En dépit des efforts fournis par des responsables, la couverture éducative pour la petite enfance reste faible. Tout le monde sait que les premières années d'un enfant (de la naissance jusqu'à l'âge de 6 ans) sont déterminantes pour toute sa vie puisqu'elles représentent une étape exceptionnelle pour la croissance de son cerveau et posent, par conséquent, les fondements de son développement ultérieur. D'où l'importance de répondre à ses besoins sociaux, émotionnels, cognitifs et physiques afin de créer une fondation solide qui le prépare à l'apprentissage tout au long de sa vie. Il va sans dire que le fait d'investir dans la petite enfance en adoptant une approche intégrée du développement combinant éducation, santé, alimentation et protection et en facilitant l'accès à des structures éducatives préscolaires de qualité, peut protéger et promouvoir l'enfance précoce, tout en contribuant à son épanouissement et à son développement psychomoteur. Notons dans ce contexte que pour améliorer l'accès aux structures d'éveil publiques, surtout pour les enfants issus de milieux défavorisés, le ministère de la Famille, de la Femme et de l'Enfance a engagé un vaste programme pour la prise en charge de la scolarisation précoce des enfants issus de familles défavorisées en accordant à 4.450 enfants à travers le pays la possibilité de profiter du programme «Mon jardin d'enfants dans mon quartier», le but étant d'assurer l'encadrement de la petite enfance surtout dans les quartiers populaires et dans les zones rurales reculées où la couverture éducative demeure très faible. Ainsi, le ministère se charge des frais d'inscription de ces enfants durant 10 mois, de septembre à juin, en allouant 250 d par enfant. Par ailleurs, 25 jardins d'enfants municipaux seront rouverts cette année après aménagement et octroi des équipements nécessaires, en plus des 40 jardins d'enfants municipaux aménagés durant l'année 2017-2018. L'objectif de ce programme pour lequel le ministère a mobilisé 5.970 mille dinars est de renforcer le droit d'accès aux services éducatifs prestataires de qualité et d'augmenter le taux des bénéficiaires parmi les enfants entre 3 et 5 ans de ces prestations. Profusion de jardins d'enfants clandestins Dans un gouvernorat comme celui de Kairouan, on compte 17 garderies scolaires, crèches et 153 jardins d'enfants, dont 21 sont gérés par des ONG et des communes et 132 encadrés par des privés; néanmoins, la profusion des jardins d'enfants clandestins (il en existe une quarantaine), la disparité dans l'éducation, la distorsion des prix d'inscription dans les institutions éducatives représentent d'énormes difficultés à la promotion de l'éducation préscolaire. Notons dans le contexte qu'un comité formé de représentants du gouvernorat, de la santé, du Commissariat régional à la famille, à la femme et à l'enfance, de conseillers pédagogiques et du délégué de protection de l'enfance effectue très souvent des visites inopinées à des structures illégales dénoncés par des citoyens et dont le nombre varie d'un mois à un autre. Plusieurs décisions de fermeture ont été émises par les membres de ce comité qui ont constaté de visu beaucoup de carences, d'encombrement, d'absence d'hygiène dans des locaux où des enfants de tous âges sont entassés et encadrés par des responsables non qualifiés et qui se contentent de laisser les enfants regarder la télévision et écouter des chansons assourdissantes. Malgré ces décisions de fermeture, les jardins d'enfants anarchiques continuent de pousser comme des champignons, surtout dans les quartiers populaires et en zones rurales, et ce, pour répondre aux besoins des familles de condition modeste. En dépit des efforts fournis par les responsables à tous les niveaux, la couverture éducative reste très faible d'autant plus que le secteur privé a marqué le pas, faute d'une bonne rentabilité économique. Frustrant pour une enfance délaissée surtout dans les zones montagneuses.