Par Kamel Ghattas L'un de nos confrères, en parcourant un de nos titres, s'est spontanément confié : «Non, nous n'avons pas perdu une année, bien au contraire, l'année n'a jamais été aussi prodigue en résultats en football et nos équipes ont tout remporté ! ». C'est son avis. Il est libre de concevoir les choses de cette manière. D'ailleurs, il est sur la même longueur d'onde que ceux qui estiment que les résultats priment sur la manière, bousculent l'attachement aux fondamentaux qui pérennisent ces réussites que l'on glane à la faveur de bien de concours de circonstances favorables. Ce qui se passe derrière le paravent est tout à fait secondaire. - Ces clubs qui dévorent leurs présidents, - Ces présidents qui, parce qu'ils ont de l'argent, pensent que tout doit leur être assujetti, et qui agissent comme les roitelets des peuplades primitives des confins de l'Amazonie, - Ces sélections de jeunes qui cumulent les échecs et qui prouvent que nos réservent s'épuisent, - Ces associations sportives qui s'enfoncent de manière inextricable dans les dettes, - Ces jeunes livrés à eux-mêmes -Ces infrastructures qui ne conservent plus que le nom, -Ces incidents qui secouent nos villes et régions et qui sont provoqués par des trublions qui s'infiltrent impunément entre les supporteurs des équipes en compétition, - Ces trêves et ce calendrier qui change toutes les semaines, -Ces arbitres que l'on conteste, et bien d'autres choses encore, cela fait–il partie de la règle du jeu. ? Cela suppose-t-il qu'un sport se développe grâce à ces soubresauts qui lui permettent d'enrichir la rubrique des faits divers ? Devons-nous continuer à additionner le nombre de victimes, de blessés et même de morts pour remporter des titres et considérer qu'il faut bien quelques sacrifices ? Si ces situations perdurent, les autorités, que ce soit au niveau du ministère ou de celui de la Fédération, ne devraient –ils pas s'empresser de réglementer, codifier et organiser la pratique du football professionnel comme c'est le cas dans les pays qui se respectent? Nos clubs ne devraient-ils pas enfin s'organiser ? En remportant des titres, cela suffit-il à leur bonheur et au nôtre ? A-t-on le droit de penser que l'on n'a nullement besoin de se compliquer la vie avec de nouvelles réglementations ? Nos clubs sont-ils condamnés à devenir des gouffres financiers ou un moyen pour gagner de l'argent facile en détournant leur vocation et en les traînant au-devant les tribunaux civils ou sportifs ? Ce genre de réaction est aussi sidérant qu'incompréhensible. Chaque jour, chaque semaine, nous livrent des informations et des faits qui semblent pourtant assez éloquents pour nous pousser à accélérer la mise en place d'une véritable politique sportive. Mais il n'en est rien. Aucun frémissement pour faire bouger ce mur du silence qui devient de plus en plus compact. Après l'épisode Club Africain et le clanisme manifeste qui a mis en relief les véritables maux de ce grand club, ce qu'il a enduré et ce qu'on a fait de son image, voilà l'Etoile Sportive du Sahel qui occupe l'avant-scène. Fini l'ambiance festive et exceptionnelle, les photos avec des visages candides et les louanges adressés au président qui, depuis des années, porte le club à bout de bras. Il y a même ceux qui contestent sa présence alors qu'il vient d'être réélu. On vient de lui trouver bien des défauts, parce que les résultats ne suivent pas. Cela finira par se décanter d'une manière ou une autre mais, toute cette ambiance, cette absence totale de mesures, cette soudaine ingratitude avec des accusations qui émanent d'anciens salariés sont révoltantes. Encore un moyen pour prouver que dans un club structuré, où chacun a sa fonction, sa place et sa mission, conformément à ce que devrait être un club professionnel, ces dépassements auraient été impossibles. Les contrevenants se seraient abstenus d'agir sans prendre garde aux conséquences. Et à moins de… quitter le pays, ils seront dans l'obligation de rendre des comptes et de payer pour leur mauvaise gestion. Même si le club remporte des titres ! Voilà, avec ces feuilletons qui exaltent l'ingratitude et le désordre, il y de quoi passer l'hiver au chaud.