C'est toute une politique qu'il faudrait revoir, parce que tout simplement les choses ont évolué, les matériaux sollicités offrent bien d'autres possibilités et l'accroissement de la demande poussent les autorités à imaginer des moyens plus rentables et plus économiques et qui raccourcissent les délais de livraison. Au Club Africain on se réjouit à l'avance de pouvoir compter sur le terrain de football en voie de réhabilitation et qui sera mis à la disposition de l'équipe séniors dans quelques mois. Cette réhabilitation aurait dû avoir lieu depuis des années. Depuis qu'il a été usé jusqu'à la corde par une utilisation effrénée qui l'a complètement ratatiné. Entretemps, il a fallu louer des terrains pour l'entraînement et cela a coûté beaucoup d'argent au club. L'entretien aurait-il pu suffire ? Non, parce que tout simplement un terrain en gazon naturel est soumis à une cadence d'utilisation bien étudiée et qui ne souffre d'aucune concession. Or, les exceptions et les passe-droit se multiplient et, entretemps, le terrain commence à souffrir. Sa couleur change, des plaques dénudées se multiplient et en quelques mois, il n'y a plus de gazon ni de terrain, mais un champ de patates. Et il faudrait tout refaire avec les dépenses qui viennent grever un budget qu'on éprouve beaucoup de peine à boucler et….surtout les déplacements et le nomadisme qui portent préjudice à l'équipe. Une équipe aime sentir cette intimité que lui procure « son » terrain et rien ne remplace cette sensation d'être chez soi. Soit dit en passant, le Parc B n'a jamais connu ce problème parce que la gestion et le calendrier d'utilisation sont rigoureux et respectés. Tout cela pour dire, que si sur mille terrains ou installations sportives qui existent il n'y a que le tiers qui est réellement utilisable, on ne peut porter au crédit des infrastructures disponibles ces deux tiers qui représentent un véritable danger pour les utilisateurs. Les clubs éprouvent, sans aucun doute possible, le souhait légitime de jouer sur «leur» terrain mais à l'impossible nul n'est tenu. Le rythme d'utilisation est une question de survie pour le gazon et tout dépassement se paie cash. De toutes les façons, il n'y a pas que le calendrier et la fréquence qui comptent mais aussi les saisons. Même s'il est semé en différentes sortes de gazons, il y a toujours en hiver ou en été des problèmes que résolvent les Européens en chauffant leurs terrains par temps froid par exemple. Ce qui n'est pas envisageable dans nos contrées. Une pause pour rénover Considérant l'état dans lequel se trouvent la majorité des terrains et des installations sportives, toutes disciplines confondues, il faudrait envisager une pause dans la construction et se tourner vers l'entretien de fond et la rénovation. Un exemple : réparer El Menzah, c'est avoir, à moindre coût, sous la main un stade d'envergure qui reviendra dans le giron des installations les plus importantes du pays. Dans le cas présent, il se détériore tous les jours un peu plus et va vers une destruction totale. La piscine d'El Menzah, qui devrait être rénovée, nous rappelle actuellement les lugubres installations en béton armé qui se trouvaient dans les pays de l'Est dans les années 60/70. Figurez-vous que la première piscine couverte du pays, celle de l'Isseps de Kassar-Said, à partir de laquelle nous avons commencé à sortir les meilleures nageurs et nageuses du pays ainsi que les entraîneurs qui ont porté à bout de bras la natation tunisienne, est en panne depuis quatre ou cinq ans. Cette négligence pourrait coûter cher car des installations pareilles ne supportent pas l'abandon. Les futurs enseignants spécialistes de natation sont obligés de se déplacer au Bardo ou à …El Menzah. Que de temps et d'argent perdus, mais aussi quel sort réservé à cette auguste installation ! Un capital qui se perd Les exemples sont nombreux et on devrait agir pour réparer et rénover ce qui existe déjà avant de penser à construire de nouvelles installations qui connaîtront les mêmes problèmes. Ces installations ont certes été cédées ou sont gérées par des municipalités, qui n'ont parfois pas les moyens de les entretenir convenablement. Certaines dépendent d'autres départements, et pour éviter de se jeter la balle, il faudrait trouver une formule. C'est le Département des sports qui doit la trouver pour les réactiver. On pourrait s'acheminer vers une politique de rénovation et de construction de nouvelles infrastructures, mais continuer sur cette voie ne mène à rien, car le sport national ne tire aucun profit de ces «cadavres» qui ne demandent qu'à reprendre du service. Des installations qui ont coûté cher et qui dépérissent par négligence ou…ignorance. Equiper les scolaires De toutes les façons, dans les pays développés, on a complètement changé d'optique : pour implanter une installation sportive, on se rapproche le plus possible des établissements scolaires et universitaires pour que ces lieux de prospection privilégiés contribuent à rameuter cette masse de proximité. Les installations sont légères, ne coûtent pas cher et sont extrêmement fonctionnelles. Le béton est de plus en plus délaissé et tout se fait en inox ou en charpente métallique traitée, qui tient le coup durant des décades. On y trouve un terrain ou plusieurs terrains, ou même une piscine, le bloc sanitaire et les douches, quelques locaux administratifs et à l'étage des salles de musculation, de sports de combats ou de gymnastique. Pas de luxe et aucun espace n'est perdu, alors que, dans un même lieu, deux ou trois disciplines sportives peuvent tourner à plein régime. Cela n'a rien à voir avec ces installations lourdes, qui prennent du temps pour être construites et ont le mérite de revenir moins cher. Il n'y a qu'à se souvenir du glorieux Palais des Sports de l'Avenue Mohamed V et des services qu'il a rendus durant des dizaines d'années. Avec les nouveaux matériaux, il est possible de réduire les coûts et de multiplier les installations sportives. C'est toute une politique qu'il faudrait revoir, parce que tout simplement les choses ont évolué, les matériaux sollicités offrent bien d'autres possibilités et l'accroissement de la demande pousse les autorités à imaginer des moyens plus rentables et plus économiques et qui raccourcissent les délais de livraison.