Kamel GHATTAS C'est avec beaucoup d'attention que nous avons écouté les interventions et déclarations qui ont été faites à l'occasion de la campagne pour les élections municipales. Il a été question de sport. Bien timidement certes, mais on en a parlé et la volonté «d'aider» les clubs locaux était présente. Il a été, certes beaucoup, question de propreté, de lutte contre la pollution et bien d'autres questions qui s'imposaient par le délaissement, la lenteur, la léthargie qui ont caractérisé ces dernières années et qui ont transformé profondément le pays. Le sport avait donc sa place et même si ce n'était pas une place de choix, il faudrait avouer que les autres problèmes qu'ont vécus nos concitoyens, que nous avons tous vécus, ont réussi à tout accaparer. Par quel bout les futures municipalités prendront-elles ce créneau qui constitue une base sur laquelle s'érige toute action municipale. Qu'on le veuille ou non, le sport est bien la seule activité qui, sans crier gare, intervient, presque quotidiennement et plus d'une fois par jour, dans les rouages de ces communes et municipalités. Presque toutes les installations sportives sont tenues ou assistées par ces organismes qui les mettent à la disposition des élèves, des corps constitués ou des civils. A longueur de journée, et même un bon bout de la nuit, les terrains, les salles, les piscines, les salles de sport de combat ou autres sont en activité. Une activité débordante qui, faute de moyens ou de priorité, a perdu progressivement de son lustre. Une installation sportive, utilisée à outrance, parce que sans ménagement, finit par devenir une simple installation virtuelle, qui vire de plus en plus souvent au cauchemar. Les blessures se multiplient, les indisponibilités qui réduisent les activités, les taux d'occupation et de fréquentation qui s'amenuisent, incommodent les utilisateurs et, d'une manière générale, appauvrissent le sport. Et ce n'est plus un secret pour personne, notre infrastructure sportive s'est appauvrie, malgré tous les efforts que l'on essaie de déployer pour l'enrichir en inaugurant de temps à autre une nouvelle installation. C'est que le jour où on découvre la plaque inaugurale de l'une, on baisse le rideau sur deux ou trois qui sont devenus de véritables dangers. Faute d'entretien, il était devenu difficile de continuer à utiliser une installation tombée en ruine. Le cas du stade d'El Menzah est typique. Il semble que l'on ait depuis un bon bout de temps ouvert son dossier, mais les «études» et les décisions à prendre sont si lentes, si laborieuses que l'on a l'impression que l'on fait du surplace. Combien de terrains, de salles, de piscines ( !?) sont dans cet état ? Les dégâts vont de l'usure normale que subit une installation surutilisée, à la destruction méthodique, mais les résultats sont les mêmes : des équipes vouées à l'inactivité ou à la contrainte de travailler à l'étroit dans des conditions lamentables, des jeunes dans la rue ou pour lesquels on refuse l'entrée, faute de place. Et au moment où on jure que tout est fait pour et au bénéfice des jeunes filles et garçons de ce pays, on ne leur offre même pas le moyen de s'exprimer et de faire valoir leurs immenses capacités. Les statistiques sont loin de prouver que la Tunisie possède une population sportive digne de ses énormes possibilités. On ne fait pratiquement rien pour changer cet état des choses, parce que pour le devenir, il faudrait commencer par mettre en place des installations qui ne coûtent pas cher (non pas ces blocs de béton dépassés), qui sont fonctionnelles, que l'on ouvre à tous ceux qui respectent les réglementations en vigueur, gérées par des connaisseurs formés pour la fonction et non par des fonctionnaires étrangers au milieu sportif et que l'on entretient de manière régulière et soutenue. Les prochains responsables municipaux ont du pain sur la planche.