Le meeting populaire, qui intervient à trois jours de la grève générale annoncée dans la fonction et le secteur publics, prévue jeudi prochain, est perçu comme un dernier ultimatum au gouvernement Chahed, qui ne répond toujours pas aux attentes de la centrale des travailleurs pour ce qui concerne les augmentations salariales au profit de la fonction publique. En cas de non-accord consensuel dans les plus brefs délais, c'est-à-dire aujourd'hui, la grève ne sera pas annulée En ce 14 janvier 2019, date phare dans l'histoire de la Tunisie, l'Ugtt a choisi de fêter la révolution à sa manière : un grand rassemblement ouvrier a eu lieu, hier matin, à l'emblématique place Mohamed-Ali, où son secrétaire général, Noureddine Taboubi, a prononcé un long discours commémoratif, rendant un hommage posthume à tous les martyrs de la patrie. Il a commencé, d'emblée, par observer une minute de silence, récitant la Fatiha à leur mémoire. Ce meeting populaire, qui intervient à trois jours de la grève générale annoncée dans la fonction et le secteur publics, prévue, a priori, jeudi prochain, est perçu comme un dernier ultimatum au gouvernement Chahed qui ne répond toujours pas aux attentes de la centrale des travailleurs pour ce qui concerne les augmentations salariales au profit de la fonction publique. En cas de non accord consensuel dans les plus brefs délais, c'est-à-dire aujourd'hui, la grève ne sera pas annulée. Ainsi, M. Taboubi a réitiéré le même message lancé aux affiliés de l'Union, lors de sa dernière rencontre à Sousse et sa tournée dans les régions qu'il a visitées. Sous les applaudissements et les slogans scandant à la gloire de l'Ugtt, le numéro un de l'organisation ouvrière a fait à l'assistance un tour d'horizon des enjeux et défis du pays. Un diagnostic de l'étape post-révolution fut établi. « Huit ans déjà passés, on ne voit rien changer. Le statu quo persiste, la situation a même empiré », décrit-il. Selon lui, rien n'a été réalisé, sauf davantage de pauvreté, de chômage, de sous-développement et d'inégalités entre les régions. Avec, bien entendu, le même modèle social et économique, pourtant devenu caduc. Le tout dans une tendance capitaliste sauvage et une économie de marché soumise au diktat du FMI. Majoration salariale, une légitime revendication Et le secrétaire général de s'en tenir à l'essentiel : « La majoration salariale est un mérite et non pas une faveur », déclame-t-il, sur un ton aigu. Une « légitime » revendication que le gouvernement n'a pas prévue dans le budget 2019, faisant fi du principe du dialogue social. « L'actuelle loi de finances est injuste, taillée sur des visées électoralistes, prenant ainsi partie pour des lobbies et des cercles de décision internationaux, aux dépens de notre souveraineté et de l'intérêt supérieur du pays », révèle-t-il. Une loi qui ne fait qu'appauvrir encore plus les catégories les plus démunies. A cela s'ajoute la récession économique visiblement ressentie dont les indicateurs (dévaluation du dinar, inflation, balance commerciale déficitaire…) sont des révélateurs déterminants. Evoquant le double assassinat Belaïd et Brahmi, Taboubi a demandé à ce que le réseau des renseignements secret, accusé d'y être impliqué, soit révélé. « On ne veut que la vérité dans l'Etat de droit et des institutions », a-t-il encore insisté, dans la foulée des cris et des slogans hostiles au président d'Ennahdha, Rached Ghannouchi. Face aux tergiversations du gouvernement et à son déni quant aux conventions signées avec l'Ugtt, malgré la flambée des prix et l'érosion du pouvoir d'achat du citoyen, il ne reste à l'organisation ouvrière que le recours à la grève générale, jusque-là maintenue. « Le cas échéant, nous serons contraints d'opter pour d'autres formes de pression plus graves. L'escalade, en quelque sorte », menace-t-il. Et de rappeler, en passant, que l'Ugtt a réussi à résoudre tant de dossiers en suspens dont les diplômés fichés par la police, l'intégration définitive des ouvriers de chantier après 2010, le recrutement des enseignants suppléants, l'homologation des diplômes, ajoutant que l'Ugtt a toujours été aux côtés des ayants droit et des plus vulnérables. Et la révolution continue, souligne-t-il. Avant de conclure, Noureddine Taboubi n'a pas oublié de réitérer son soutien constant et sans condition aux causes arabes et à leur tête la cause palestinienne.