De notre envoyée spéciale au Caire Neila GHARBI La 40e édition du Festival international du film du Caire, organisée par le ministère de la Culture, s'est ouverte mardi dernier à Dar l'Opéra du Caire devant un parterre de vedettes et de stars égyptiennes et internationales. Quelque 160 films représentant près de 59 pays participent à cette édition anniversaire qui se poursuivra jusqu'au 29 novembre. Le tapis rouge ou red carpet, devenu un indispensable des festivals, a vu défiler, dans ce Hollywood oriental, des artistes de tous bords accoutrés de leurs costumes et robes de soirée qui feront la une des magazines people ou encore des télévisions. Ce fameux tapis rouge a causé plus d'une heure de retard à la cérémonie d'ouverture à laquelle ont assisté plusieurs ministres, dont la ministre de la Culture. Au cours d'une brève allocution, cette dernière a déclaré ouverte cette 40e édition. Plusieurs hommages ont été rendus au cours de cette soirée et des Prix honorifiques portant le nom de Faten Hamama ont été décernés à des cinéastes et acteurs parmi lesquels le réalisateur britannique Peter Greenaway, qui a à son actif 21 longs métrages, dont le célèbre «Meurtre dans un jardin anglais» (1982) film qui l'a propulsé sur la scène cinématographique internationale, le réalisateur russe Pavel Lounguine, dont les films «Taxi Blues» et «Luna Park» lui ont valu une reconnaissance mondiale. «Le festival du Caire où j'ai été invité plusieurs fois est différent des autres. Je n'ai jamais vu un public rire autant à une cérémonie d'ouverture comme celle du Caire», a, entre autres, déclaré ce dernier. Le Prix Faten Hamama a été également accordé à des figures phare du cinéma égyptien, dont l'acteur Hassen Hosni, un excellent second rôle, dont les films ne se comptent plus. «Heureusement que le prix m'a été attribué de mon vivant», a indiqué l'acteur sous les ovations nourries des spectateurs. Un hommage a été rendu au compositeur de musique de film Hashem Nazih, à l'acteur Samir Sabri, qui a assuré la présentation de la première session du festival et a reçu à son tour le trophée Faten Hamama, ainsi que Youssef Chérif Razgallah, directeur artistique du festival. Une leçon de vie Après la présentation du jury de la compétition internationale, présidé par le grand cinéaste danois, Bille August, dont les films les plus célèbres sont «Les meilleures intentions» (1992) et «La Maison aux esprits» (1994) et dont l'un des acteurs est notre star tunisienne et arabe Dhafer Abiddine; les stars et starlettes aux strass et paillettes ont quitté la salle à la fin de la cérémonie, cédant la place aux cinéphiles pour visionner le film d'ouverture «Green Book» de Peter Farrelly, une comédie dramatique dépeignant la ségrégation raciale dans le Vieux Sud des Etats-Unis au début des années 60. Adapté d'une histoire vraie, ce road-movie dévoile l'aventure douce-amère de Tony Lip (Viggo Mortensen), agent de sécurité italo-américain chargé de conduire et de protéger Don Shirley, illustre pianiste afro-américain Ali Mahershala lors de sa tournée dans le Vieux Sud des Etats-Unis. Petit à petit, les deux hommes apprennent à se connaître dans une Amérique qui continue à rejeter les gens de couleur même s'ils sont des génies. Au fur et à mesure de leurs pérégrinations dans une Cadillac, une amitié se développera entre le chauffeur, une brute au grand cœur et gros mangeur, et l'artiste raffiné et solitaire. Deux figures opposées pour ce classique du cinéma américain où le pianiste se fait maltraiter et agresser plusieurs fois à cause de sa couleur de peau et le chauffeur contraint d'assurer sa protection en tabassant les racistes. On croyait que le racisme était de la vieille histoire, mais les vieux démons ont vraisemblablement la peau dure et remontent à la surface chaque fois que l'occasion se présente. Le voyage se termine en happy end. Noël, la neige forme un tapis blanc, le chauffeur fatigué dort sur la banquette arrière et l'artiste prend le volant et le conduit chez sa famille, puis pour ne pas passer la soirée seul, il rejoint Tony Lip et sa famille pour fêter ensemble Noël. En somme, «Green Book» est une leçon de vie où tout est bien qui finit bien comme un bon téléfilm à voir en famille.