Comment évaluez-vous les réalisations faites jusque-là par l'OFA? La délégation jordanienne compte plusieurs personnalités féminines, à savoir la ministre du Développement social, la présidente exécutive, la responsable du Conseil national des affaires de la famille, la responsable des communications dans le bureau de la Sa Majesté la Reine Rania Al Abdallah II, la présidente de l'Union de la femme en Jordanie, ainsi que des membres d'organisations non gouvernementales. L'évaluation des réalisations enregistrées jusqu'à présent depuis la création de l'Organisation de la femme arabe (OFA) m'amène à rappeler que la Jordanie a été présente et active dès le début, et ce, à travers sa participation aux congrès et aux réunions de l'OFA. La Jordanie a ainsi pris part aux deux congrès qui se sont tenus respectivement à Bahreïn et aux Emirats Arabes Unis. Nous avons également été présentes aux réunions, ainsi qu'aux sommets qui se sont tenus en Tunisie et qui ont été présidés par Madame Leïla Ben Ali, Première Dame de Tunisie. Je peux affirmer que son mandat est riche en réalisations. L'OFA a franchi un nouveau palier grâce aux efforts de Madame Leïla Ben Ali qui accorde à la cause de la femme arabe un intérêt très particulier. Puisant dans l'expérience tunisienne en matière de promotion des droits de la femme, Madame Ben Ali a contribué grandement aux programmes de l'OFA en donnant un nouveau souffle à l'action commune et en lançant de nombreuses initiatives en faveur de la condition de la femme arabe. Quels sont les problèmes que la femme jordanienne continue à endurer et qui entravent ses efforts en matière d'implication dans le développement intégral? Depuis 1973, la femme jordanienne bénéficie de certains droits, mais la réalité de notre société empêche la femme de jouir concrètement de ses droits comme celui de sa participation à la vie politique et de sa représentation dans la Chambre des Députés. La guerre de 1967 a engendré le retardement des élections. En 1976, on a voulu remplacer la Chambre des Députés par le Conseil national consultatif. La femme a pu, depuis, décrocher sa place au sein du Conseil. Elle est même parvenue à occuper le poste de ministre. En effet, en 1984, et pour la première fois en Jordanie, l'Etat a accordé à une femme des fonctions de ministre du Développement social. En 1984, j'ai été moi-même nommée ministre de l'Information. Actuellement, le Parlement compte trois ministres femmes. Par conséquent, la participation de la femme à la vie politique n' a jamais posé de problèmes car elle a toujours joui de ses droits dans ce sens. Le problème se pose, en revanche, au niveau de la société jordanienne qui a du mal à accepter que la femme participe à ce domaine traditionnellement réservé aux hommes. Actuellement, nous comptons 12 femmes membres de la Chambre des Députés contre 4 femmes il y a, à peine, quelques années. Avec les prochaines élections, il y a de fortes possibilités pour que le nombre de femmes élues dépassent le nombre actuel de femmes dans la Chambre des Députés. La Jordanie compte également sept femmes au Sénat. En ce qui me concerne, je suis membre du bureau exécutif du Sénat qui est composé de cinq membres. En quoi consistera la participation jordanienne au présent Congrès ? Et quelles en sont vos attentes ? Je suis chargée de la feuille relative au contenu du programme de ce Congrès. Nous attendons, en fait, que ce Congrès puisse servir de plateforme pour débattre de la participation de la femme dans différents domaines liés au développement durable, à savoir l'éducation, la santé, la politique… La participation de la femme revêt, à vrai dire, une dimension globale qui s'avère très importante pour la communauté arabe. Nous attendons énormément de la concrétisation des recommandations. Ces recommandations devraient permettre à la femme arabe de gravir de nouveaux échelons dans plusieurs domaines. Du fait de son expérience pionnière en matière de promotion de la femme, la Tunisie est très bien placée pour servir de locomotive et permettre de franchir un nouveau palier pour la promotion des droits de la femme et pour sa participation au développement de son pays. Nous espérons que tous les pays arabes soutiennent cette action commune et prennent en considération, dans leurs approches politiques, la totalité des recommandations formulées en faveur de la condition de la femme arabe. Propos recueillis par I.H. (Entretien réalisé avant la clôture du Congrès)