Ennahdha tend la main au consensus, cela signifie-t-il que le retour de l'entente Ghannouchi-Caïd Essebsi est une affaire de jours ? Les membres du Conseil de la choura ont donné le feu vert au rétablissement du consensus, convaincus qu'ils sont qu'ils ne peuvent abandonner un choix aussi stratégique et décisif que le consensus La 22e session du Conseil de la choura d'Ennahdha dont les travaux se sont déroulés samedi et dimanche derniers a-t-elle permis de rectifier l'erreur que reprochent Lotfi Zitoun et ses amis dans leur fameuse lettre ouverte à Rached Ghannouchi concernant la rupture par Ennahdha du consensus qui la liait au président Béji Caïd Essebsi depuis l'historique pacte de Paris en date du 15 août 2013 ? En d'autres termes, la semaine agitée qu'a vécue Ennahdha avant le rendez-vous de Hammamet (révélations du Front populaire sur l'implication pénale d'Ennahdha dans l'assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi et dévoilement au public de la lettre-réquisitoire de Zitoun et ses amis contre les décisions unilatérales du président du parti) a-t-elle eu pour conséquence que les opposants parmi les nahdhaouis au choix de Youssef Chahed aux dépens du président Caïd Essebsi ont gagné la partie en imposant le retour à la politique du consensus qui a toujours caractérisé les rapports Rached Ghannouchi-Béji Caïd Essebsi. Et les différents responsables nahdhaouis de se mobiliser pour expliquer aux Tunisiens ce qu'ils appellent la stabilité politique ? La stabilité politique consiste, en effet, selon les déclarations issues du Conseil de la choura, à concilier le maintien de Youssef Chahed à son poste de chef du gouvernement, à condition qu'il s'engage à démissionner, lui et ses ministres, au cas où ils auraient l'intention de se présenter à l'élection présidentielle ou aux législatives de fin 2019, avec le rétablissement du consensus avec le président de la République Béji Caïd Essebsi. Abdelkarim Harouni l'a déclaré clairement à la clôture des travaux du Conseil de la choura : «Nous sommes attachés à préserver une relation positive avec le président de la République tout en continuant à négocier avec Youssef Chahed dans le but de parachever les conditions nécessaires au partenariat». Le président du Conseil de la choura d'Ennahdha ne donne pas de précisions sur la nature des conditions de ce qu'il appelle le partenariat Ennahdha-Youssef Chahed. Sauf que certaines indiscrétions répercutées bien avant la clôture des travaux du Conseil de la choura laissaient entendre que «l'entente ou le soutien d'Ennahdha à Youssef Chahed peuvent évoluer pour constituer un partenariat qui va au-delà des élections de 2019», ce qui revient à dire que Youssef Chahed pourrait aspirer à être le candidat d'Ennahdha à la prochaine élection présidentielle mais à condition qu'il abandonne son projet de créer son propre parti politique qui pourrait lui permettre de gagner la présidentielle et les législatives comme le prophétisent déjà plusieurs parmi ses amis du bloc parlementaire «la Coalition nationale». Et pour faire comprendre à Youssef Chahed que ses ambitions personnelles ne pourront, en aucun cas, supplanter les intérêts stratégiques d'Ennahdha, on s'applique à faire réactiver le consensus avec le président Béji Caïd Essebsi. Le président d'Ennahdha Rached Ghannouchi semble avoir tiré les enseignements de la folle semaine qui a ébranlé son parti en laissant entendre qu'il est prêt à revoir sa décision d'interrompre le consensus avec le président de la République. Les participants au Conseil de la choura lui ont fait comprendre que le soutien inconditionnel à Youssef Chahed «qui n'a donné jusqu'ici aucune garantie sur ses desseins personnels» n'est pas aussi productif qu'on le pensait, sans oublier les visées antinahdhaouies de ceux qui l'entourent et lui font miroiter l'idée d'aspirer au leadership de la famille centriste. Et c'est dans cet esprit que plusieurs observateurs ont accordé du crédit aux tentatives de conciliation Caïd Essebsi-Ghannouchi afin d'aboutir à la conclusion d'un nouveau pacte qu'on pourrait baptiser le «pacte de Paris II».