Notre modèle de formation est en péril. A l'instar des clubs formateurs par excellence qui ont quelque peu perdu leur vocation première, les pépinières de jeunes talents ne sont plus aussi productives que par le passé. «Regardez les déboires en cascade du côté des jeunes de l'élite, ce n'est que la conséquence du rejet pur et simple de la formation, pourtant pierre angulaire de toute politique sportive ambitieuse. Maintenant, si l'on analyse les différents parcours de nos sélections des jeunes, produit des différents centres de formations tunisiens, c'est le désert intégral avec des résultats poussifs et de la figuration au bout du compte. Bref, le must de nos jeunes est livré à son triste sort sachant que les clubs en général sont devenus des adeptes du recours préférentiel aux vieux briscards plutôt que d'investir dans le vivier. Bien entendu, cela va forcément déteindre par la suite sur l'équipe A, celle des seniors via une maigre récolte à terme. Franchement, je pense qu'il faut revenir aux fondamentaux et à la formation plutôt qu'aux recrutements massifs et aux solutions de facilité, à la hâte comme on dit. Notre ambition doit concourir à l'émulation des jeunes via un agenda assez bien ficelé et qui englobe plusieurs variables endogènes et exogènes. Les clubs ne doivent pas se contenter de grossir les rangs de l'équipe pour avoir une sorte de vitrine, le côté cour de leur façade. Veiller à structurer le département relatif aux jeunes via une gestion rigoureuse avec des axes de travail définis clairement. Budgétiser tout cela sans se limiter à colmater les brèches et à insuffler de temps à autre des montants dérisoires juste pour que le CDF garde la tête hors de l'eau. Tout ce qui sera à la base du succès doit être pris en compte. Sans du courage et du bon sens, les résultats seront à la hauteur de ce qui a été investi. Je pense même que la feuille de route doit être globale, la même pour du moins une bonne vingtaine de clubs dits professionnels et au-delà. Il faut tout d'abord mettre sur pied un plan quinquennal audacieux qui éviterait tout d'abord la déperdition de jeunes talents. L'heure n'est plus au tâtonnement. En clair, on ne peut plus se permettre de naviguer à vue. Il faut une vision et une stratégie claires». Perte d'identité des pourvoyeurs du cru «Ecoutez, en Tunisie malheureusement, outre la perte d'identité de clubs connus pour être de véritables fabriques de jeunes talents, à l'instar de la JSK, du COT, et à un degré moindre le CSS et le CAB, désormais, les pourvoyeurs du cru local ne misent pas tous sur la carte jeune pour se renforcer à terme. Pour la plupart, ils envisagent à externaliser cette activité encombrante et soi disant coûteuse, alors qu'ils auraient tout à gagner en misant sur la carte jeune. Que de questions peuvent être soulevées à ce sujet. Mais je note comme tout le monde que disposer d'un CDF n'est plus la résultante d'une stratégie définie d'amont en aval. Non, c'est juste pour brosser un tableau idyllique, pour se dédouaner. Budgétisation claire, infrastructure adaptée, techniciens chevronnés. Nos jeunes doivent être pris en charge d'une manière scientifique et pointue avec des formateurs aptes pour ce job. Cela dit, les responsables de notre sport-roi doivent mettre les clubs devant leur responsabilités, comme les enjoindre à ne plus délaisser la formation au profit du «prêt-à-porter» sportif. Car, par exemple, la plupart du temps, les structures des jeunes sont confinées dans une parcelle annexe du complexe sportif du club. Dommage que ce soit la résultante d'une pression exercée par les clubs de l'élite qui mettent en avant l'intérêt primordial de l'équipe A contre vents et marées. C'est la règle. Les seniors accaparent la totalité des deniers, de la logistique, des moyens et des supports. Tout cela grippe forcément la machine de notre modèle de formation. Et, bien entendu, tout cela déteint sur les équipes nationales des jeunes et des seniors par la suite. Regardez ce qui se passe actuellement. Nos réussites son ponctuelles, et parfois, une bonne campagne n'est que l'arbre qui cache la forêt. Qui ne se rappelle pas de l'épopée de la joyeuse fratrie de Mrad Mahjoub à Moscou avec les Lounis, Lotfi Rouissi, Haithem Abid, Abdelhak, Mourad Gharbi, Sami Touati, Kais Yaakoubi, Bourchada et autre El Ouaer. Qui n'a pas vibré à la vue du jeu déroulé par la sélection cadette de Maher Kanzari avec les Youssef Msakni, Nour Hadhria, Khaled Ayari, Dkhili, Ifa & co. Notre vivier est là. Il suffit d'assurer la continuité, le suivi et l'encadrement adéquat pour, qu'à terme, un palier soit franchi».