Le ministre de l'Intérieur a annoncé un redéploiement et un «changement de tactique» dans la lutte contre le terrorisme à Kasserine. Un redéploiement qui pourrait par la suite être généralisé à l'ensemble des gouvernorats frontaliers du nord-ouest (Jendouba et Le Kef). Le ministère renforcera ses effectifs pour augmenter ses capacités de lutte contre les agressions quotidiennes des personnes. 7.700 nouveaux agents seront à ce titre recrutés et formés dans le cadre du budget de 2019 La Commission de la sécurité et de la défense a entendu hier tout le long de la journée le ministre de l'Intérieur, Hicham Fourati, en huis-clos. Le président de la commission Abdellatif Mekki a invité les journalistes et les observateurs de la société civile à quitter la salle d'audience, suite à un vote des députés. «Lors de cette séance d'audition, nous avons pu avoir des informations précises», explique le président de la commission. «Le ministère de l'Intérieur semble avoir atteint un degré de compréhension satisfaisant de la menace terroriste», poursuit-il, pendant la conférence de presse tenue à la suite de l'audition. De son côté, le ministre de l'Intérieur a annoncé un redéploiement et un «changement de tactique» dans la lutte contre le terrorisme à Kasserine. Un redéploiement qui pourrait par la suite être généralisé à l'ensemble des gouvernorats frontaliers du nord-ouest (Jendouba et Le Kef). «La nouvelle stratégie comprend, entre autres, l'unité de commandement dans la lutte antiterroriste», explique Hichem Fourati. Cette nouvelle unité dédiée exclusivement à l'antiterrorisme, formée des «éléments les plus compétents», ne sera plus tenue et plombée par la logique de la «compétence territoriale» et aura toute la latitude nécessaire pour agir sans contrainte. Jusqu'à présent, les affaires terroristes dans les régions sont confiées à la police et à la Garde nationale, qui doit en même temps s'occuper d'autres affaires criminelles de toutes sortes. Commentant le limogeage des cadres sécuritaires à Kasserine, le ministre de l'Intérieur a insisté sur le fait que ces derniers ont été nommés dans d'autres endroits dans le cadre d'un redéploiement et qu'en fin de compte, il ne s'agissait pas d'un véritable limogeage. «Kasserine a été la cible de plusieurs attaques terroristes depuis le début de l'année. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de changer d'équipe, précise-t-il. C'est comme au foot, lorsqu'une équipe ne donne pas de bons résultats au bout de deux ou trois parties, l'entraîneur a le droit de revoir la tactique et la composition de l'équipe». Il est à rappeler que la commission de la sécurité et de la défense a auditionné hier le ministre de l'Intérieur à propos de l'opération terroriste du 29 octobre 2018 en face du théâtre municipal de Tunis et celle du 14 décembre dernier survenue à Sbiba du gouvernorat de Kasserine. Interpellé sur la question du crime organisé et du phénomène des braquages, le ministre de l'Intérieur a affirmé que le phénomène n'était pas propre à la Tunisie et que même dans les grandes villes occidentales, il était parfois dangereux de circuler. Il a par ailleurs indiqué que le ministère renforcera ses effectifs pour augmenter ses capacités de lutte contre les agressions quotidiennes des personnes. 7.700 nouveaux agents seront à ce titre recrutés et formés, dans le cadre du budget de 2019. Hichem Fourati a également indiqué que dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue, et notamment l'écoulement des stupéfiants près des écoles, le ministère de l'Intérieur est en train «d'animer un réseau d'informateurs». En 2018, la police a procédé à 10.000 arrestations en relation avec le trafic de drogue.