Certains ont espéré que, telle la nuit, l'été porte conseil. Il n'en fut rien. Presqu'à la mi-septembre, on en est toujours à la case échec de la fin juin. Bien pis, les manœuvres de coulisses se multiplient pour aboutir à un chassé-croisé de blocs parlementaires qui naissent, s'allient ou se réduisent comme peau de chagrin. Le tout sur fond de luttes de clans et de palais. Pourtant, la rentrée s'annonce chargée. Des lois et des échéances fondamentales sont encore en souffrance, telle celle relative à l'élection parlementaire des membres de la Cour constitutionnelle ou du président de l'Instance indépendante des élections. Sans parler de la loi de finances, dont les enjeux seront âprement disputés. On ne va quand même pas réinventer la roue. La question, posée à brûle-pourpoint par plus d'un observateur averti n'est guère déplacée. On aura observé, au fil des dernières années, un relâchement total de l'administration centrale et régionale et des principaux services publics. Plusieurs considérations y président, dont, bien évidemment, le laisser-aller post-révolution, la montée des particularismes et des corporatismes. Cependant, la crise politique grave en rajoute au marasme ambiant. Les blocages qui se succèdent au fil des ans ont fini d'achever tout esprit d'innovation, après avoir mis à mal les protocoles et procédures peaufinés par l'administration et le service public des décennies durant. Aujourd'hui, le topo n'est guère reluisant. Un peu partout, on s'abîme dans des guerres fratricides ou entre alliés de la veille. En même temps, les indicateurs économiques et sociaux sont au rouge. Qu'il s'agisse de la création d'emplois, des investissements, des exportations ou des balances commerciales et de paiements, les lourds déficits s'accumulent dans une courbe vicieuse. Certains ont espéré que, telle la nuit, l'été porte conseil. Il n'en fut rien. Presqu'à la mi-septembre, on en est toujours à la case échec de la fin juin. Bien pis, les manœuvres de coulisses se multiplient pour aboutir à un chassé-croisé de blocs parlementaires qui naissent, s'allient où se réduisent comme peau de chagrin. Le tout sur fond de luttes de clans et de palais. En même temps, la crise entre la puissante centrale syndicale, l'Ugtt, et le gouvernement s'amplifie. C'est désormais une atmosphère de veillées d'armes. On se regarde en chiens de faïence tout en aiguisant ses couteaux. Pourtant, la rentrée s'annonce chargée. Des lois et des échéances fondamentales sont encore en souffrance, telle celle relative à l'élection parlementaire des membres de la Cour constitutionnelle ou du président de l'Instance indépendante des élections. Sans parler de la loi de finances, dont les enjeux seront âprement disputés. Le gouvernement s'y retrouve coincé entre l'enclume des recommandations appuyées des créanciers, FMI en prime, et le marteau des revendications salariales des ouvriers et fonctionnaires, et fiscales des patrons et entrepreneurs. Tout cela requiert une stabilité institutionnelle et une enceinte parlementaire exerçant ses prérogatives législatives et de contrôle loin de tout calcul de boutiquier. Mais ce n'est malheureusement pas le cas. Tant Youssef Chahed, chef du gouvernement, que ses détracteurs semblent obsédés par l'arithmétique de soutiens au Parlement. Avec, en toile de fond, un éventuel vote de confiance du gouvernement à l'Assemblée et les perspectives des élections législatives et présidentielle prévues pour la fin 2019. Etrangement, on parle de tout, on s'affaire autour de tout, exceptés les difficultés économiques et les dysfonctionnements sociaux à large spectre. Disons-le clairement. La politique politicienne, ici et maintenant, sous nos cieux brumeux, est un luxe que nul protagoniste ne saurait assumer, à moins d'être dépourvu du sens des responsabilités, de la chose publique et de l'Etat. Depuis des décennies, les Tunisiens appellent avec une pointe d'ironie cette politique politicienne «boulitique». Et la réalité leur donne raison. Le manque de formation de nos politiques, toutes instances confondues, est un handicap majeur. Plusieurs considérations historiques et immédiates y président, dont cette propension fâcheuse qu'a notre place politique à appeler les ratés et les loosers comme le paratonnerre appelle la foudre. Et cela déteint sur les associations, les syndicats, les leviers du pouvoir dans son acception large. Nul besoin d'en appeler à la sainte-alliance ou à l'union sacrée. Parce qu'il n'est pire sourd que celui qui ne veut rien entendre. Et que la cécité politique semble la chose la plus démocratiquement partagée sous nos cieux. Sous nos cieux, par la misère de ces jours.