très heureux de la dynamique actuelle que nous avons avec la Tunisie et les discussions menées lors de ma visite ouvrent des perspectives encourageantes pour travailler sur de nouvelles et ambitieuses initiatives qui contribueront aux actions menées pour le développement du pays.
Quelles sont les incidences des projets de l'UpM et leur adéquation avec les attentes tunisiennes en matière économique et sociale ?
Des défis grandissants qui touchent actuellement notre région. Les défis tels que la lutte contre le terrorisme ou la radicalisation confirment, par leur ampleur et leur impact, la nécessité d'une action régionale collective. Aucun pays aujourd'hui ne peut à lui seul faire face à tous ces défis. La réponse à ces défis est le développement socio économique, le renforcement du dialogue culturel, l'approfondissement de l'intégration régionale, le rapprochement entre les sociétés civiles sont donc des objectifs primordiaux.
Il est important que les différentes politiques qui sont engagées dans la région puissent se matérialiser par des actions concrètes, visant à apporter la stabilité et le développement dans la région. L'objectif de l'Union pour la Méditerranée est de promouvoir des projets et des initiatives régionaux ayant un impact direct sur la vie des citoyens. Les trente-neuf projets régionaux qui concernent la Tunisie s'adaptent à la réalité sur le terrain et visent à améliorer la vie des citoyens au quotidien dans des domaines comme l'emploi des jeunes, l'autonomisation des femmes et le développement durable.
Face au chiffre beaucoup trop élevé de jeunes sans emploi en Afrique du Nord et Moyen-Orient, nous avons lancé en 2013, à Tunis, l'initiative Med4Jobs, visant à améliorer l'employabilité des jeunes et à promouvoir une culture de l'entrepreneuriat en Algérie, Egypte, Jordanie, Liban Maroc, Palestine et Tunisie. Pour ne citer qu'un projet à l'intérieur de cette initiative, le Réseau entreprendre a déjà encadré plusieurs entreprises tunisiennes et créé des centaines d'emplois.
Le programme jeunes femmes créatrices d'emplois, qui a aidé, dans sa première phase, près des centaines d'étudiantes de 32 universités participantes en Jordanie, au Maroc, en Palestine et en Espagne à entreprendre leur propre projet d'entreprise, lance maintenant sa deuxième phase et étend son programme à la Tunisie.
Comment comptez-vous faire face, au sein de l'UpM, au fléau du terrorisme et à résoudre la crise migratoire ?
Pour faire face à ces défis qui traumatisent la région, il faut que l'UpM soit connectée directement aux citoyens avec des projets plus concrets et visibles pour les citoyens, générant croissance, emplois et développement durable. L'UpM doit promouvoir les bases d'un nouveau cadre pour la collaboration, la coopération et le partenariat. L'UpM est aujourd'hui la seule organisation intergouvernementale qui rassemble tous les pays de l'UE et les pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée. A ce titre, il faut l'exploiter comme une plateforme de dialogue et d'action qui réunit régulièrement des décideurs politiques mais aussi les experts, les promoteurs de projets, les représentants du secteur privé, de la société civile, de think tanks et des institutions financières. Ce partage d'idées, priorités et meilleures pratiques donneront naissance à des initiatives concrètes d'intérêt commun pour les citoyens de la région. C'est que l'Union pour la Méditerranée, comme toute structure multilatérale, a vocation à s'adapter à son environnement régional et international. C'est pour cette raison qu'il faut l'adapter à des priorités telles que les thématiques de l'emploi, du développement urbain, de la jeunesse et du renforcement du rôle des femmes dans la société. Cela se fera en complément de l'action dans d'autres domaines prioritaires tels que le transport, l'enseignement supérieur, l'eau, l'environnement et les énergies renouvelables. C'est une approche multidimensionnelle qui s'attaque aux raisons réelles de la radicalisation et de la migration. Mais aussi, au sein de l'UpM, on travaille sur les questions en elles-mêmes et comment aborder les jeunes et leur inculquer le principe de tolérance et les rendre citoyens du monde.
Vous allez tenir en octobre la 3e édition du Forum régional de l'UpM qui réunira les 43 ministres des Affaires étrangères. Quelle est la finalité de ce forum ?
Ce forum sera une occasion pour faire un bilan et trouver quelques pistes et chemins, je veux entendre les responsables politiques dans les pays membres. Il marque une nouvelle approche stratégique dans son ambition, pragmatique et volontariste dans sa démarche.
Lors de cette rencontre, on brossera le tableau des défis et des opportunités qu'offre la Méditerranée. Sans détour et avec un franc-parler qui pointe le mal du doigt et trace les contours des réponses possibles pour que la réponse soit dans le cadre multilatéral qu'offre l'UpM, et la Tunisie, qui y prendra part, est un pays qui a beaucoup à conseiller
En quoi consiste le projet labellisé par l'UpM sur l'usine de dessalement pour la bande de Gaza et quels seront les délais d'exécution ?
Le projet de dessalement pour la bande de Gaza devrait produire 55 millions de mètres cubes d'eau dessalée chaque année, tout en assurant la durabilité opérationnelle du projet ainsi que la distribution équitable parmi les citoyens de la bande de Gaza. L'ensemble du programme aura un impact direct sur la santé publique et la situation humanitaire dans la bande de Gaza, tout en contribuant à la régénération et à la durabilité de l'aquifère côtier. Il offrira également des perspectives d'emploi et de développement économique, contribuant ainsi à la stabilité de la région. Le projet a été élaboré en partenariat avec les principaux acteurs internationaux, y compris la Commission européenne, la Banque européenne d'investissement, la Banque islamique de développement et la Banque mondiale, et a été conçu comme la meilleure solution durable pour stabiliser l'aquifère et assurer l'approvisionnement en eau de la bande de Gaza. On est parvenu à lever 80% des fonds nécessaires, ce qui va nous permettre de commencer les travaux. Pour le reste, je serais en tournée, notamment en Arabie Saoudite, au siège de la Banque islamique de développement, pour parachever le montage financier.


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