Les saisonniers qui on trouvé un emploi temporaire pendant l'été sont de nouveau retombés dans l'oisivité. Alors que la haute saison touristique s'en va, ce ne sont pas seulement les hôteliers qui en pâtissent, après avoir savouré, trois mois durant, les délices du surbooking et le régal des devises étrangères. Avec eux, il y a aussi des victimes potentielles, à savoir les habitués des jobs d'été, ceux-là mêmes qui sombrent automatiquement dans l'oisiveté et le chômage, le reste de l'année. A commencer par les locataires des boutiques de vente des produits d'artisanat dont le bail avec les hôtels expire normalement aux premières pluies de l'automne. On citera également les marchands ambulants qui font le tour des établissements touristiques, qui à la plage, qui dans les boîtes de nuit, qui encore sur la voie publique, pour écouler leur marchandise. Autres perdants, les agents de sécurité privés qu'on… remercie gentiment à l'entame de la basse saison. Idem pour les serveurs qui disparaissent des radars de la circulation au nom de l'équilibre entre l'offre et la demande. A tout ce beau monde de… sinistrés, on peut ajouter les animateurs d'hôtels qui, une fois les belles veillées d'été passées, n'ont plus rien à foutre dans un établissement à moitié vide, s'il n'est pas carrément dépeuplé. En attendant… l'été prochain Devant ce constat morose, et au milieu de ce décor funeste, surgissent les questions suivantes : que feront toutes ces victimes? Quel sort les attend? Trouveront-elles des emplois ailleurs? Finiront-elles par renforcer les rangs des centaines de milliers de chômeurs que compte le pays? L'Etat a-t-il réellement une stratégie de sauvetage au profit des jobs d'été? Jusqu'où ira le statu quo? Autant d'interrogations qui trahissent une triste réalité. Celle-ci devra interpeller les départements concernés, à savoir les ministères du Tourisme, de l'Emploi et des Affaires sociales. En attendant, les victimes continuent de manger leur pain noir. En effet, si le problème ne se pose pas pour les lycéens et étudiants qui retrouvent les bancs du savoir après avoir profité matériellement des trois mois de travail aux hôtels, il n'en est pas de même pour les autres dont la plupart seront réduits au chômage. «Après l'été, je n'ai plus rien à faire», soutient un vendeur ambulant d'articles d'artisanat qui affirme être obligé de faire quotidiennement la tournée des chantiers à la recherche d'un boulot. Pour un videur d'hôtel, «Si je gagne beaucoup d'argent en été, je n'en gagne plus le reste de l'année que je passe à compter les interminables jours de cafard, d'où la nécessité de voir l'Etat se résoudre afin de réglementer la situation professionnelle des agents de sécurité civils. Sinon il faudrait attendre l'été prochain pour trouver de l'embauche. Pour les beaux yeux de Sarah Comme dans la plupart des naufrages, on compte des rescapés, les jobs d'été font tout de même des heureux. Nous voulons parler de ces animateurs d'hôtels irrésistiblement entreprenants et dragueurs de première classe. S'investissant corps et âme dans ce boulot qui leur va comme un gant, étant très proches des touristes, ils font tout pour dénicher l'oiseau rare, c'est-à-dire une amie qui leur garantira une… émigration douillette. N.M, 28 ans, en sait quelque chose. Animateur dans un hôtel de Hammamet, il assure s'apprêter à aller s'installer en Allemagne, grâce aux bons offices d'une touriste dont il a fait la connaissance. «Je l'ai croisée, se souvient-il, par une belle soirée d'été. Elle s'appelle Sarah. Et depuis, on ne s'est pas séparé durant deux semaines. La veille de son départ, elle me propose de l'accompagner en Allemagne, avec la promesse de me faire caser dans une société qu'elle gère avec son mari. Etant chômeur et ne travaillant qu'en été, je n'avais plus qu'à obtempérer. Merci Sarah, adieu la Tunisie». A méditer.